Jeux

Brütal Legend

Action/Aventure | Edité par Electronic Arts | Développé par Double Fine

8/10
360 : 16 octobre 2009
26.11.2009 à 13h26 par |Source : http://xbox-mag.net/

Test : Brütal Legend sur Xbox 360

Après les succès critiques et, dans une moindre mesure, commerciaux de Dead Space et de Mirror’s Edge, deux toutes nouvelles franchises, EA poursuit sa politique d’ouverture et de reconquête du cœur des gamers en éditant le dernier bijou de Tim Schaffer au nez et à la barbe d’Activision qui avait renié le bébé. Alors qui avait raison ? Activision qui s’est débarrassé d’un jeu dont l’intitulé faisait l’impasse sur les termes « hero » ou « call of duty » ou Electronic Arts qui y a vu l’opportunité de continuer à redorer son blason auprès des joueurs ?
Die die my Darling !

Eddie Riggs à qui Jack Black a élégamment prêté ses traits, sa voix et sa gouaille est un roadie surdoué qui a dû avoir un excellent prof de techno au collège puisqu’il est capable de réparer et de fabriquer en un clin d’œil à peu près tout et n’importe quoi. Alors qu’il fait normalement son job lors d’un concert d’un groupe neo-pop-rap-metal de jeunes couillons prétentieux et condescendants (mais il faut bien vivre, n’est-ce pas?), un accident provoqué par le guitariste le laisse pour mort. Le dieu Ormagödden, invoqué par hasard quand le sang d’Eddie entre en contact avec sa boucle de ceinture apparaît dans un déluge de feu et de violence (mais ça c’est si vous décidez de désactiver la censure…) et l’emporte avec lui dans un monde où ont régné les dieux du metal et dans lequel se déroule un éternel combat entre différentes factions représentant chacune un courant musical.



D’emblée, le jeu se démarque par son humour hors normes. Si Jack Black ne s’est très probablement pas contenté de réciter les lignes qui lui ont été transmises, on retrouve également la patte inimitable de Tim Schaffer lors de dialogues et de situations particulièrement cocasses. Le début du jeu, que tout le monde peut essayer via la démo disponible sur le marché du Live, est éloquent : l’apparition de la nonne démoniaque (« Ah-ah ! Big ugly demon ! I knew it ! ») est à hurler de rire et le choix de censurer ou non la violence graphique et/ou verbale se fait par l’intermédiaire de panneaux hilarants. On pourra déplorer un humour de moins en moins présent (mais pas absent pour autant car toujours omniprésent lors des missions secondaires) au fur et à mesure que se déroule une trame parfois relativement sombre mais finalement assez classique. Si certaines – petites – surprises sont de la partie, on ne peut pas dire que le scénario soit révolutionnaire. Il est pourtant transcendé par des personnages d’une profondeur rare auxquels on s’attache très rapidement.

Roots Bloody Roots

La première chose qui frappe, c’est la cohérence graphique du titre de Double Fine. Dès les premiers pas sur la carte de Brütal Legend, le gigantisme des lieux et le caractère cyclopéen des monuments qui en jonchent les collines et prairies évoqueront immédiatement des images fabuleuses de combats passés opposant des créatures immenses (les fameux dieux du metal dont le récit des légendes est à découvrir en activant des autels disséminés aux quatre coins de la carte). Evoquant les couvertures de fameuses pochettes de disques, ces lieux impressionnants ont fait, malgré une technique limitée, l’objet d’un réel soin artistique et d’un véritable respect de l’esprit de ce genre musical. Ces monuments sont observables à l’envi depuis des points de vue à découvrir. Et il ne s’agit pas d’une bête toile de fond au scénario puisque tout l’univers est animé de cette même cohérence, de la faune particulièrement vivante et partiellement faite de métal (du moins dans la première partie du monde, après, les créatures sont plus… vaporeuses) à la flore faite d’instruments de musique (les cymbales dans la jungle…) et de divers autres accessoires prisés des métalleux (l’arbre à bière… phénoménal !)


Les personnages et les musiques ne sont bien sûr pas en reste avec une galerie de tronches directement issues de la scène metal (Ozzy Osbounre, Lemmy Kilmister de Motörhead et Rob Halford de Judas Priest sont de la partie) et une playlist fort bien fournie (même si certaines pointures manquent à l’appel, manques compensés par de nombreux clins d’œil) et par ailleurs bien mise en avant par une campagne de communication maline. Mais ces chansons ne se limitent pas à un argument marketing : non seulement elles illustrent parfaitement une palette très représentative du genre (il n’y a qu’à voir le nombre de sous-genres réels ou imaginaires proposés quand on les classe par catégorie dans l’autoradio de la voiture du héros), leur usage est également extrêmement réfléchi. De la fuite chaotique qui survient après la fin du règne de Lionwhyte sur fond de Through the fire and Flames aux combats contre Drowning Doom accompagnés de Cradle of Filth, les chansons ne sont pas lancées au hasard. Elles contribuent à créer une ambiance incroyable lors des combats de scène…


Kill’em All !

Combats de scène ? Kézaco ? Commençons par le commencement. Le jeu débute alors que vous dirigez Eddie, seulement armé de sa hache et de sa guitare et s’apparente alors à un beat’em all tout ce qu’il y a de plus classique (hormis l’étrange impossibilité de sauter) : un bouton permet de trancher dans le vif au coupe-coupe tandis qu’un autre utilise les pouvoirs de Clémentine, l’instrument fétiche du roadie et que différentes combinaisons déclenchent des combos dévastateurs. Mais très rapidement, Eddie se fait de nombreux alliés au cours de ses premières missions, alliés qui seront d’une aide plus que bienvenue lors des grandes batailles dans lesquelles les deux factions qui se font face doivent détruire la scène adverse. Pour cela, il faut s’emparer de geysers de fans en construisant des boutiques de goodies par dessus qui canaliseront le flux et le redirigeront vers notre scène, ce qui permettra ensuite de créer diverses unités grâce auxquelles vous pourrez éventuellement écraser votre adversaire.



Si le jeu solo amène ce bouleversement de gameplay de manière fluide et didactique (au point parfois d’avoir l’impression que la campagne, relativement courte, n’est qu’un immense tutoriel préparant au multijoueur…), n’allez pas penser pour autant que le jeu devient vers la fin un STR. Ce serait on ne peut plus erroné. En effet, si les batailles se gagnent en produisant des unités et en donnant des ordres simples (« allez à tel endroit », « défendez ce point », « attaquez » et « suivez-moi »), l’implication du joueur dans le feu de l’action est primordial. D’une part, chaque unité possède un mouvement destructeur qui n’est obtenu qu’en coopération avec l’avatar contrôlé par le joueur. Imaginez un Halo Wars dans lequel vous pourriez intervenir à tout instant avec le Master Chief pour changer le cours d’une bataille et vous aurez une bonne idée de ce qui vous attend. D’autre part, les pouvoirs (représentés par des solos de guitare à jouer) de chaque chef de clan et peuvent facilement faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Enfin, si la mode est aux modes multijoueurs sortis de nulle part pour meubler et suivre la tendance, celui de Brütal Legend ne fait pas partie de ceux-là. De l’aveu même de Tim Schaffer, il était prévu qu’à la base, ce soit un véritable RTS principalement multijoueur avant de virer au beat’em all stratégique. C’est donc dans ce mode qu’on peut exploiter la véritable richesse de Brütal Legend. Chaque faction représentée se joue totalement différemment des autres et aucune n’est plus faible si l’on en connaît bien les tactiques et les solos. Ainsi, les Démonix créent des unités à partir d’autres unités et possèdent une arme ultime qui peut faire très très mal. Les gothiques, de leur côté, sont relativement faibles mais compensent par la possibilité de diminuer les dégâts et la défense adverse. Sans parler du fait qu’ils peuvent prendre le contrôle de presque n’importe quelle unité ennemie. Bien que l’apprentissage des deux autres factions soit exigeant, l’équilibre est quasi-parfait et seul le lag pourra venir éventuellement gâcher vos parties en ligne. Dans ces cas-là, les solos, indispensables à la capture de geysers, deviennent proprement inutilisables. Heureusement, cela reste assez rare…

S’il est évident que Brütal Legend n’est pas exempt de défauts (un poil court, pas de bouton de saut…) et ne plaira pas à tout le monde de part son orientation musicale, on ne peut lui ôter cette fraicheur qu’il dégage à chaque instant. Le monde qu’Eddie parcourt ne ressemble à aucun autre et son gameplay d’une richesse beaucoup plus profonde qu’on ne pourrait le croire au premier coup d’œil en fait un des OVNIs vidéoludiques de cette fin d’année.

+

  • Un gameplay riche et original
  • Jack Black et les caméos
  • L’humour omniprésent
  • Une playlist hallucinante
  • Un univers frais et inédit
  • Design impecccable

-

    • Il faut aimer le métal
    • Pas de bouton de saut
    • Un peu court