Test : Halo 3 sur Xbox 360
Finish the Fight
Nous, les fans Xbox de la première heure, nous entretenons tous, ou presque, un rapport particulier avec Halo, jeu qui a marqué toute une génération de joueurs. C’est donc toujours un peu spécial de reprendre le contrôle du Master Chief, le héros qui nous a tant fait vibrer lors des débuts de la grosse console de Microsoft en 2001. Pour Bungie, et même si la machine a changé, le problème reste le même. Après avoir touché du doigt l’excellence, du premier coup, comment assumer le poids de sa propre création, comment réussir à faire mieux ? La tentative Halo 2, solide, n’avait pas été concluante, pour des raisons qui ont été suffisamment disséquées jusqu’à aujourd’hui. Halo 3 a été abordé différemment. Bungie voulait revenir à un rythme de gameplay plus proche de celui de Combat Evolved tout en conservant ses enrichissements progressifs, fruits de 6 années de travail. Une espèce de retour aux sources évolutif en quelque sorte, expression imbitable mais en accord avec l’ambition des américains. Après avoir parcouru la campagne ayant la lourde tâche de clore la trilogie plus ou moins improvisée des Halo, et l’avoir comparée à ses deux aînées, l’heure est venue de tirer les premières conclusions, qui n’auront de toute façon que peu de retentissements dans le succès du jeu.
Campagne… Champagne ?
D’abord, pour débuter en douceur, il apparaît que la puissance de la 360 a été mise à contributionafin deretrouver les environnements immenses caractéristiques de la saga,et l’effort est appréciable. Néanmoins, le soft, d’un point de vue purement technique, aurait pu être plus léché. Bungie paye ici le fait de toujours se baser sur le même moteur depuis Combat Evolved. Les animations des personnages, leur modélisation et celle de certains décors souffrent d’une certaine obsolescence, heureusement compensée par une débauche d’effets graphiques plus convaincants et une direction artistique aux solides acquis. Cependant, au vu du reste de la ludothèque 360 actuelle,le soft censé représenter au mieux la console aurait pu, aurait dû faire plus.
Le cœur de la critique qu’on peut adresser à la campagne de Halo 3 ne tient néanmoins pas à cela, pas plus qu’à son gameplay pur, qui se révèle intrinsèquement meilleur que celui de Halo 2. Les ajouts (grenades, véhicules) sont pour la plupart judicieux et l’alternance des phases à pied et en véhicules vient tout naturellement dans la progression. L’IA, si elle présente quelques faiblesses pardonnables, est toujours plaisante dans ses réactions et ses initiatives. Les contrôles sont toujours aussi efficaces, démontrant le savoir faire de Bungie. Si la plupart des FPS console actuels prennent modèle sur Halo, ce n’est pas par hasard.
On en oublierait presque le reste. Et c’est là que le bilan est beaucoup plus contrasté. Le problème, c’est qu’une nouvelle fois, l’histoire de Halo 3 manque de rythme, de cohérence et de peps. Si Bungie a apparemment tiré quelques leçons de Halo 2, le scénario, l’histoire, la mise en scène n’en font pas partie. On retrouve malheureusement la même construction maladroite, le manque de liant entre les scènes et l’imprécision des instructions caractéristiques de l’épisode précédent, ce qui porte bien entendu préjudice à l’immersion générale, et donc à toute une partie de l’intérêt du jeu. Un jeu qui se basait énormément là-dessus à ses débuts. Alors bien sûr, il y a toujours les magnifiques musiques de Marty O’Donnell, mais même de ce côté, la plupart des morceaux marquants sont en fait des mélodies de Halo 1 et 2 revisitées. Les doublages français, de qualité médiocre et présentant certaines erreurs difficilement admissibles pour un titre de cette envergure, n’aident pas non plus à pardonner les errances du script, et comme il est impossible d’accéder aux voix anglaises, on est obligé de s’en contenter.
Le fait est que Bungie a sans doute voulu en faire trop, trop vite. Les histoires d’alliances, de Forerunners, de Fossoyeur, de réseau de Halos, d’Arche, de défense de la Terre, c’est très beau, mais c’est visiblement beaucoup trop pour être correctement développé en deux jeux se finissant en huit heures chrono. Car en effet, Halo 3 se finit vite, trop vite sans doute, mais c’est moins la durée de vie que la construction bancale de la narration qu’on a envie de critiquer et, forcément, de regretter. Une bonne dose de passion, de panache, c’est ce qui manque désespérément à Halo 3. Tout le contraire de Combat Evolved, qui était un modèle de scénario simple mais efficace, sans artifices ni grandiloquence. Une formule dont Bungie tarde à retrouver la recette.
Le mode solo souffre également d’un level-design trop dépendant du passé dela série, dans le sens où il n’a pas su se renouveler. La plupart des lieux visités seront donc déjà connus pour ceux qui auront joué aux deux premiers opus. Cet élément participe à l’impression de ne pas bien savoir ce qu’il faut faire, pourquoi et de quelle façon. Dans Halo 3, le joueur n’est tout simplement pas suffisamment motivé, interpellé par le jeu, et cela entraîne une certaine torpeur, un manque d’investissement qui se retrouve malheureusement dans bon nombre de jeux vidéos de second plan. Heureusement, son fond de jeu sauve Halo3 de cette catégorie.
Big, bigTeam Battle
A tout malheur quelque chose est bon comme on dit, et une fois les déceptions campagnardes passées, on pourra se consoler en se disant qu’on possède avec Halo 3 un des FPS les plus complets existants sur le marché. La campagne, si elle ne remplit pas complètement son contrat en solo, se révèle bien adaptée aux divers coops, à deux, trois ou quatre, même si les pauvres IA ont bien du mal à contrer les assauts de trios ou quatuors furieux. Légendaire vivement conseillé, mais bons moments assurés.
Mais il faut bien se dire aussi que Halo, depuis le deux, est une valeur sûre du multijoueur online, avec un gameplay accessible et efficace. A cela, Halo 3 ajoute encore plus d’options, de paramètres, bref, tout un tas d’à-côtés pour vivre au mieux l’expérience multi. Avec les nouveaux modes Forge (éditeur de niveau) et Cinéma (enregistrement de toutes ses parties, photos, partages de fichiers), on est en droit de s’estimer satisfait de l’offre. Certes, le nombre de cartes n’est pas mirobolant, mais il sera prochainement augmenté, soyons en sûrs, et puis lepanel d’options, et donc de modes potentiels, a été revu à la hausse. L’éditeur de niveau n’est pas au niveau de ce qui se fait sur PC, mais il permet d’encore un peu plus se lâcher dans la conception de parties originales, et c’est un bon point de plus.
Sauf à être réfractaire au feeling de la jouabilité Halo, difficile donc de trouver à redire au multijoueur. Il présente une interface quasi-parfaite, couplée à des capacités communautaires dispensables mais tellement pratiques, principalement le partage de vidéos et de modes de jeu en ligne. Halo 3 a tout pour devenir très durablement le titre le plus populaire sur le Xbox Live, et il ne l’aura sans doute pas volé. Dommage qu’il soit si inégal par ailleurs.
+
- Toujours la meilleure jouabilité FPS sur console
- Marty O’Donnell et ses musiques mériteraient une statue
- Accessible et profond à la fois
- Campagne plus inspirée que celle de Halo 2
- Multijoueur référence
- Coopératifs de feu
-
- Multijoueur un peu chiche en cartes
- VF incompatible avec le standing de la série
- Techniquement trop inégal pour de la 360
- Level-design pas suffisamment novateur
- Campagne menée mollement : où est passée la maîtrise de Combat Evolved ?
- Solo court, mais surtout pas assez prenant. Besoin de se renouveler ?