Après un 1942 déjà très joliment réactualisé sur le Live, au tour d’un autre monument du jeu 8 bits, Bionic Commando Rearmed, de connaître les joies du lifting vidéoludique. Pour ce faire, Capcom, le détenteur de la licence, a fait appel à Grin, des développeurs suédois qui ne possédaient à leur actif qu’une poignée de jeux PC (mais pas de moindres : les adaptations de Tom Clancy´s Ghost Recon : Advanced Warfighter 1 & 2 notamment) On peut dire qu’ils ont eu le nez creux car pour un coup d’essai sur console, c’est un coup de maître…
Bionic Commando Rearmed est un peu au jeu vidéo ce qu’a été Psychose de Gus Van Sant au cinéma : une manière de faire redécouvrir un grand classique à une nouvelle génération de joueurs qui n’auraient pas connu la grande époque et seraient rebutés par une esthétique désormais datée. Car le but avoué de Capcom et de Grin pour ce remake est clairement de reprendre les mêmes éléments, pratiquement au pixel près, et de ne changer que les graphismes pour les remettre au goût de 2008.De ce côté-là, c’est une vraie réussite : le jeu est indéniablement beau, même si le choix des couleurs peut être sujet à discussion. Et encore, il s’agit là des teintes initialement utilisées dans le jeu original. Le mot d’ordre est donc respect. Ceci dit, les Suédois ont tout de même ajouté tout un tas de petits bonus sympathiques à destination des fans. Ainsi, tous les artworks 2D sont signés Shinkiro, un artiste ayant travaillé initialement chez SNK (les artworks des King of Fighters, c’était lui !) avant d’arriver chez Capcom. Au niveau des ajouts, des cinématiques à l’humour dévastateur (il suffit de s’essayer à la démo pour en avoir un bon aperçu) précèdent les combats contre les boss et une véritable encyclopédie Bionic Commando se débloque au fur et à mesure que le joueur avance. Bref, le fan service à son meilleur niveau, même si on regrettera que le coop n’existe qu’en local et pas en Live. Un manquement regrettable, particulièrement pour un jeu XBLA.
Enfin, Bionic Commando Rearmed respecte également le matériau de base jusque dans sa difficulté d’origine. Car s’il a visuellement tout du jeu bien dans son époque, la difficulté, elle, est carrément d’un autre âge. Exigeante, intransigeante, abusée, réglée au pixel (ou plutôt, devrais-je dire, au polygone) près, elle ne laisse que peu de marge aux joueurs approximatifs. Les sauts sont à calculer au dixième de seconde et il suffit parfois d’un instant d’inattention pour finir à l’eau. La rigidité des commandes, héritée de l’époque 8 bits, n’est pas non plus étrangère à cet état de fait et on préférera donc largement jouer à la croix plutôt qu’au stick analogique. Heureusement, les programmeurs n’étant pas totalement vaches non plus, ils ont intégré quatre niveaux de difficulté différents, trois étant disponibles dès le départ et le plus faible étant tout à fait accessible aux joueurs moins acharnés que la moyenne. Mais soyons réalistes : les joueurs qui achètent Bionic Commando Rearmed savent sans doute à quoi s’attendre et ne recherchent probablement pas la facilité. Et ils vont être servis car au niveau des bonus majeurs, on trouve une soixantaine de défis dans le maniement du grappin à réaliser. Si les premiers sont relativement faisables, les derniers sont à s’arracher les cheveux et seuls les acharnés du pad en verront au bout. Il suffit de jeter un œil aux classements mondiaux pour voir que même les meilleurs ont retenté plus de 200 fois certaines épreuves. Autant dire que si vous souhaitez obtenir tous les succès de Bionic Commando Rearmed, attendez-vous à passer des nuits blanches dessus.