Test : Simulacra sur Xbox One
Insta 3 grammes
Voilà comment se passent les premières minutes de contact avec Simulacra, juste après que l’on nous a prévenu qu’il est préférable pour l’immersion de jouer avec un casque. On valide. De notre côté, on a envie de vous dire de vérifier aussi votre niveau de compréhension (notamment écrite) de la langue des mangeurs de gelée à la menthe, Simulacra étant seulement et intégralement disponible en anglais. On n’est pas dans de l’usage universitaire mais tout de même, un petit niveau lycée correct est conseillé pour profiter de l’aventure. C’est que vous allez en avaler du texte ! Tout cela dans un jeu sombre, inquiétant, horrifique (mais pas du tout au sens visuel), qui prend comme seul et unique cadre le téléphone portable d’une certaine Anna.
Vous êtes… Vous, un illustre inconnu qui a donc en sa possession le précieux comme dirait l’autre. Après un heureux -quoi que douteux- déblocage du code d’accès au smartphone, vous ne tardez pas à découvrir un message vidéo d’Anna. Elle est effrayée, aux abois, semble en danger mais demande une chose : de ne pas chercher à l’aider. Et qu’est-ce qu’on fait lorsqu’une princesse en détresse nous avertit d’un grand danger ? On fonce dedans pardi ! A l’issue de ce message, les chose embrayent rapidement et vous prenez contact tour à tour avec Greg, le petit copain un poil bougon, puis la maman, la BFF Ashley ; mais aussi Tyler, un blagueur rencontré sur Tinder. Enfin pour être précis, l’application se nomme ici Spark, tout comme Jabbr qui prend habillement la place de Tweeter. En fouillant là-dedans, puis dans les mails, les messages, le navigateur web et même la galerie photo bien fournie, vous recollez peu à peu les morceaux qui vous mèneront peut-être jusqu’à Anna.
Durant les quelques trois heures -voire un peu plus si vous êtes du genre à tout remuer- que dure l’aventure Simulacra, sachant par ailleurs que plusieurs fins sont disponibles, plusieurs sentiments se côtoient et ont comme point commun d’être très positifs. Simulacra est tout simplement un super jeu. La formule est facile, un peu niaise je vous l’accorde, mais il n’y a pas plus clair pour qualifier l’expérience proposée par Kaigan Games. L’histoire de la disparition d’Anna, posée sur des bases simples en apparence, se développe de façon intelligente, prend des tas de directions parfois opposées, s’amuse à ouvrir des pistes et à en fermer d’autres au gré des recherches, des conversations et des personnalités campées par les personnages secondaires. Vous n’aurez que peu ou pas l’occasion de les voir, l’essentiel se passant pas SMS ou au travers des photos stockées dans le téléphone, mais tous s’imposent brillamment dans l’intrigue et apportent leur pierre à l’édifice. Lorsqu’ils apparaissent à l’écran dans des petites vidéos (Anna et un personnage secondaire notamment), leur jeu d’acteur est correct, tout à fait à propos pour un jeu à tendance FMV.
Mais c’est surtout dans ses mécaniques de jeu que Simulacra se révèle tout à fait bluffant. Pour le coup, on regretterait presque de ne pas l’avoir découvert avant sur IOS/Android où il officie déjà. Du système de messagerie/mail dont il faut retrouver les codes d’accès en fouillant le téléphone, aux applications type Twitter/Tinder avec lesquelles on peut interagir même quand cela n’a aucune utilité (éditer un profil, commenter un post), on s’y croirait. En plus de quelques puzzles où il est question de remettre en ordre des images ou des morceaux de textes corrompus, le jeu va également vous inciter à chercher des informations dans les posts Jabbr, dans les anciens messages, voire vous envoyer sur le navigateur web procéder à quelques recherches. Parfois, on a même droit à quelques coups de fil mais comme il nous est impossible de répondre, le jeu parvient à gruger habillement les règles pour que tout paraisse se passer le plus naturellement du monde. Tout cela contribue à donner à Simulacra une ambiance très réussie, prenante, inquiétante sans jamais faire un quelconque étalage de violence visuelle.
Jeu sur console oblige, on a donc droit à un affichage qui occupe moins de la moitié de l’écran, mais on pardonne cette restriction. On a en revanche été un peu plus gêné par l’utilisation du clavier qui ne prévoit aucune saisie prédictive et surtout pas de raccourcis pour effacer ou créer un espace. En bon joueur Xbox One, on a eu tendance à écrire comme sur le clavier de la console, ce qui a pour effet lorsque vous appuyez sur X de renvoyer au menu principal du « téléphone ». Il faut alors tout recommencer à taper. C’est un coup à prendre mais croyez-le, même arrivé à la fin du jeu, les mauvaises habitudes subsistaient parfois. Enfin, si l’on devait évoquer un autre point négatif du jeu, quoi que relativement acceptable, on dirait que l’on aurait aimé pouvoir disposer d’un peu plus de marge de manœuvre quant aux réponses possibles aux messages. Parfois, on se sent vraiment dans le jeu avec l’opportunité de se montrer à l’écoute ou alors complètement condescendant ; d’autres fois, on a l’impression d’être forcé d’adopter une certaine posture. Dans tous les cas, voilà un ultime conseil : faites très attention à ce que vous répondrez aux personnages secondaires. Les choix ont vraiment leur importance.
+
- Cadre intéressant…
- … Et brillamment exploité
- On croirait fouiller un vrai téléphone
- Très bonne durée de vie pour le genre
- L’histoire est prenante, bien menée
- Ambiance sonore discrète mais réussie
-
- Clavier virtuel un peu lourd à utiliser avec une manette
- On aurait aimé un peu plus de choix dans les réponses à donner
- 100% en anglais