1st Look

15.09.2008 à 04h50 par |Source : Rédaction

Bayonetta

Le chemin est souvent dur pour les studios résolus à innover dans l’industrie du jeu vidéo. Clover l’a appris à ses dépens : on a beau produire des références acclamées par la critique du monde entier (Okami), des titres originaux fédérant des communautés de fans transis (God Hand), rien n’y fait. Si les bilans financiers ne suivent pas, c’est le mur. Ecartés par Capcom, les développeurs ont décidé de fonder Seeds, rapidement renommé Platinum Games. Et, alors qu’on commençait à craindre que rien n’arrive, c’est Sega qui a annoncé avoir conclu un contrat de quatre jeux avec ces gentils sorciers. Bayonetta, le seul soft Platinum prévu sur 360 pour le moment, est, avec le dérangé Mad World, une des promesses les plus concrètes de cette alliance.

Révélation

Bayonetta vole. Elle virevolte, en équilibre, presque en apesanteur, courant sur cette énorme tour en chute libre dans la stratosphère. En contrebas, le globe terrestre se rapproche à une vitesse vertigineuse, alternant avec le ciel piqueté d’étoiles, au gré des tournoiements de la construction en pleine dislocation. Autour de la sorcière-combattante, une mystérieuse alliée, mais surtout des centaines et des centaines d’anges. Tellement, à vrai dire, qu’il serait vain de tous les compter. Ces créatures immaculées, malgré leur nom, ne sont pas venues pour apporter la paix à l’âme de Bayonetta. Elles ont pour mission de lui faire rendre gorge. Par bataillons entiers, elles s’abattent sur le duo qui, inlassablement, repousse les attaques à grands renforts d’invocations et de pirouettes alambiquées.

La séquence s’arrête brusquement. Trop tôt. La salle, occupée par une douzaine de journalistes fatigués par une journée de présentations, n’en revient pas. Et les applaudissements partent, naturellement, devant tant de maestria. Ce n’était pas une cinématique. C’était une séquence de gameplay de Bayonetta.

Dire que nous attendions cette présentation de Bayonetta, le nouveau jeu d’Hideki Kamiya, un des game designers les plus doués de sa génération, serait un euphémisme. Dès le premier jour, nous le savions, le rendez-vous sur le stand Sega serait particulier. Mais de là à imaginer assister à une telle démonstration, il y avait encore un immense pas. Car Bayonetta est tout simplement ahurissant, une affirmation formulée en toute objectivité. Si Kamiya fait le fier dans la presse, critique Ninja Gaiden ou n’importe quel autre titre d’action et affirme que le genre n’a pas bougé depuis Devil May Cry, c’est qu’il peut se le permettre.

Bayonetta au canon

Visuellement, Bayonetta est sans doute l’un des plus beaux jeux jamais créés. Rien que ça.Le style artistique, explosif, débridé, fait furieusement penser à (quand on parle du loup) Devil May Cry, tant par le design des ennemis que celui des décors. Mais le jeu possède d’autres arguments, à commencer par une fluidité jamais prise en défaut, alors même qu’il reste encore plusieurs mois de développement à Platinum pour peaufiner le jeu. On ne peut aussi oublier les fantastiques animations, du déhanché de Bayonetta (à vous briser le coccyx) aux mouvements de combat, qui surpassent Devil May Cry 4 en esthétisme et Ninja Gaiden 2 en vitesse. Regarder Bayonetta est un spectacle visuel qui tend à prouver qu’on arrive enfin, trois ans après la sortie de la Xbox 360, à l’étape supérieure.

Evidemment, Bayonetta est un titre guerrier et sanglant, ce qui n’aidera sans doute pas à donner une meilleure image du jeu vidéo aux masses trop sensibles à l’hémoglobine, mais enfin, quand une production atteint un tel degré d’excellence, c’est autre chose que l’explosion de tête basique et inutile du premier FPS venu. Pour mettre ses adversaires à l’amende, Bayonetta dispose de techniques variées, que ceux qui suivent l’actualité du jeu connaissent déjà. La belle est équipée d’armes à feu aux mains et aux pieds, ce qui permet de varier les combos au gré de ses préférences. Néanmoins, ce qu’on sait moins, c’est que notre héroïne aura beaucoup plus que de simples pistolets à sa disposition. La présentation proposait un duo Katanas (un dans chaque main)/Fusils à pompe (fixés aux… pompes) plutôt dévastateur, choisi au sein d’un inventaire bourré d’autres possibilités.

En tant que sorcière visiblement aguerrie, Bayonetta peut aussi utiliser des sortilèges. Mais toujours avec classe, puisque ce sont ses cheveux qu’elle emploie pour former des poings géants, très utiles pour mettre ce que vous savez sur les i. Et pour clore les débats, la demoiselle peut faire apparaître une guillotine ou un cercueil garni de pieux, des accessoires jouissant d’un effet on ne peut plus létal.

Les combats nous ont semblé bourrés de dynamisme, aidés en cela par des séquences au ralenti ou encore des phases de finish nécessitant de bons gros button-mashing des familles. Le tout avec une savoureuse pop japonaise en fond sonore, à la manière d’un certain Mad World.

Après la fameuse scène dite de la chute, qui a montré non seulement un potentiel visuel insoupçonné, mais aussi une belle complémentarité gameplay-cut-scenes (les transitions sont immédiates et fluides, sans changements de champ de caméra), les quelques questions posées à Yusuke Hashimoto, le producteur du soft, ont révélé d’intéressantes perspectives. A commencer par un possible mode coopération. Le membre de Platinum a ainsi répondu qu’il n’avait « rien à déclarer » par rapport à un tel mode, plutôt que de nier totalement son existence. Le scénario du jeu, lui, nous a été présenté comme « surprenant », avec, au cœur de l’intrigue, l’opposition entre les « méchants » anges et la « gentille » sorcière. Cette inversion des rôles devrait s’avérer beaucoup plus profonde qu’une simple originalité de façade. Et on veut bien le croire, en voyant quelles créatures terrifiantes les anges cachent sous leur carapace argentée.

Tenez-vous le pour dit, Bayonetta, quoi qu’il arrive, sera un des titres majeurs de l’année 2009. Kamiya, Platinum, l’équation était déjà gagnante, mais, quand on a eu la chance de voir ce jeu tourner, on réalise qu’il évolue dans les plus hautes sphères. C’est une révélation, plus belle encore quand on sait par où les ex-employés de Clover sont passés. Que Sega ait choisi de leur donner carte blanche est quelque chose de très important pour l’industrie du jeu vidéo en général, mais aussi pour les joueurs PS3 et Xbox 360, qui risquent de ne pas en revenir de sitôt. Pour notre part, on plane encore.

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