Prez’Codemasters II : Clive Barker’s Jericho
Clive Barker’s Jericho
Après l’émotion d’une invasion nazie, ne croyez pas que les développeurs espagnols de chez Mercury Steam (Scrapland) soient là pour nous rassurer avec une simulation de jardinier. Au contraire ils enfoncent le clou avec une invasion de démons ! Voici venir en effet leur FPS horrifique Clive Barker’s Jericho. Petit rappel, Clive Barker est un écrivain/cinéaste/producteur mythique dans le monde de l’horreur. En plus d’être à l’origine de best sellers comme Les Livres de Sang ou Arabat, il est le père des monstres les plus hargneux et méchants du cinéma d’horreur grand guignolesque (HellRaiser, Candyman, etc.).
Fort d’un tel background il collabore actuellement à la création d’un FPS horrifique, sa première incursion dans le milieu, Clive Barker’s Jericho. Il est certain que vous vous voyez déjà seul enfermé dans une sombre demeure à guetter des heures durant les zombies mangeurs de crabes (et de chair humaine au dessert). Si c’est le cas vous avez tout faux car pour une fois c’est en équipe que vous devrez survivre ! Une chose rare dans le genre mais qui ne rassure paspour autant lorsque la langue d’une goule décérébrée vient vous chatouiller les orteils. L’univers de Barker ne fait pas dans le Silent Hill ni le Resident Evil. Ici c’est action, tueries et tripes qui pendouillent grâce à l’escouade Jericho, une bande de 7 brutos et brutas engagés par le gouvernement pour enquêter sur une chose « para-pas-très-normal ». Jericho vous proposera d’incarner jusqu’à 7 agents engagés par le gouvernement afin d’enquêter sur l’apparition de la cité d’Al Kalhi, surgie des sables et source d’une activité cauchemardesque. Deux originalités sont au programme, premièrement la possibilité de diriger les 7 mercenaires en même temps, en passant de l’un à l’autre à tout moment, et deuxièmement, chaque gaillard dispose non seulement d’armes conventionnelle mais aussi et surtout de pouvoirs paranormaux. Quoi de plus adapté pour aller expédier le mal présent dans cette cité. Vous voilà ainsi parti pour découvrir l’origine d’Al Kalhi en parcourant différentes époques grâce à des failles temporelles disséminées au sein de la cité. Vous voilà prêt à vadrouiller dans l’horreur du 21ème siècle jusqu’à 4000 ans avant Jésus-Christ, en passant par la seconde guerre mondiale, le temps des Croisades et la Rome Antique.
Après une présentation du contexte parlons du jeu lui même. Commençons par les menus que les développeurs nous exhibent fièrement avec un sourire. Comment décrire la vision qui se présente subitement à nous ?
« Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.»
Les amateurs de Baudelaire et des Fleurs du Mal devraient aisément visualiser l’aspect de ces menus. En effet, les classiques « Charger une partie », « Options », etc., sont placés devant ce qui ressemble à une plaie purulente avec pour fond sonore et visuel un essaim de mouches à cadavre…Messieurs dames bon appétit, et ne vomissez pas le champagne offert juste avant la séance. Charmante mise en bouche si je puis dire suivie de la vidéo d’intro du titre. Voici l’escouade Jericho pénétrant dans la fameuse cité pour y découvrir un endroit glauque à souhait et vraisemblablement vide. Nous découvrons 7 protagonistes au look patibulaire mais néanmoins sexy en ce qui concerne les quelques filles. Parmi ce beau monde, un esprit fantôme (le chef), un hacker de réalité, un exorciste, un extralucide, une télékinésiste, un pyromancier et une experte en scarification qui utilise son propre sang pour attaquer… La fine équipe découvre subitement des restes humains avant de se faire assaillir par une bande de zombis, fantômes et autres bizarreries maléfiques. L’action s’enchaîne et se déchaîne promettant peu de finesse ingame. Arrivent enfin les phases de jeu. Parmi la liste d’une quarantaine de niveaux aperçus, c’est dans des égouts moyenâgeux que la démonstration débute. Une vue FPS classique sublimée par une magnifique pluie nous assaille avant que le joueur s’enfonce dans des égouts extrêmement sombres. Première bonne surprise, la localisation française du titre est déjà faite. C’est donc dans la langue de Molière que l’on écoute les petites blagues vaseuses que se lancent les différents membres de l’équipe. Détail assez sympathique. Dès la rencontre des premières goules et templiers zombies, c’est l’occasion de s’essayer aux différents personnages ainsi que leurs armes et pouvoirs. Passer de l’un à l’autre semble rapide et très peu contraignant. Un effet la transition se fait extrêmement vite à la façon d’un Battlefield 2 Modern Combat. Vous voilà à dézinguer du méchant avec des armes plus ou moins banales (revolver, épée, fusil). Notons la présence d’un fusil de sniper ultra puissant si l’on considère la taille des giclée de sang à l’explosion des têtes touchées par ses projectiles… Vient ensuite un rapide aperçu des pouvoirs. D’un revers de la main, par télékinésie, un membre de l’escouade est capable de déblayer un chemin encombré de rochers. Un gros bourrin, à la vue du mini gun qu’il porte, dispose d’un esprit du feu prisonnier de son bras droit. Un autre nous la joue Max Payne en ralentissant le temps à la façon d’un bullet time. Un dernier exemple pour la fin, mais elle reste ma préférée, une amatrice de scarification se coupant la main à tort et à travers (mais sans jamais avoir de cicatrices) pour lancer son sang sous forme de tentacules ou autre. Vous étiez prévenus, Clive Barker doit refouler pas mal de choses pour être à l’origine de tels concepts ! En gros ces caractéristiques annoncent Jericho comme un FPS bourrin « en équipe ». Cette description qui au final ne laisse pas présager une grande originalité pourrait à elle seule vous donner envie d’arrêter de lire. Ce serait compréhensible mais vous passeriez à côté d’une des belles surprises qui nous attendait. En effet entre deux zombies roussis à l’esprit du feu, vous voilà l’envie de descendre dans un puits, et c’est là qu’intervient une séquence de Quick Time Event inattendue. Vous allez devoir appuyer sur le bon bouton de la manette dans un timing précis pour ne pas glisser et descendre tranquillement. Mais aviez vous oublié que vous vous trouvez dans une cité maléfique ? Tout à coup, une espèce de templier zombie se jette dans le puits et vous voilà à chuter en essayant d’éviter de perdre un bout de viande que vous arracherait bien la bestiole avec ses dents pourries. On en sentirait presque l’haleine tellement sa face est proche de l’écran. Et bien sûr, toujours en mode QTE! Autre niveau, autre époque, la Rome Antique et ses jeux du cirque particulièrement adaptés à l’ambiance horrifique de Barker. Encore plus adapté quand un cannibale pervers et obèse du nom de Cassius Vicus est maître de l’endroit. Avant de l’affronter le joueur tombe dans un guet-apenssitué au sein d’une arène assez impressionnante visuellement. Il va falloir résister à des vagues d’ennemis, il faut l’avouer, pas très vindicatifs et faiblards, pour un résultat peu palpitant. Mais force est de constater que les créatures volantes qui vous assaillent disposent d’une animation plus que correcte voire excellente. Dernière phase de gameplay offerte par les développeurs : un combat contre le fameux pervers psychotique Cassius Vicus. Le bougre, en plus d’être pervers, est trop gros pour se déplacer, d’où un système de poulies attachées au plafond pour lui permettre de se mouvoir et s’ouvrir le ventre pour vous déverser ses intestins ! Finesse quand tu nous tiens ! Une fois la surprise passée il va falloir gérer le passage entre les 7 membres de l’escouade pour ne pas tous mourir et anéantir ce démon qui dispose de l’aide d’un imposant garde du corps. C’est sur ce combat que l’on réalise l’utilité d’être 7 dans cette mission. Utilisez des personnages pour distraire le garde du corps tout en attaquant le gros (et c’est peu dire) méchant et soigner ses hommes à terre grâce au chef de bande Devin Ross ne s’avère pas de tout repos.
Voilà tout ce que nous avons pu découvrir du jeu, mais c’en est assez pour trouver le titre assez attirant malgré quelques défauts plus ou moins gênants. Ainsi, les ennemis semblent bien peu déterminés et on assiste à des scènes du genre « un coup d’épée/un mort ». Les armes à feu semblent aussi moins efficaces que l’épée de l’amatrice de scarification. De même, on ne croule pas sous le nombre d’ennemis. Tous ces éléments donnent un petit côté molasson au jeu, là ou l’on attendait beaucoup plus d’action et de nervosité. On se sent invincible mais pas puissant. Les amateurs de FPS bourrins comme Painkiller seront déçus. Ces défauts sont peut être dus au faible niveau de difficulté de la démonstration. A suivre tout de même. Autre sensation bizarre, l’utilité du changement de personnage. Pour vous décrire notre pensée, j’utiliserais une phrase venant de notre ami Fabrice du Magazine Officiel Xbox : on a l’impression que pour changer d’arme on change de personnage. En effet, l’utilité de sept combattants ne saute pas vraiment aux yeux, et c’est seulement lors du combat contre le boss que tout l’intérêt est apparu.
Au final, sur leur globalité, les niveaux présentés ne donnent pas une impression flagrante de « vrai » jeu en équipe. Reste àvoir le mode multijoueur qui pourrait s’avérer sympathique en collaboration. Avec la chance de disposer du talent d’un créateur d’ambiance, ce FPS peut s’avérer une bonne surprise. Concernant les défauts, d’ici septembre les développeurs auront le temps de régler le nombre d’ennemis et leur résistance à nos coups. Un titre avec un certain potentiel donc pour amateurs de FPS et les autres.