Jeux

Spintires : MudRunner

Simulation | Edité par Focus Entertainment | Développé par Saber Interactive

8/10
One : 31 October 2017
01.11.2017 à 00h42 par - Rédacteur

Test : Spintires : MudRunner sur Xbox One

On dirait que ça te gênes pas de rouler dans la boue

Version gonflée et améliorée de la simulation déjà disponible sur PC, Spintires : Mudrunner pose aujourd’hui ses roues dans la gadoue de la Xbox One. Dans le sillage des très plébiscités Eurotruck et autres Farming Simulator, Mudrunner a choisi lui de se faire un nom dans le cœur de cette famille singulière d’une façon bien simple : en mettant la gomme sur les sensations. En résulte un titre aussi surprenant qu’assurément accrocheur.

Votre rêve de gamin c’est de jouer dans la boue avec un camion ? Vous êtes aussi nostalgique de la Russie quand elle était l’URSS ? Vous trouvez l’addition quand même bizarre et avez du mal à en parler ? Pas de soucis, Mudrunner non plus ne se fatigue pas à essayer de justifier le pourquoi de ce qu’il fait. Comme les nombreuses, très nombreuses heures de jeu que l’on est sur le point de passer dans le froid de la Sibérie au volant de la vingtaine de camions disponibles. Il n’y a qu’une chose à savoir : la mission consiste à livrer une certaine quantité de bois dans les quelques scieries présentes sur la carte. Voilà. Simple non ? Maintenant, l’important est de découvrir comment. Passé un petit didacticiel permettant de se familiariser avec la conduite, le titre invite à mettre de côté un instant le solo pour s’essayer à quelques défis. Au nombre de neuf, ils représentent l’opportunité parfaite d’aller un peu plus loin dans les mécaniques de jeu, avant le grand bain. Spintires_MudRunner-03

Mudrunner le bien nommé offre ce grand moment d’immersion, ce baptême au sens propre dans les eaux boueuses de l’une des six cartes disponibles. Cela peut sembler peu, mais prudence avec les apparences. D’abord parce que les terrains proposés se différencient nettement les uns des autres, en mettant plus ou moins en exergue l’eau, la végétation ou encore le relief pour proposer une expérience vraiment différente à chaque fois. Mais c’est surtout l’essence même du gameplay de Mudrunner qui fait que la sélection de cartes nous apparaît rapidement bien plus que satisfaisante. Le titre de Saber Interactive est une simulation pure et dure. Pas question de divaguer dans les bois, de couper par la lande à toute vitesse ; les camions pèsent leur poids et c’est tout en finesse que le chauffeur se doit de remplir ses objectifs. Et vous imaginez bien que les développeurs ont pris un malin plaisir à placer aux points les plus distants les lieux de collecte du bois et les scieries où les déposer. En somme, prévoyez du temps pour profiter de Mudrunner : chaque mission dépasse allègrement l’heure de jeu.

« Il y a dans Mudrunner un véritable aspect stratégique au moins aussi important que la conduite elle-même »

C’est qu’ils avancent forcément lentement, ces braves camions. On débute d’ailleurs avec des véhicules lents mais robustes et assez maniables. Par la suite, soit en les trouvant sur la carte (cela permet de les utiliser immédiatement) soit en les débloquant définitivement par l’achèvement de missions, de véritables machines de guerre comme le D-535, avec son esthétique « so Soviet » et ses huit roues, permettent de faire le job en puissance. Mais attention, car même en mode facile, les camions sont de véritables gouffres à carburant et ne résisteront pas forcément à n’importe quel choc, même minime en apparence. Il faut alors tout calculer : la présence de stations de ravitaillement, de garages à débloquer ; on peut aussi faire le choix d’embarquer du matériel de réparation ou du carburant, mais cela prend alors la place du matériel requis pour transporter plus de bois. Au pire, on peut toujours prendre le volant d’un 4*4 et s’empresser d’apporter de quoi tirer quelques kilomètres de plus (en n’oubliant pas au passage de visiter quelques points de vue, synonymes d’une partie de la carte dévoilée). Il y a dans Mudrunner un véritable aspect stratégique au moins aussi important que la conduite elle-même.

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Malgré tout, c’est bien avec les mains cramponnées au volant que Mudrunner dévoile ses plus grandes qualités. Le travail sur la physique des terrains est une franche réussite, encore plus lorsqu’il est question de boue. On est impressionné par le nombre de variations dans la réaction du camion selon le type de boue rencontré : mouillé, un peu mouillé, beaucoup… Avec des flaques d’eau qui sont parfois des pièges fatals par leur profondeur, rouler dans la boue est une épreuve sans cesse renouvelée. Certains passages se font au poil de menton, le camion se penche dangereusement, jusqu’à parfois se renverser. Les pierres, le bois, les montées, les descentes sont autant de choses parfaitement gérées par Mudrunner pour des sensations clairement au rendez-vous. A charge au joueur d’appréhender le blocage du différentiel, le passage ou non vers la transmission intégrale ; les acharnés peuvent même contrôler le levier de vitesse avec le stick droit. Si le mode facile permet de charger automatiquement la remorque, en simulation il faut en revanche jouer avec une grue pour placer ses rondins. Autant dire qu’il faut savoir être patient et appliqué. Tout est de toute façon affaire de précision, que ce soit pour traverser une rivière, utiliser le treuil sur un arbre pour avancer plus rapidement… Ou tout simplement rouler sur un petit kilomètre sans encombre. Il est dès lors plus que vital d’appréhender le contrôle de la caméra. Réglée par défaut sur le côté gauche ou au niveau de la remorque, la caméra est entièrement libre et il faut un bon moment avant d’arriver à la maitriser, sans pour autant parvenir toujours à avoir le point de vue parfait. A noter la présence d’une vue de cockpit, étonnamment dépouillée et difficilement utilisable en permanence en l’absence de vrais rétroviseurs.

« En résumé, Mudrunner est un jeu pour les durs, les patients, ceux qui peuvent aussi s’embêter avec quelques commandes peu intuitives (comme relâcher le treuil qui demande deux manipulations) pour le plaisir incomparable et ô combien original de cette virée en terres inconnues »

Reste que si tout cela est prenant en solitaire, il l’est encore plus à quatre en ligne. Sur les mêmes cartes et avec les mêmes objectifs, l’aspect stratégique du solo prend ici une tout autre dimension. Avec les bonnes personnes, on peut réellement mettre en place un vrai travail d’équipe, avec les uns pour le transport et les autres en soutient avec du carburant, des kits de réparations ou tout simplement un treuil, cette main tendue qui aide à sortir des situations parfois désespérées. On sent d’ailleurs que le titre a été pensé pour être joué à plusieurs, les parties étant du coup plus courtes et plus dynamiques. De quoi apporter un peu de vie dans cette Sibérie déserte (on ne croise même pas un animal), cœur d’une direction artistique lorgnant allégrement vers la l’âpreté, la rudesse de la Russie profonde. Quasiment pas de musique (juste quelques petits rifs endiablés à l’approche d’une livraison), principalement le bruit du moteur, plutôt bien rendu. Visuellement c’est gris, c’est froid mais cela colle parfaitement avec l’esprit de ce titre loin d’être désagréable à regarder, peut-être pas très détaillé mais néanmoins propre et fluide. On a par ailleurs droit à des dégâts apparents sur les véhicules avec de belles éraflures, de la tôle qui se froisse légèrement et parfois même un pare-chocs ou une vitre cassée. Ne vous attendez pas à quelque chose de très poussé mais comme dirait l’autre, ça fait la rue Michel. Enfin, on profite d’un cycle jour/nuit entremêlé de quelques rayons de soleil, puis d’un peu de brume réduisant le champ de vision… Jusqu’à ce que la nuit noire vienne vraiment nous compliquer la tâche. En résumé, Mudrunner est un jeu pour les durs, les patients, ceux qui peuvent aussi s’embêter avec quelques commandes peu intuitives (comme relâcher le treuil qui demande deux manipulations) pour le plaisir incomparable et ô combien original de cette virée en terres inconnues.

8/10
Une bien belle expérience que ce Spintires : Mudrunner. Dans la grisaille et l’austérité sibérienne, cette simulation de poids-lourd surprend par la précision et l’application avec laquelle elle entraine le joueur dans la boue probablement la plus réaliste qu’ait connu le jeu vidéo. Remplir ses missions demande effort et concentration, mais le plaisir de la réussite en vaut clairement la chandelle. Surtout quand on vient à expérimenter tout cela en ligne pour se rendre compte de la très grande efficacité de l’aspect coopératif de Mudrunner. Un titre de qualité donc, à réserver néanmoins aux joueurs patients et désireux de profiter de grands plaisirs… A petite vitesse.

+

  • 50 nuances de boue
  • Et globalement, une physique bien maitrisée
  • Conduite plaisante comme exigeante
  • Taillé pour la coopération
  • Tout de même très plaisant en solo
  • Aucun équivalent sur Xbox One

-

    • Gestion de la caméra délicate
    • Rythme forcément très lent
    • Quelques lourdeurs dans les commandes