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26.11.2003 à 11h26 par

GTA attaqué… à raison ?

Aux Etats Unis la communauté haïtienne est très remontée (et le mot est faible), contre le contenu de, je vous donne dans le mile Emile, GTA Vice City. Cette fois, ce ne serait pas tant la violence ludique qui serait incriminée, mais bel et bien une vi

Aux Etats Unis la communauté haïtienne est très remontée (et le mot est faible), contre le contenu de, je vous donne dans le mile Emile, GTA Vice City. Cette fois, ce ne serait pas tant la violence ludique qui serait incriminée, mais bel et bien une vision des Haïtiens en tant que «dealeurs de drogues» ne méritant que «d’être abattus pour le fun».

Certes après tout ce que l’on a pu entendre de fondé ou pas sur ce jeu (et j’avoue davantage faire partie des opposants, mais bon…), on en vient de suite à penser qu’il s’agit d’une accusation fallacieuse de plus, comme si le jeu avait encore besoin d’une telle pub.

Ceci étant, les associations haïtiennes ainsi que l’Associtaion des Haïtiens pour les Droits de l’Homme (il convient de se rappeler de l’histoire toujours tragique du pays), citent non sans méprise des phrases présentes dans le jeu telles que :»I hate these Haitians. We’ll take them out, we’ll take these Haitians down» (je hais ces Haïtiens. On va tous les descendre). Ou encore une jolie remarque genre «Stinking nest of Haitians. We gonna kill them all. Kill all the Haitians» (nid puant d’Haïtiens. On va tous les butter. Tuez tous les Haïtiens).

Très sincèrement, je ne sais comment prendre cette nouvelle. N’ayant pas eu l’occasion de m’apesantir sur GTA Vice City, il m’est impossible de savoir si les phrases citées sont sorties de leur contexte (ce qui est très certainement le cas, car je ne vois pas un éditeur suffisamment c.. pour éditer un jeu avec des propos pareils au premier degré).

Seulement, personnellement je me dis que si à la place de Haïtiens il y avait écrit «Français», nous serions tous en train de faire des bonds derrière notre écran. Ainsi, même si c’est à la loi d’en décider (car les associations ne comptent pas en rester là), on peut quand même se demander quelle légitimité un développeur peut-il donner à des phrases pareilles dans un jeu qui se veut finalement apolitique. Dans un pamphlet contre le racisme, comme l’a fait le film American History X, on peut comprendre trouver ce genre de phrases, mais dans un jeu vidéo qui se dit de 25ème degré et purement ludique, cela reste intriguant.

C’est bien gentil de toujours se cacher derrière le fait qu’il s’agisse d’un jeu, mais c’est aussi important de penser que des propos déplacés peuvent atteindre à la dignité de certains. Le débat est ouvert…. En tout cas au sein de la rédaction les avis sont partagés. C’est parti Simone !!

Avis de Ed Warner : «Moi je m’en souviens, mais c’est un faux débat et ces paroles sont totalement extraites de leur contexte (ces paroles sont prononcées par des cubains, et les haitiens parlent des cubains dans les mêmes termes à peu près. Or, on sait tous que ça devait pas être l’amour fou à l’époque). De plus, Vice City parle d’une époque révolue, donc je vois pas en quoi on nous chie une pendule pour ça. Que je sache, les allemands ne sont pas des nazis, les russes des communistes, les italiens des mafieux et les chinois des triades…»

Je me permets de rajouter, puisque Ed et moi sommes en total désaccord, que je continue de penser que ce genre de mise en scène, même purement ludique, et ne mettant en scène que des cubains et des haïtiens, est tendancieuse. Ne serait-ce que parce qu’elle donne l’impression d’une vérité passée, comme quoi les haïtiens et les cubains étaient les deux gros fléaux de la Floride. Je veux bien, «ce n’est qu’un jeu». Mais prenons le problème à l’envers (puisque visiblement le fait que l’histoire ne soit pas actuelle décomplexe les développeurs), et portons le à quelque chose de beaucoup plus actuel. Allez au hasard, faisons un jeu qui parle des arabes et dans lequel on ne voit ceux-ci que pour se battre entre gangs, et dont les propos seraient du même acabit que ceux cités par le compagnon du héros dans le jeu. Tout de suite cela nous gênerait, puisque nous savons tous qu’il est bien hasardeux de faire de belles généralités (du moins c’est plus évident lorsqu’on parle d’un problème contemporain, alors que ce ressentiment, allez savoir pourquoi, disparaît ave le temps, laissant derrière lui de magnifiques clichés).

L’autre argument qui voudrait qu’à ce moment on ne peut plus accepter de jeux avec les nazis et cie, n’est à mes yeux pas recevable. Car justement, il me semble bien réducteur et dangereux de résumer les allemands à de simples nazis, créant l’amalgame (combien d’entre vous savent qu’il y avait plus de résistants allemands que français par exemple ?). Ce genre de jeu (pas au sens vidéoludique) est je pense dangereux. Ou bien alors que les jeux vidéo grandissent, et soient en contre partie parfois un peu plus «historiques».

Le débat n’est pas je pense de savoir si GTA VC est raciste

ou pas (et comme le souligne Ed ils ont mis un an pour s’en rendre compte), mais

de savoir si les jeux vidéo peuvent se permettre ce genre de raccourcis (sur les

allemands, les communistes, les haïtiens, les vietnamiens, les irakiens, ce que

vous voulez), sans jamais s’autoriser le raccourci inverse, à savoir proposer un

contenu un peu plus respecteux de l’histoire. Maintenant concernant le «problème

haïtien» de GTA, c’est à la loi de décider ce qu’il en est, même si je suis

d’accord sur une chose : on n’entend pas les cubains ni les italiens (pour GTA

1).

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