Test : Styx : Shards of Darkness sur Xbox One
Il est malin ce gobelin
Malgré son statut de suite directe de Styx : Master of Shadows, que nous ne spoilerons pas, ce Styx : Shards of Darkness est accessible aux néophytes grâce à une séquence de tutoriel qui sert de présentation et de découverte de l’univers dépeint dans le jeu de Cyanide. Ici, point d’histoire de vengeance personnelle saupoudrée de mystère mais bien de la cupidité de Styx et de sa petite personne et donc en dehors de quelques références, n’importe qui peut comprendre l’entièreté des tenants et des aboutissements. Il faut dire que ce Shards of Darkness se montre un peu paresseux au niveau de l’histoire et Styx ne fera que réagir plutôt que d’agir et tout semble plat et très convenu au point de n’être qu’un prétexte aux retournements de situations inintéressants au point de ne pas lui accorder trop d’importance. La scène finale est d’ailleurs symptomatique avec une nouvelle révélation qui n’apporte rien et qui se termine par un rebondissement inutile qui sort de nulle part. Difficile de comprendre dès lors où Cyanide voulait en venir avec cette scène finale.
Mais passons ce détail qui n’aura pas d’importance pour certains tant ce Styx : Shards of Darkness surpasse en tout point Master of Shadows. En effet, la licence se veut être un jeu d’infiltration ‘Old School’ puisque le héros a bien intérêt de rester dans l’ombre et ne surtout pas se faire repérer. Cela n’a pas dû vous échapper : Styx est un gobelin et, comme vous pouvez l’imaginer, il n’est pas bien résistant - bien qu’il sache se défendre et une alerte est souvent synonyme de mise à mort. A moins de parvenir à vous échapper, ce qui n’est parfois pas une mince affaire. Alors que les jeux d’infiltrations proposent de plus en plus d’alternatives afin de la jouer action ou de s’en sortir après une détection, Cyanide reste dans sa volonté de nous faire jouer un être faible mais intelligent. Ne dit-on pas : «Il est malin comme un gobelin» ? Non effectivement, je l’invente mais c’est ce que Cyanide propose pour notre plus grand plaisir.
Donc, revenons à nos moutons en parlant précisément de ce qu’apporte Shards of Darkness. Tout d’abord, Styx gagne énormément en maniabilité, notre gobelin perd de sa lourdeur pour gagner en agilité et par conséquent en accessibilité. Ce n’est pas un point négligeable puisque c’est un réel plaisir de contrôler cette petite bestiole. En effet, il n’a jamais été aussi jouissif de s’infiltrer, d’assassiner ou de mener à bien sa mission et le tout sans jamais pester une seule fois contre le gameplay un peu lourdaud qu’était l’opus précédent. Cela ce ressent également dans les sauts qui sont bien plus maniables qu’avant même si le problème reste tout de même un peu présent, notamment lorsque nous décidons de sauter sur les cordes pour se viander magnifiquement dans le vide. Le problème reste présent et il faut tout de même le noter mais il est loin d’être aussi catastrophique que dans Master of Shadows, fort heureusement.
« Grâce à son level-design plus ouvert et le gain d’agilité de notre héros, Styx : Shards of Darkness surpasse en tout point Master of Shadows dans son plaisir de jeu »
Cette fluidité du mouvement permet de profiter au mieux des capacités de notre gobelin avec un level-design très inspiré notamment grâce à sa verticalité et surtout grâce à ses grands espaces. En effet, Styx s’infiltrera de nombreuses fois dans un monde ‘ouvert’ avec de nombreuses façons d’arriver à notre objectif alors que Master of Shadows proposait de nombreux lieux fermés et très étroits, ce qui compliquait la tache de Styx mais qui permettait également moins de liberté. Cette ouverture permet notamment une rejouabilité non négligeable et des missions secondaires qui peuvent rapporter gros puisque cette suite propose un arbre de compétence garni, qui permet notamment de choisir sa façon de jouer ainsi qu’un système de craft pour la création des objets. Forcément, nous sommes tentés de braver le danger pour récupérer un élément important histoire de pouvoir souffler un peu plus lors de la suite de notre aventure puisque Styx sera plus puissant. Notons également que Styx pourra créer un clone à distance via un cocon et cela s’avère notamment utile lors d’une énigme très importante, bien que pas vraiment compliqué. Shards of Darkness propose également un mode multijoueur en coopération avec la possibilité de rejoindre – ou de quitter – une partie sans déranger l’autre joueur et le tout en activant ou non la possibilité de la coopération. Le but est tout simple puisque le second joueur sera un Styx numéro 2 possédant la moitié de notre barre de vie et aucun des deux joueurs ne pourra parer une attaque. Pas forcément un handicap si vos actions sont coordonnées et réfléchies. Un ajout qui a le mérite d’exister et qui propose même une autre façon de concevoir notre approche et cela ne fait que renforcer une rejouabilité déjà loin d’être ridicule.
Du côté de l’aventure, nous allons voyager dans divers lieux (et même de revenir dans certains d’entre eux) en faisant face à différents types d’ennemis auxquels nous pouvons notamment ajouter, par rapport au premier opus, les nains qui sont capables de détecter Styx via son odeur et d’en faire de la bouillie via leurs puissants marteaux. Nous avons également droit à des boss, des ogres et aux habituels humains et elfes sans oublier les pièges mortels en tout genre. De ce côté, cette suite remplie totalement son rôle même si ce n’est clairement pas le cas de l’intelligence artificielle. Elle n’était pas déjà bien intelligente dans le premier opus mais ici l’ouverture des niveaux fait qu’elle devient bête et aveugle à certains moments en plus d’être vraiment très irrégulière. Nous avons fait de nombreuses expériences qui ont provoqué quelques belles tranches de rigolade quand un garde ne détecte pas Styx à un mètre, mais aussi quelques phases de frustration quand un garde pistait que trop bien Styx. Heureusement pour le joueur, la verticalité des niveaux est un atout non négligeable et permet très souvent de se jouer de la mauvaise vue des gardes même si forcément tout dépendra de votre façon de jouer et aussi du niveau de difficulté.
Visuellement parlant, Styx : Shards of Darkness est vraiment agréable grâce à une direction artistique inspirée qui proposent des panoramas bien plaisants et une modélisation de Styx parfaitement retranscrite. Forcément, malgré l’avancée graphique que propose l’Unreal Engine 4, le budget AA de Cyanide ne permet pas des folies au niveau des graphismes et les textures sont parfois très en retard. Mais il ne serait pas honnête de le comparer aux blockbusters au budget illimités et de le critiquer durement à ce niveau. Au niveau de la bande sonore, nous retrouvons de bons doublages dont la merveilleuse voix charismatique de Styx mais, malheureusement, nous ne n’avons pas l’honneur de profiter des voix françaises. Ce qui fait forcément tâche pour une production française. Du côté des musiques, nous notons qu’elles sont moins inspirées ou moins impactantes ; cela dépend du point de vue même si le thème du boss final fait plutôt bien le travail.
Pour finir, nous ne pouvions pas ne pas évoquer l’humour que dégage Shards of Darkness via son anti-héros. En effet, Styx avait quelques phrases bien pensées dans le premier opus mais dans cette suite il enchaîne le sarcasme et les punchlines et le tout en brisant le quatrième mur. Bien inspiré par la saga Batman : Arkham, Cyanide envoie Styx critiquer le joueur, l’amuser ou encore le questionner sur ses prétendus talents et le tout avec un humour bien pensé. Ajoutons à cela des multiples références à la popculture avec Terminator, Batman ou encore Assassin’s Creed, bref cela fait sourire et c’est parfaitement dans l’esprit et la personnalité de Styx.
+
- Level-Design aux petits oignons
- Gameplay plus riche et plus souple
- Agréable visuellement
- Bonne rejouabilité
- L'humour de Styx
- Un mode coopération
- VO de qualité
-
- Les sauts pas encore parfaits
- Des gardes aveugles et bêtes
- Histoire convenue et sans véritable fin
- Il manque une VF quand même