Dossier

28.12.2004 à 14h03 par

Conférence : Musique dans les JVs

Participer à un débat sur la musique dans les jeux-vidéos en présence de Nobuo Uematsu, compositeur des différents Final Fantasy, puis être parmi les heureux élus pour assister à une avant-première de 25 minutes du prochain film de Square, Final Fantasy Advent Children : voilà le programme d'une journée de rêve dont je vous propose ici un petit compte-rendu ...

A peine arrivé devant l’entrée du centre des arts

d’Enghien, la queue qui commençait à s’aligner sur le trottoir en disait

long: la venue de Nobuo Uematsu en France est un vrai évènement attendu

comme il se doit par ses fans. Le temps de récupérer une réservation, de faire

la queue 5 minutes et me voici dans l’amphithéâtre.Juste le temps de

trouver un siège confortable et les intervenants arrivent: Alain Garel,

spécialiste de musique sur tous les formats, David Masson, compositeur d’environ

40 jeux en France et enfin Nobuo Uematsu dont l’arrivée provoque un tremblement

de terre dans l’assemblée.

Le débat concerne donc la musique dans les jeux

vidéo, chaque intervenant prenant tour à tour la parole. Alain Garel nous montre

un petit aperçu de l’utilisation de la musique dans le cinéma japonais. A

travers différents extraits de films, dont notamment le voyage à Tokyo, ou bien

les 7 samouraïs, il nous montre bien l’importance de la musique, de son

utilisation, et son évolution avec les différentes productions. Un moment assez

drôle survient alors quand un extrait de Ran est projeté en version française,

provoquant l’hilarité d’une des traductrices de Nobuo n’étant sûrement pas

habituée à entendre cela. Une fois cette intervention ma foi fort intéressante

de Monsieur Garel terminée, c’est au tour de Mr Uematsu San de prendre la

parole. La salle est alors en ébullition.

On s’aperçoit vite en l’écoutant qu’il s’agit

d’une personne très humble et très timide, typiquement japonaise. Il se dit très

excité à l’idée de voir ses fans français. Ce n’est que la 5e fois

qu’il vient en France, et c’est la première fois qu’il reste une semaine dans

notre beau pays. Passant après des extraits de fils de Kurosawa, il se dit même

honteux d’être là, mais la foule a vite fait de le rassurer. Il nous indique

également que le fils d’Alain Garel lui a demandé un autographe dans les

coulisses, à son grand étonnement.

Il nous livre ensuite un récapitulatif très

intéressant de toute la saga des Final Fantasy, depuis le 1er sur

Famicom jusqu’au 11e sur PC. Les difficultés au début sont évidemment

d’ordre techniques, jusqu’au 7e épisode sur Playstation, où il peut

enfin faire totalement ce qu’il veut d’un point de vue créatif. Une première

évolution arrive avec l’arrivée du 4e épisode sur Super Famicom, 1er épisode où

la musique n’est plus permanente, ceci grâce à la qualité des bruitages, qui

permettent désormais de faire intervenir la musique uniquement aux instants

souhaités, aux moments critiques.La dernière grande étape pour lui

concerne l’apparition de la voix pour les personnages, dès le 10e opus. Cela

rapproche son travail d’une production cinématographique. Et il pense que la

prochaine génération de machine lui permettra d’innover encore. Sa petite

présentation se terminant, il laisse la place à son collègue

français.

David Masson est donc un compositeur de musiques

de jeux français. Il a principalement travaillé pour Ubi Soft, et notamment sur

Rayman. Il va insister sur les différences entre le Japon et la France

concernant la musique pour les productions vidéo ludiques, la principale étant

notamment d’ordre budgétaire. Ainsi, là où le budget musical pour une production

comme Final Fantasy est assez important, il sera toujours la dernière roue du

carrosse pour une production française. Cela est d’ailleurs encore pire depuis

l’année dernière, les éditeurs français ne désirant plus travailler avec les

compositeurs français et leur préférant leurs homologues étrangers, pour des

questions de loi sur le droit d’auteur. Cela surprendra d’ailleurs beaucoup Mr

Uematsu, ce genre de loi n’existant pas au Japon ou bien aux USA, où on peut

vendre une composition musicale comme n’importe quel bien.

Une fois les 3 interventions terminées

s’ensuit une série de questions-réponses où on apprendra que Mr Uematsu va

considérer le fait de faire un concert symphonique en France, sûrement surpris

par l’accueil qui lui est réservé ici. On apprendra également que son

compositeur préféré est Tchaikovski, et que sa bande son favorite hormis les

siennes est celle de Super Mario Brothers (on reconnaît là le sens de l’humour

japonaisJ ). Ensuite, le producteur du film Final Fantasy Advent

Children, Monsieur Hashimoto,monte

sur scène pour présenter son bébé, tout en précisant qu’il n‘était pas encore

terminé (environ 50% sur les 70 minutes de films au total), mais qu’il

reviendrait en France pour le présenter une fois achevé. On nous apprend aussi

que 300 personnes attendent dehors pour pouvoir rentrer, et que par conséquent

le soir même une autre projection serait effectuée. Les organisateurs n’avaient

sûrement pas dû mesurer l’engouement d’une telle manifestation. Et Nobuo Uematsu

non plus, précisant qu’après avoir visité 5 pays dont les USA, c’est ici en

France qu’il avait reçu le meilleur accueil. On n’en doute pas un

instantJ.

Pour clôturer cette après-midi de rêve, nous avons donc

assisté à la projection de 25 minutes de Final Fantasy Advent Children, 25

minutes qui m’ont paru durer 5 minutes, tant les yeux en prennent plein la vue,

plaçant l’animation à un degré rarement vu, et faisant ressortir tant d’émotions

à tous les joueurs de Final Fantasy 7 … tous ceux qui auront eu la chance

d’assister à cette projection me comprendront. Mention spéciale également à la

bande sonore signée Nobuo Umatsu, et qui s’annonce elle aussi grandiose,

reprenant des thèmes du 7e opus.

C’est une standing ovation de plus de 2 minutes qui clôturera

cette après-midi de rêve, des images plein la tête, et on espère également

que ce genre de manifestation se fera plus fréquente à l’avenir en France,

de façon à promouvoir les jeux vidéos autrement que dans les faits divers

des journaux.

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