Conférence : Musique dans les JVs
A peine arrivé devant l’entrée du centre des arts
d’Enghien, la queue qui commençait à s’aligner sur le trottoir en disait
long: la venue de Nobuo Uematsu en France est un vrai évènement attendu
comme il se doit par ses fans. Le temps de récupérer une réservation, de faire
la queue 5 minutes et me voici dans l’amphithéâtre.Juste le temps de
trouver un siège confortable et les intervenants arrivent: Alain Garel,
spécialiste de musique sur tous les formats, David Masson, compositeur d’environ
40 jeux en France et enfin Nobuo Uematsu dont l’arrivée provoque un tremblement
de terre dans l’assemblée.
Le débat concerne donc la musique dans les jeux
vidéo, chaque intervenant prenant tour à tour la parole. Alain Garel nous montre
un petit aperçu de l’utilisation de la musique dans le cinéma japonais. A
travers différents extraits de films, dont notamment le voyage à Tokyo, ou bien
les 7 samouraïs, il nous montre bien l’importance de la musique, de son
utilisation, et son évolution avec les différentes productions. Un moment assez
drôle survient alors quand un extrait de Ran est projeté en version française,
provoquant l’hilarité d’une des traductrices de Nobuo n’étant sûrement pas
habituée à entendre cela. Une fois cette intervention ma foi fort intéressante
de Monsieur Garel terminée, c’est au tour de Mr Uematsu San de prendre la
parole. La salle est alors en ébullition.
On s’aperçoit vite en l’écoutant qu’il s’agit
d’une personne très humble et très timide, typiquement japonaise. Il se dit très
excité à l’idée de voir ses fans français. Ce n’est que la 5e fois
qu’il vient en France, et c’est la première fois qu’il reste une semaine dans
notre beau pays. Passant après des extraits de fils de Kurosawa, il se dit même
honteux d’être là, mais la foule a vite fait de le rassurer. Il nous indique
également que le fils d’Alain Garel lui a demandé un autographe dans les
coulisses, à son grand étonnement.
Il nous livre ensuite un récapitulatif très
intéressant de toute la saga des Final Fantasy, depuis le 1er sur
Famicom jusqu’au 11e sur PC. Les difficultés au début sont évidemment
d’ordre techniques, jusqu’au 7e épisode sur Playstation, où il peut
enfin faire totalement ce qu’il veut d’un point de vue créatif. Une première
évolution arrive avec l’arrivée du 4e épisode sur Super Famicom, 1er épisode où
la musique n’est plus permanente, ceci grâce à la qualité des bruitages, qui
permettent désormais de faire intervenir la musique uniquement aux instants
souhaités, aux moments critiques.La dernière grande étape pour lui
concerne l’apparition de la voix pour les personnages, dès le 10e opus. Cela
rapproche son travail d’une production cinématographique. Et il pense que la
prochaine génération de machine lui permettra d’innover encore. Sa petite
présentation se terminant, il laisse la place à son collègue
français.
David Masson est donc un compositeur de musiques
de jeux français. Il a principalement travaillé pour Ubi Soft, et notamment sur
Rayman. Il va insister sur les différences entre le Japon et la France
concernant la musique pour les productions vidéo ludiques, la principale étant
notamment d’ordre budgétaire. Ainsi, là où le budget musical pour une production
comme Final Fantasy est assez important, il sera toujours la dernière roue du
carrosse pour une production française. Cela est d’ailleurs encore pire depuis
l’année dernière, les éditeurs français ne désirant plus travailler avec les
compositeurs français et leur préférant leurs homologues étrangers, pour des
questions de loi sur le droit d’auteur. Cela surprendra d’ailleurs beaucoup Mr
Uematsu, ce genre de loi n’existant pas au Japon ou bien aux USA, où on peut
vendre une composition musicale comme n’importe quel bien.
Une fois les 3 interventions terminées
s’ensuit une série de questions-réponses où on apprendra que Mr Uematsu va
considérer le fait de faire un concert symphonique en France, sûrement surpris
par l’accueil qui lui est réservé ici. On apprendra également que son
compositeur préféré est Tchaikovski, et que sa bande son favorite hormis les
siennes est celle de Super Mario Brothers (on reconnaît là le sens de l’humour
japonaisJ ). Ensuite, le producteur du film Final Fantasy Advent
Children, Monsieur Hashimoto,monte
sur scène pour présenter son bébé, tout en précisant qu’il n‘était pas encore
terminé (environ 50% sur les 70 minutes de films au total), mais qu’il
reviendrait en France pour le présenter une fois achevé. On nous apprend aussi
que 300 personnes attendent dehors pour pouvoir rentrer, et que par conséquent
le soir même une autre projection serait effectuée. Les organisateurs n’avaient
sûrement pas dû mesurer l’engouement d’une telle manifestation. Et Nobuo Uematsu
non plus, précisant qu’après avoir visité 5 pays dont les USA, c’est ici en
France qu’il avait reçu le meilleur accueil. On n’en doute pas un
instantJ.
Pour clôturer cette après-midi de rêve, nous avons donc
assisté à la projection de 25 minutes de Final Fantasy Advent Children, 25
minutes qui m’ont paru durer 5 minutes, tant les yeux en prennent plein la vue,
plaçant l’animation à un degré rarement vu, et faisant ressortir tant d’émotions
à tous les joueurs de Final Fantasy 7 … tous ceux qui auront eu la chance
d’assister à cette projection me comprendront. Mention spéciale également à la
bande sonore signée Nobuo Umatsu, et qui s’annonce elle aussi grandiose,
reprenant des thèmes du 7e opus.
C’est une standing ovation de plus de 2 minutes qui clôturera cette après-midi de rêve, des images plein la tête, et on espère également que ce genre de manifestation se fera plus fréquente à l’avenir en France, de façon à promouvoir les jeux vidéos autrement que dans les faits divers des journaux. |