09.08.2011 à 14h17 par - Rédacteur |Source : Rédaction

Bastion

A chacun ses petites habitudes estivales et aux cotés du barbecue et de la plage trône désormais le Summer of Arcade. Ce rayon de soleil initié par Microsoft depuis quelques saisons gratifie le catalogue Xbox Live Arcade de jolies perles. Cette année, le titre qui avait l'honneur d'ouvrir le bal semble avoir les clés en mains pour s'imposer. Sous le soleil de l'été, nous partons pour un voyage dans un monde atypique avec l'espoir d'y trouver quelque chose de rafraichissant. Bastion sera-t-il notre oasis ?

Kid Paddle

Il y a des réveils plus difficiles que d’autres et celui du Kid au lancement de Bastion tient du pire des cauchemars. Dehors, la "Calamité" s’est occupée de ramener ce monde à son état sauvage. Car depuis qu’elle a frappé, ces terres ont quasiment toutes été débarrassées d’une quelconque présence amicale, accueillant plutôt de nouvelles familles de créatures hostiles. Mais en y regardant de plus près, un lieu apparait comme le dernier repaire de cette civilisation : le bastion. C’est pour s’y rendre que le Kid se prépare à braver le monde extérieur ; c’est pour y sceller l’avenir que le héros de Bastion va le protéger. Le postulat de départ est simple mais le titre de Supergiant Games va le faire évoluer d’une manière fort intéressante. Bastion est un conte et quoi de mieux pour imposer ce parti pris que de mettre en scène un narrateur qui va, à chaque pas du héros, témoigner de ces jours en quête de salut. Pas de cinématiques, quelques images éparpillées pour laisser la voix d’un homme nous raconter une histoire. Le rapport du joueur au scénario prend alors une toute autre nature et l’intégration de cette voix (en anglais sous-titré) donne à Bastion un cachet très particulier. Cependant, à trop vouloir en faire, le narrateur se perdra parfois dans des paroles sans intérêt (pour dire que le héros a cassé une jarre ou est tombé) et l’atout devient aussi un handicap : on aimerait par moments qu’il daigne se taire. Ce qu’il ne fera qu’une fois le jeu terminé.



Mais ne boudons pas notre plaisir et cette particularité, même si probablement difficile à suivre dans le feu de l’action pour les non-anglophones, fait partie de l’identité du titre. Une image de marque grandement appuyée par une réalisation de haut vol. Le monde visité est assez paradoxal : en proie à la désolation d’un côté, il affiche une patte graphique très singulière et qui tend vers une large gamme de couleurs pour des niveaux souvent lumineux. Le personnage, l’aspect donjon des lieux et surtout la 3D isométrique rappellent certains jeux d’aventure de l’ère 16 bits comme Landstalkers. Comme pour titiller sans répit notre envie de découverte, les éléments du décor se mettent en place à mesure que le joueur avance. On ne se lasse pas de voir apparaitre de nouvelles terres à fouler et pour imposer une fois pour toutes sa philosophie, Bastion se paie le luxe de proposer des décors très variés. Intérieurs ou extérieurs, sombres comme un donjon ou luxuriants comme une forêt, tous les environnements traversés sont autant de surprises que de régals pour les yeux mais aussi pour les oreilles. Bastion s’offre une belle sélection de musiques, aux sonorités parfois mélancoliques et en parfait accord avec le ton grave du narrateur. Fort d’une durée de vie convenable pour un jeu arcade (environ six à sept heures), Bastion est un jeu d’ambiance qui tient ses promesses. Surtout de ce point de vue car du côté du gameplay, le constat est moins encourageant.

Baston à coups de bastos au Bastion

Pour parvenir à ses fins, le Kid va devoir user de la force. Equipé au maximum de deux armes et d’un atout spécial, notre héros a tout ce qu’il faut pour mettre à mal les hordes d’ennemis. Fantômes, tourelles de sécurité, bêtes enragés, assassins… le bestiaire est très varié pour un jeu d’aventure Xbox Live Arcade. Et à l’image du nombre d’ennemis, l’arsenal dont dispose le Kid est étonnamment large et varié : au corps à corps ou à distance, les armes se différencient par leur portée, leur puissance, leur rapidité. Elles se découvrent au fur et à mesure, généralement adaptées à la situation qui va suivre. L’occasion de découvrir un aspect plutôt dérangeant du titre : l’arme découverte remplace automatiquement l’ancienne, qu’on le souhaite ou non. Il faudra passer par la case "arsenal" au bastion ou à des endroits spécifiques de certains niveaux pour récupérer cette arme à laquelle on venait tout juste de s’habituer. En retrouvant certains objets le panel peut être amélioré avec là encore un choix relativement intéressant ; de la même manière, le héros est soumis au bon vieux système d’expérience pour vingt niveaux à débloquer. L’évolution est longue et le soft semble finalement insister autant sur l’histoire que sur la chasse aux objets, le gain d’expérience et la complétion d’objectifs secondaires. Passer par la case "new game +" semblera naturel une fois l’histoire bouclée, d’autant qu’il est impossible de refaire un niveau déjà visité autrement. Enfin, le bastion lui aussi accueillera progressivement de nouveaux éléments (forge, arsenal, objets…) dont les effets pourront être améliorés.



Si l’on se dit que le titre est plutôt bien fourni en tâches à effectuer, on ne mettra que bien peu de temps à regretter que cela enrobe une jouabilité très largement perfectible. Le Kid est maniable certes et il faudra simplement se réhabituer à la 3D isométrique ; les attaques sortent sans problème et c’est bien la moindre des chose. Car il est inutile de chercher à enchainer les attaques pour créer des combos ou alterner entre une arme et l’autre rapidement. Chaque arme se borne à une attaque, sensiblement différente selon que l’on soit en mouvement ou non, qu’elle soit chargée ou pas. Un archaïsme qui tranche totalement avec l’originalité de la narration, créant rapidement une atmosphère de redondance plutôt désagréable. Et ce n’est pas la progression qui change quelque chose. Le but est strictement le même pour chaque niveau, poussant la répétitivité jusqu’à ses derniers retranchements à un moment de l’histoire que nous ne développerons pas plus pour ne pas trop en révéler. On trouvera quand même un peu de diversité en se lançant dans les nombreux défis annexes mettant à l’honneur chaque arme du jeu. Ainsi va la production des développeurs de Supergiant Games, offrant tant de choses d’un côté et si peu de l’autre. Avec un gameplay un peu plus profond, Bastion aurait réellement marqué le Xbox Live Arcade de son sceau. En l’état, il est bon jeu, beau et original et c’est déjà suffisant pour nous faire vivre un bon moment vidéoludique.

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