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Shift 2 : Unleashed

Course | Edité par Electronic Arts | Développé par Slightly Mad Studios

8/10
360 : 31 mars 2011
27.05.2011 à 09h14 par - Rédacteur |Source : http://www.xbox-mag.net

Test : Shift 2 : Unleashed sur Xbox 360

Electronic Arts semble s'être investi d'une nouvelle mission : s'imposer là où la concurrence est la plus rude. Au-delà du terrain miné du first person shooter, le géant américain arpente celui de la simulation de course automobile. Après un premier essai convaincant bien que très perfectible, la jeune franchise Shift joue l'outsider face au mastodonte Forza Motorsport. Allégé d'un héritage qui ne lui correspondait pas en délaissant son nom de famille, Shift 2 a-t-il les ressources nécessaires pour s'imposer dans le club très fermé de la simulation ?

Gentlemen, start your engines

Avec Need for Speed Shift, Electronic Arts fit un coup double. D’une part, la franchise avait enfin réussi à se sortir du marasme dans lequel elle s’était enfermée depuis plusieurs années, la faute à une succession d’épisodes en demi-teinte. D’autre part, la licence Shift marquait l’entrée réelle de l’éditeur américain sur le terrain de la course sur circuits (avec bien plus de conviction que dans un Pro Street très moyen), délaissant tuning et courses poursuites avec une certaine réussite. Sans pouvoir prétendre à bousculer les maitres du genre, Need for Speed Shift avait compensé ses lacunes en réalisme en offrant un gameplay nerveux au service de sensations fortes. Shift 2 Unleashed suit les pas de son prédécesseur et accentue l’orientation simulation engagée par cette jeune série. Une continuité que l’on remarque dès les premiers tours de piste qui font office de tutoriel, coaché par le champion de Formula D, Vaughn Gittin Jr. Les étoiles du précédent épisode laissent leur place à un système d’expérience plus académique, lequel dévoile cette volonté d’offrir de la simulation : fini les points engrangés en étant agressif. Les poussettes ou l’éjectage des concurrents ne rapporte plus rien et pour gagner des points il va falloir suivre une bonne trajectoire, doubler proprement ou maitriser les virages. Pour faire cela au mieux, le soft déterminera sur cette première sortie les paramètres les plus adaptés au niveau du joueur.



Le néophyte comme le confirmé trouvera son compte dans le lot classique d’assistances à activer ou non. ABS, contrôle de trajectoire, anti-patinage et le classique et incontournable indicateur de trajectoire sont au rendez-vous. Couplés aux trois niveaux de difficulté classiques, ces premiers réglages affinés précèdent l’entrée dans le mode carrière, principal atout du soft en solo. Classique, il fait son office. Il faudra donc souffrir dumanque de punch de la catégorie D et enchainer les bons résultats pour se hisser jusqu’au GT1. C’est ici qu’interviennent les points d’expérience précédemment évoqués. A chaque niveau, une série d’épreuves se débloque, offrant le choix entre courses classiques, contre-la-montre, endurance ou "eliminator". En parallèle de la catégorie principale des véhicules modernes et du GT, on retrouve des mini-championnats pour les véhicules rétro, les modifiés de la catégorie Works et le désormais incontournable Drift. Malgré tous ces choix, on ne peut s’empêcher de pester contre un leveling bridé. Avec seulement vingt niveaux à escalader et des points d’expérience qui s’acquièrent à tout va, débloquer l’ensemble des épreuves arrivera bien trop tôt. Pour autant, en faire le tour occupera un moment et l’ensemble est suffisamment bien diversifié pour ne pas provoquer l’ennui.

A fond, à fond, à fond

S’il y a bien une chose qui fait la force de Shift 2 Unleashed, c’est l’ensemble des sensations provoquées par la conduite des bolides. Déjà forte dans le premier jet, la sensation grisante de vitesse gagne encore en efficacité, appuyée cette fois par une nouvelle vue. Vivre la course depuis le casque du pilote est une expérience à la fois difficile et gratifiante. Les vibrations gagnent en intensité, la vision floutée à grande vitesse ou après un choc est toujours présente et bien mieux distillée. Et surtout, le décalage de la caméra à l’entrée d’un virage pour observer la courbe donne une touche d’originalité bienvenue. Une vue convaincante mais difficile à maitriser. Tout comme le gameplay dans son ensemble qui se veut plus équilibré mais n’en demeure pas moins très particulier et demandera quelques heures de pratique pour dompter les véhicules les plus puissants. Les premiers temps, on pilote avec la sensation de ne pas tout maîtriser. On observe que les voitures ont une forte tendance à décrocher de l’avant et la sensation de grip reste perfectible . Mais une fois les choses bien en mains, le plaisir de conduite est réellement présent. Même si pour cela, on sent que Shift 2 Unleashed met de côté la volonté d’être une simulation pure et dure. Car même en désactivant l’ensemble des aides à la conduite, on peut se permettre un pilotage nerveux et agressif sans toujours finir dans les graviers.



Le panel de réglages offert par le soft permet de se faciliter la conduite et chaque modification peut être sauvegardée et affectée à un ou plusieurs circuits. Des tracés sur lesquels on affrontera une intelligence artificielle d’une pénibilité rare. Vos adversaires semblent avoir confondu GT et Nascar tant ils se montrent agressifs, ne faisant preuve d’aucune finesse en préférant rester calés sur leurs rails. Les carambolages que provoque parfois cette intelligence artificielle au rabais révèle la propension extraordinaire de la voiture à se placer à la perpendiculaire face au mur après une sortie de route. Un côté Ridge Racer dont on se serait bien passé et qui nuit à l’immersion. Dans ces moments, on se dit que le jeu et son aspect simulation auraient gagné à proposer des séances de qualifications. Malgré tout, à force de patience et de sang froid en début de course, le pilote qui sommeille en nous fera face à des adversaires qu’il n’est pas toujours aisé de semer, jusqu’à quinze simultanément pour enflammer une compétition offrant un bon challenge. Le Xbox Live est bien entendu de la partie pour se tirer la bourre avec onze autres pilotes du monde entier et propose une expérience stable et réellement agréable. Avec ou sans classement, les courses en ligne permettent elles aussi d’engranger des points d’expérience et d’afficher fièrement ses performances grâce à l’Autolog.

Et hop, dans les graviers

Faisant office de "Facebook Need for Speed", l’Autolog permet d’avoir un accès rapide et clair à toutes ses statistiques, celles de ses amis ou du gratin mondial. Il est possible d’envoyer des photos de ses véhicules, suggérer un parcours à ses contacts ou encore admirer ses trophées. L’Autolog se révèle particulièrement intéressant en course pour se comparer à ses amis et gagner de l’expérience en battant leurs records. Dommage encore une fois que le plafond d’expérience soit si bas. Shift 2 Unleashed se rattrape en offrant un choix de circuits bien diversifié, des classiques Silverstone et Suzuka aux surprenants Dijon Prenois ou Enna Pergusa, en passant par le mythique Nürburgring. On retrouve également des créations originales comme Miami ou Riviera, version différente mais très inspirée du circuit du Grand Prix de Monaco. Tout cela pour un ensemble d’une quarantaine de circuits auxquels s’ajoutent leurs déclinaisons, à vivre de jour comme de nuit. Côté véhicules l’offre reste très en retrait par rapport à celle de la concurrence mais avec une centaine de bolides de différentes classes, on trouvera facilement l’élue. Pas de grande surprise, la Focus RS laissera rapidement sa place à une Subaru Impreza, histoire d’engranger de quoi à se payer la Lamborghini de nos rêves et une Lancia Delta HF intégrale pour la touche nostalgique. Tout cela avant d’investir dans des véhicules préparés pour les championnats GT3 et GT1.



Pas trop mal fourni en contenu, intéressant dans son approche de la conduite, Shift 2 Unleashed est également un bon élève pour sa réalisation. A défaut d’offrir de grandes sensations, la vue extérieure permet d’apprécier des véhicules assez bien modélisésbien que perfectibles encore. Mais c’est surtout l’intérieur de ces voitures qui est une réussite et qui coupléà des mouvements des bras du pilote bien retranscrits accentuent l’immersion dans la course. Suivant la tradition Need for Speed, le soft autorise naturellement la customisation des véhicules, jusqu’à l’habitacle. Le rendu des circuits est la réussite de cette partie graphique avec des tracés bien retranscrits et des décors soignés à tous les niveaux, même durant les courses en nocturne qui donnent du cachet au titre. Dommage cependant que la pluie soit aux abonnés absents. L’ensemble est appuyé par un framerate au poil, stable même quand tous les concurrents ont décidé de jouer aux auto-tamponneuses. Enfin, rien à redire niveau sonore, tant du côté des moteurs qui rugissent avec une certaine fidélité que d’une bande-son de qualité. Tout ou presque est réuni dans Shift 2 Unleashed pour prendre du plaisir à courir à toute vitesse, à défaut de le faire dans le respect total de la vraie compétition. Dynamique et bien réalisé, le soft d’Electronic Arts a suffisamment de qualités pour nous faire accepter certains gros défauts. Avec un intelligence artificielle au point et une progression moins rapide, Shift 2 Unleashed aurait pu prétendre à être un incontournable du genre. Le rendez-vous est pris pour Shift 3.

Shift 2 Unleashed accentue le virage pris par la licence. Cette nouvelle étape dans le processus d'émancipation de la branche simulation se veut convaincante, même si le soft commet quelques erreurs de jeunesse. Un peu trop timide dans ses intentions, le titre d'Electronic Arts a parfois du mal à renier ses origines. Mais fort d'un pilotage généreux en sensations, jusqu'à en devenir grisant, Shift 2 Unleashed se pose sans problème comme une bonne alternative aux licences traditionnelles.

+

  • Conduite riche en sensations
  • Graphiquement convaincant
  • Vues internes réussies

-

    • Intelligence artificielle aux fraises
    • Leveling bridé
    • Encore quelques relents d'arcade