Bizarre règle ses comptes avec Microsoft et la Xbox 360
La cassure daterait de la fin du développement de Project Gotham Racing 4, d’après Martyn et Sarah Chudley, respectivement directeur créatif et directrice marketing chez Bizarre.
"Je n’ai pas envie de de pourrir Microsoft, explique Martyn, mais nous avons quand même travaillé sur PGR 4 pour eux, et je pense que c’était le meilleur Project Gotham que nous ayons réalisé, le plus maîtrisé (ndlr : Xbox-Mag, plutôt d’accord avec Chudley, avait sanctionné ce très bon jeu d’un 18 à sa sortie). Mais à la fin de ce projet, ils voulaient qu’on le sorte plus tôt en supprimant six semaines de développement. Mais avec la façon dont nous travaillons, nos jeux sont tout sauf terminés à six semaines de la deadline. Par conséquent nous avons dû prendre notre courage à deux mains et faire valoir notre contrat auprès de Microsoft en disant que nous livrerions le jeu à la date prévue, pas avant, pas après, parce que nous n’allions pas compromettre notre travail et la qualité du produit final. Ils n’ont pas réalisé combien la situation aurait été désastreuse si nous avions juste obéi."
Après cette mauvaise expérience, Bizarre, déjà proche d’Activision, s’est laissé séduire par l’idée d’un rachat par un éditeur très demandeur d’une bonne licence de jeu de voiture.
"[Microsoft] devenait corporate et coincé, à cause de la montée en puissance de Sony," estime Chudley.
Bizarre déplore également que Microsoft ait favorisé l’autre jeu de course de son portfolio, c’est-à-dire Forza 2, de Turn 10.
Sarah : "Ils étaient principalement concentrés sur l’équipe de Forza."
Martyn : "Et à nos dépens. Ils ont sorti le pack console + Forza. C’était décevant, parce que les gars avaient tellement bossé sur PGR 4. Le jeu n’a pas eu l’exposition et l’effort marketing qu’il méritait. Il a reçu un excellent accueil critique, mais ne s’est pas vendu aussi bien que d’autres projets."
Il est vrai qu’à la fin de l’année 2007, PGR 4, pourtant titre phare sur Xbox 360 de par sa qualité, n’a pas été très soutenu par Microsoft. Cete rupture, et des perspectives financières compliquées, ont poussé Bizarre à accepter l’offre d’Activision.
"Si nous avions été chez EA, nous aurions été assimilés, nous nous serions appelés EA North ou quelque chose de ce style. Et on aurait dû adopter leur culture, mais on garde la nôtre [avec Activision] et la façon dont on fait nos jeux, bons ou mauvais."
Des propos qui pourront sans doute susciter des critiques, étant donné la nouvelle politique plus libre d’EA (on ne peut pas vraiment dire que Bioware, par exemple, ait dû adopter la culture de l’éditeur américain).
Concernant Microsoft, ce n’est pas la première fois que des critiques émanent des studios partenaires du groupe. On se rappelle du départ de Bungie ou de la fermeture récente d‘Ensemble. Pourtant, certains, comme Peter Molyneux ou Remedy, qui bénéficie de tout le temps qu’il faut pour son Alan Wake, n’ont, eux, rien à redire. Visiblement, Redmond ne traite pas tous ses partenaires sur un pied d’égalité.
"Je peins un tableau un peu sombre, nous avions de très bons rapports la majeure partie du temps [avec Microsoft]. Mais ils avaient toujours d’autres plans en tête, le principal étant de vendre la Xbox," conclut Chudley.