Jeux

Project : Snowblind

FPS | Edité par Eidos Interactive | Développé par Crystal Dynamics

4/10
360 : 11 mars 2005
23.03.2005 à 21h36 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Project : Snowblind sur Xbox

Les supers héros musclés, génétiquement modifiés, avec des bras luisants pour se la jouer encore plus gros méchants, redeviennent à la mode. Après un Derrick classieux malgré son incroyable nom, rencontré dans Breakdown, voici venu le temps des rires et des champs de bataille avec Nathan Frost. Beaucoup moins charismatique que son grand frère de chez Namco. Frost est le genre de mec biomodifié qui use de ses pouvoirs et ses compétences aux armes à feu pour imposer sa paix. "Cette histoire d'armée composée d'un seul homme n'est donc pas une plaisanterie", apprend-on dans le manuel du jeu. Ok chef, mais le jeu est-il autre chose qu'une énorme farce ?

Nathan Frost, si tu nous entends…

Année 2065, la Terre va mal. Un mouvement connu sous le nom de "République" fait des siennes à Honk Kong. Un conflit s’étend petit à petit et menace de s’étendre sur le reste de la planète. En bref, on est à un poil de cul d’un conflit mondial. Voilà un background aussi original que l’annonce d’un nouveau FIFA. Mais parce que faire la guerre, c’est vraiment mal, Nathan Frost, lieutenant de l’armée de la Coalition de la Liberté, décide comme un grand avec l’aide de son escouade de combattre les méchants perturbateurs. Seulement voilà, un beau jour, pas forcément trop différent des autres on imagine, Frost se frotte au fracas d’une bombe qui l’envoie voltiger au loin pour le laisser dans un piteux état. Déjà moche à la base, le lieutenant reprend ses esprits sur un brancard, puis, plus rien. Le trou noir. À son réveil, il ne peut que constater qu’il n’est plus l’homme qu’il a été. Les chirurgiens ont eu la bonne idée de profiter de son inconscience pour lui incruster plusieurs millions de dollars de biotechnologie dans le corps. Frost accepte sans broncher et part au combat avec sa nouvelle carcasse Hi-tech de machine à tuer. Dans les faits, cela donne pad en main un FPS agressif où l’on dirige un super soldat capable de beaucoup de choses. Nathan peut en effet prendre divers objets (tels que des caisses, des barils) pour les placer où il le souhaite, tuer en un seul coup de poing, tirer avec sa main droite pour lancer des grenades de son bras gauche, sauter, s’accroupir, et utiliser des bio modifications (ralentir le temps, voir à travers les murs, etc). La maniabilité finalement efficace, bien que moins instinctive que celle d’un Halo 2, permet de s’en sortir sans trop de problèmes, du moins si on prend le temps de la comprendre. À l’instar d’un Splinter Cell, le bouton blanc sert à faire apparaître l’inventaire tout en freezant l’action à l’écran. De ce fait, on peut choisir tranquillement son arme préférée, son type de grenade et son pouvoir favori grâce aux biomodifications. Un radar, présent en haut de l’écran, indique également si l’on est repéré, où se trouvent les ennemis alors qu’un point jaune montre la direction à prendre pour se diriger vers l’objectif principal, comme pour Fable. L’ergonomie est loin d’être parfaite, surtout que la confusion pointe souvent le bout de son nez lors des grosses séquences de castagne. D’autant plus que le mixage audio déplorable oblige à activer les sous-titres. Seulement, lire pendant que l’on se fait tirer dessus par des snipers embusqués,on a vu plus pratique. On oublie alors désespérément de comprendre le but de ses missions, et par voie de conséquence le scénario. Avec le temps, c’est carrément le jeu que l’on se met à oublier, tant l’aventure se révèle embêtante, linéaire, voire même lassante. Adieu plaisir de jouer. Triste.

L’effet Snowblind

Les bonnes idées ne manquent pourtant pas ! L’univers cyberpunk tout d’abord, est véritablement intéressant et particulièrement soigné. Les décors urbains, futuristes, sont convaincants et se mélangent agréablement aux environnements très orientaux rencontrés dans certains niveaux. Voilà d’ailleurs de merveilleux terrains de jeu pour se faire de bonnes guerres civiles bien explosives. De ce côté là, Snowblind assure, avec ses batailles rangées (ou non) dans les rues pluvieuses d’un Honk Kong d’un autre temps, batailles souvent frénétiques mettant en scène des dizaines de personnages simultanément. Les balles sifflent, les vitres explosent sous les déflagrations incessantes des grenades, ça crie, ça pète, bref, on s’y croit pour de bon. Graphiquement, c’est un peu juste pour une Xbox qui a déjà affiché beaucoup plus beau. Les textures pas vraiment détaillées se confrontent à des effets spéciaux peu convaincants. Le pire, c’est que le frame rate n’est pas toujours constant lorsque l’action devient trop soutenue. Reste un résultat graphique tout de même agréable mais sans génie, sans doute dû au fait que le titre soit multiplateformes. Côté mise en scène, le schéma narratif est intéressant et propose des scènes bien trouvées, comme celle du brancard et du briefing de mission au début du jeu. Malheureusement, le jeu sombre ensuite dans la banalité du soft bourrin sans profondeur et personnalité. Pour ce qui est de l’armement, on note un grand nombre de grenades et guns différents, allant du pistolet silencieux au lance roquette destructeur. Seulement voilà, l’effet de puissance n’étant pas au rendez-vous, on a l’impression de tirer des billes avec des jouets pour grands enfants. Dommage, une fois de plus. Enfin, les bio modifications, l’argument majeur du titre pour se démarquer de ses concurrents, ne servent en fait pas à grand chose. Il est tout à fait possible de terminer le jeu en utilisant que deux ou trois fois ses bio modifications, il n’y a qu’à se la jouer aussi bourrin que le jeu l’encourage à l’être. Les nouveaux pouvoirs se gagnent en plus de façon abracadabrante. Ainsi, il suffit de franchir un couloir, par exemple, pour se voir affublé d’une nouvelle faculté spéciale. Rien à acheter grâce à des points d’expérience ou autre, tout se fait de manière automatique. Véritablement simpliste et peu encourageant, ce procédé illustre bien le deuxième gros défaut du jeu, à savoir sa linéarité et ses évènements scriptés à l’extrême. Ici, certaines portes ne s’ouvrent que si tous les adversaires sont morts, alors qu’une vitre explose précisément au moment où l’on passe. Un objectif achevé ? Alors les ennemis reviennent comme par magie là où l’on pensait les avoir tués. Dur dur d’accrocher, surtout que les méchants du jeu ont un Q.I proche de celui d’une huître biodégradée, au même titre que les gentils alliés qui se font une joie de se jeter amicalement sur vous au moment où vous tirez avec votre fusil à pompe. Mais lorsque l’on voit leur animation pas toujours très bien décomposée, on comprend facilement leur motivation pour en finir rapidement avec cette dure vie virtuelle. Plus frustrant qu’amusant, Snowblind avait pourtant sur le papier tout pour s’imposer. Un beau gâchis en définitive.

Badaboum

Voilà le terrible constat que l’on fait de Snowblind une fois terminé. Celui d’un jeu avec beaucoup de bonnes idées mal exploitées, un FPS qui aurait pu être fun avec une meilleure mise en scène, une réelle personnalité, une âme moins guerrière peut-être. Techniquement juste et faiblard dans les sensations apportées au joueur, le dernier né d’Eidos s’enterre dans le Doom-like fade et ennuyant, de par ses missions abusives peu passionnantes et son côté lourdingue rebutant. Reste un mode Xbox Live amusant, bien loin lui aussi de rivaliser avec les ténors du genre sur Xbox. Pas vraiment addictif, il a au moins le mérite d’exister et d’occuper quelques minutes. Vu la qualité générale du soft, on comprend facilement pourquoi trouver des joueurs sur une partie se révèle parfois être une calamité. Non, il n’y a décidément rien pour sauver les joueurs de Snowblind de la désertion.

Comme son nom l'indique, Project : Snowblind semble finalement n'être qu'un projet mal finalisé, lâché à la va-vite dans le commerce. Avec sa réalisation dépassée (le comble pour un soft qui narre les déboires d'un guerrier du futur) et son gameplay pas vraiment convaincant, le jeu d'Eidos a tout du FPS de poche. Trop bourrin pour se plonger dans le scénario, mais également trop linéaire et scripté, Snowblind peine à motiver le joueur à avancer dans une aventure qui deviendrait presque barbante. Dommage, les bonnes idées étaient pourtant là, en solo comme en Live. En d'autres termes, l'effet Snowblind a avorté pour passer du gigantesque choc électronique annoncé à un minuscule court-circuit sans étincelles.

+

    -

      • Des décors urbains futuristes convaincants, pour des textures et des effets spéciaux dépassés. La Xbox a déjà fait beaucoup mieux.
      • Pas forcément très instinctive, la jouabilité permet tout de même d'avancer dans le jeu sans trop de problèmes. Les séquences de conduite de véhicules sont par contre de véritables plaies.
      • Moins de sept heures de jeu pour un joueur lambda. Reste à accrocher, en solo comme en live.
      • Musiques simplistes qui deviennent vite insupportables. Les sons, quant à eux, sont plutôt réussis. On déplore également un mauvais mixage audio et un doublage Français loin d'être dans le ton.
      • Une vague histoire de bombe EIM capable de plonger le monde dans un bordel sans nom, déguisé en menace de conflit mondial dans un univers futuriste très cyberpunk bourré de clichés. On aurait aimé une meilleure narration et une mise en scène plus soignée.
      • Pas vraiment beau, proche de l'inaudible et chiant à souhait, Project : Snowblind gâche ses bonnes idées pour n'être finalement qu'un "Fade-FPS" de plus.
      • Un frame rate peu constante, malgré la simplicité des graphismes, qui sent bon la Xbox peu optimisée. L'animation des bots est satisfaisante, malgré certains mouvements mal décomposés.
      • Un mode online plus anecdotique que passionnant. Une fois de plus, on trouve bien mieux sur Xbox à l'heure actuelle. Pas énormément de joueurs connectés.