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Call of Duty 3 : En marche vers Paris

FPS | Edité par Activision | Développé par Treyarch

6/10
360 : 10 novembre 2006
04.12.2006 à 20h26 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Call of Duty 3 : En marche vers Paris sur Xbox 360

Alors qu'on venait à peine de découvrir le chapitre deux, Call of Duty 3 est arrivé, moins d'un an après son prédécesseur. Trop tôt, sans doute, diront certains. Développé sur consoles non plus par Infinity Ward, mais par Treyarch, En marche vers Paris n'est en rien une révolution dans la série des CoD. Il tente plutôt de s'appuyer au maximum sur les forces du précédent épisode en saupoudrant le tout de petites nouveautés. Une formule qui ne s'avère pas nécessairement mauvaise, d'autant qu'elle fait valoir un lifting technique et un multijoueur toujours aussi convaincant. Oui, mais voilà, en solo, la sauce a de plus en plus de mal à prendre en dépit d'une atmosphère plus prégnante que jamais.

Et ça repart comme en 40 !

Un des seuls aspects positifs de la Seconde Guerre mondiale, c’est qu’elle offre une infinie source d’inspiration aux game designers. Enfin, positifs… Si l’on veut. En fait, il arrivera bien un moment où le conflit ne pourra plus être exploité comme il l’est aujourd’hui sans qu’une certaine redondance ne se fasse sentir. Quand Call of Duty 2 avait pris le parti de survoler de grandes batailles de la SGM, En marche vers Paris se concentre sur la bataille de Normandie, suite de combats voyant les alliés prendre peu à peu le dessus sur les forces allemandes en France, depuis l’opération Overlord (le débarquement n’est cependant pas présent dans le jeu) jusqu’à l’attaque de la poche de résistance de Chambois, laquelle permettra de marcher sereinement sur Paris (d’où le titre). Comme d’habitude dans Call of Duty, le scénario, somme toute banal, met en scène plusieurs soldats anonymes qui ne pipent mot de toute l’aventure. Cependant, cette fois-ci, un soin particulier a été apporté aux cut-scenes et aux événements du script, encore plus cinématographiques qu’avant. Les intervenants sont un peu plus charismatiques et apportent un soupçon de substance à une série qui en avait bien besoin. Le tout est agrémenté d’une bande-son martiale très réussie (mention particulière à la musique de l’écran titre, on se croirait vraiment au ciné) et d’un doublage VF correct, coupable cependant de problèmes de son assez grossiers.

Boum boum, un fond de commerce

La musique et les personnages au caractère bien trempé ne sont que quelques unes des composantes du plan de Treyarch, dont le but avoué est d’en mettre plein la vue au joueur. Encore plus scripté qu’avant, Call of Duty 3 tire parti de la puissance mieux maîtrisée de la Xbox 360 pour faire dans la débauche d’effets en tous genres. Les combats, particulièrement spectaculaires, donnent lieu à un feu d’artifice de cris, bruitages et explosions diverses. On constate avec plaisir que non seulement les graphismes ont été visiblement améliorés, tant sur les décors (la végétation en particulier, très bien modélisée et animée) que concernant les personnages (notamment avec des visages bien modélisés quoi que peu expressifs parfois), mais aussi que le titre s’est enfin doté d’un semblant de moteur physique. Certes, il n’est pas des plus performants, avec des réactions assez différentes selon les objets et un rag doll encore relativement mal négocié, mais il participe à l’impression que les décors sont moins figés. En bonne voie, donc, mais peut encore mieux faire. N’est pas Half-Life qui veut.

On ne va pas se plaindre d’avoir droit à du grand spectacle. Néanmoins, Les ficelles utilisées pour garder le joueur captivé paraissent parfois un peu trop grosses. Les niveaux sont ainsi saucissonnés en sections fermées qu’il faut souvent vider de tous ses ennemis pour pouvoir passer à la suite. Très guidé, le parcours du mode solo peut lasser rapidement, car on a souvent l’impression de faire la même chose dans des décors qui se ressemblent, contexte oblige (sans vouloir faire offense à la fabuleuse architecture normande).

Le poids des nouveautés, le choc du déjà-vu

Côté gameplay, Call of Duty 3 reste dans la filière de la série : un jeu de gagne-terrain consistant soit à progresser dans les lignes ennemies, soit à défendre certains points-clés. Une nouvelle fois, des stratagèmes – un peu trop visibles – sont employés, comme l’apparition infinie des soldats adverses quand l’on se contente de tirer sans avancer sur leurs positions. De même, on remarque que les tirs des ennemis se concentrent essentiellement sur le joueur quand les affrontements IA contre IA s’avèrent, eux, assez mous, pour ne pas dire inexistants. En règle générale, l’intelligence artificielle se montre rigide, avec peu de mouvements et d’initiatives. Certains éclairs de lucidité, comme le renvoi des grenades (que le joueur peut enfin renvoyer lui-même d’ailleurs, par une manip peu évidente à exécuter rapidement), dissimulent mal un niveau global franchement moyen qui ne semble pas avoir évolué depuis Call of Duty 2.

Pour tenter d’enrayer une routine qui ne tarde pas à s’installer, les développeurs ont pioché dans plusieurs idées déjà maintes fois employées dans le jeu vidéo. Des phases de conduite de jeep par exemple, qui changent des classiques niveaux en tank, sans pour autant atteindre des sommets, en l’absence de réel dynamisme. Des mini-jeux à base de Quick Time Event ont aussi fait leur apparition. Ils interviennent lorsqu’il faut actionner une commande ou amorcer une charge explosive, mais aussi lors de tout nouveaux combats rapprochés scriptés. Ce sont ces derniers qui utilisent le mieux les QTE, car ils reproduisent, par le biais d’un martèlement des gâchettes, l’acharnement propre à ce genre d’affrontement. Qui plus est, quelques uns d’entre eux comportent une réelle mise en scène, ce qui donne plus de sens aux actions à accomplir.

Au cours de la progression, on se heurte à des niveaux particulièrement ardus à réussir, en particulier si on a sélectionné les deux niveaux de difficulté les plus élevés. Ces derniers rendent le personnage joué très sensible aux tirs et mettent parfois au supplice. Il arrive de recommencer un trentaine de fois un même passage pour une raison évidente mais non maîtrisable (une pose de bombe sous le feu ennemi par exemple), ce qui peut soumettre les nerfs à rude épreuve. Les points de contrôle, répartis curieusement, n’aident pas et ne peuvent pas être chargés dans une difficulté inférieure. Pour pouvoir baisser le niveau d’un cran, il faut recharger du début du chapitre en cours, avec, souvent, une longue vidéo qu’il est impossible de passer.

Avec nous, tu te sentiras moins seul, soldat !

Call of Duty 3 est un des seuls jeux Xbox 360 à être jouable à quatre sur le même écran. Bon, évidemment c’est justement INjouable sur la plupart des télés existantes, mais ça a le mérite d’être là. On préfèrera se rabattre sur le mode Xbox Live, qui bénéficie de l’expérience douloureuse de celui de Call of Duty 2 (qui a mis très longtemps avant de concrétiser, à force de patchs, son gros potentiel). Les types de parties sont classiques (Deathmatch, Team Deathmatch, territoires, capture du drapeau) mais les cartes sont immenses, bien conçues et peuvent accueillir plus de 20 joueurs. La présence de véhicules et denombreuses classes de combattants à choisir donne un intérêt supplémentaire à l’ensemble, véritablement plaisant. Certaines difficultés sont néanmoins à noter en ce qui concerne la connexion aux parties classées, à l’instar du cas Gears of War. De même, des bugs divers interviennent, pas nécessairement généralisés selon les divers retours des joueurs. Des patchs devraient sans doute arriver bientôt.

Call of Duty 3, en conservant le squelette de son prédécesseur tout en essayant de parfaire sa recette, met en exergue les faiblesses de la série, qui mise trop sur le spectaculaire au détriment du fond de jeu. Attention, le soft de Treyarch n'est pas mauvais. Son atmosphère prenante et surtout son mode multijoueur en font un titre digne d'intérêt pour l'amateur de FPS, surtout celui qui n'a pas joué à Call of Duty 2. Pourtant, on a la sensation que la licence est plus sur une pente descendante qu'ascendante, et le renouveau passera sans doute par une grosse remise en question de ses fondamentaux. A méditer.

+

  • Classique mais solide
  • Un bon mode multijoueur
  • Les combats en QTE
  • Petites retouches techniques non négligeables
  • Un des titres les plus spectaculaires du marché

-

    • Un gameplay qui accuse un sérieux problème de fond
    • Les ficelles du show se voient un peu trop
    • Parfois frustrant
    • Quelques éléments online à corriger
    • IA toujours aussi rigide