Dossier

05.05.2009 à 01h10 par |Source : Rédaction

Chronique XM #3 : Mass Effect, une histoire de biologie

Si, comme on l’a vu dans une précédente Chronique sur Xbox-Mag, Mass Effect peut revendiquer une affiliation étroite avec la physique, comme toute bonne œuvre de Science-Fiction, la liaison du jeu de rôles de Bioware avec le domaine scientifique ne s’arrête pas là. A l’heure où l’on prévoit une stagnation des performances sportives d’ici 2030, Mass Effect réinvente le concept de surhomme, anticipe l'évolution de la médecine ou encore crée des espèces alien au morphotype tout à fait plausible. Seconde plongée dans l'univers du jeu dont on attend la suite avec beaucoup d'impatience (début 2010).

2ème partie : parlons biologie

Nous sommesà bord duNormandy, le croiseur du commandant Shepard, un soldat de l’Alliance surentraîné. A bord du vaisseau, quelques mystérieux « biotiques » se mêlent à l’équipage. Ce sont des personnes contaminées par l’élément Zéro (aussi appelé « ézo », « eezo » en anglais), que nous vous avions précédemment présenté. Capable de lier les forces gravitationnelles aux champs électriques, ce dernier a été découvert, dans le script de Mass Effect, sous forme raffinée sur Mars, près des ruines d’une antique civilisation, celle des Prothéens.

L’élément Zéro possède la particularité de se mêler, tel un parasite, à l’organisme. L’exposition in utero peut conduire à des mutations. Si, en de rares occasions, le métabolisme s’en trouve amélioré, la plupart des gens ne réagissent pas à l’expérience ou, pire, développent de graves formes de cancers. Kaidan Alenko, compagnon de Shepard, a pu observer tout cela au cours de sa très dure formation, au centre de Point Zero.

Cette idée d’obtenir des capacités spéciales après altération de l’ADN est classique dans la fiction, surtout aux Etats-Unis où des séries phares telles que X-Men, ou plus récemment Heroes, développent abondamment le sujet. Ce qui sort davantage de l’ordinaire, c’est l’utilisation de la technologie comme vecteur d’expression de ces nouvelles capacités. Dans Mass Effect, des appareils logés dans le cerveau des biotiques, appelés amplis, sont capables de canaliser cette nouvelle force, transformant leurs porteurs en véritables machines de guerre. Les personnes contaminées sont en effet enrôlées dès leur plus jeune âge pour être formées aux pratiques biotiques, et au forceps, quitte à ce que certains meurent en chemin.Est-ce si fantaisiste que cela, à une époque où il est question de réalité augmentée ou encore de lire dans les pensées de nos Astronautes, comme le prévoient certains projets de la NASA ? Pas vraiment.

En réalité, Mass Effect s’inspire de la science actuelle et la projette dans le futur. Aujourd’hui, les chercheurs sont parfaitement capables de créer des puces électroniques pouvant être logées dans le cerveau et permettant de retrouver partiellement la mobilité d’un membre, l’emploi de l’ouïe et peut-être même de la vue. Ces avancées, bien qu’étant encore à un stade expérimental, sont pour la plupart des exemples précoces de l’interface homme/machine que l’on retrouve dans Mass Effect. Des progrès très significatifs ont été faits en matière de liaison de prothèses au corps humain, autorisant une connexion directe entre un membre artificiel et les terminaisons nerveuses de l’organisme. Actuellement conçues pour aider la personne à saisir des objets d’utilité courante, ces prothèses ne sont néanmoins pas encore en mesure de reproduire la sensation du toucher. Mais la recherche se penche dorénavant sur le traitement des signaux nerveux (qui ne sont, au fond, que des courants électriques provoqués par des mouvements d’ions de l’intérieur à l’extérieur de cellules) en vue de reproduire les capacités sensorielles d’un individu par le biais des membres cybernétiques. Pourquoi ne pas alors imaginer de nouvelles capacités permises par le biais de la technologie ?



Une prothèse bien utile, qui pourrait bientôt exister en vrai.

Les sabres-laser, par contre, on ne sait pas trop…

Surhomme ou pas, on n’en est pas pour autant invulnérable, et il est parfois utile d’avoir de quoi se soigner. La médecine, dans Mass Effect, s’appuie sur un nécessaire de survie appelé médigel. Cette substance permet d’avoir accès à un panel de soins quasi-miraculeux : anesthésique, désinfectant, anti-coagulant, etc. C’est, à la base, un protoplasme (le terme existe réellement) génétiquement modifié, c’est-à-dire de la matière vivante. Grosso modo, des bactéries, des cellules diverses, capables de soigner une blessure.

Star Wars avait, comme d’autres œuvres, exploré cette voie avec les cuves bacta (utilisées par Luke Skywalker au début de L’Empire Contre-Attaque, après qu’il ait échappé à la mort dans les neiges de Hoth). Mais là encore, est-ce vraiment un rêve impossible ? Les scientifiques d’aujourd’hui parlent de cellules souches, de refaire pousser de l’épiderme, voire même des organes entiers. La maîtrise de ce que peut nous offrir la nature est grandissante et permet par exemple de traiter des déchets, dépolluer des sols… et, pourquoi pas, de réparer des êtres vivants. Sous l’Empire Romain, on utilisait des vers pour débarrasser les plaies des chairs mortes. Les sangsues sont couramment utilisées en médecine (hirudothérapie) pour des traitements du sang, par exemple dans l’hypothèse où un greffon de peau menace de mourir. Alors, dans ce cas, des êtres plusieurs millions de fois plus petits, et représentant une énorme majorité de la biomasse et de la diversité écologique, ne seraient-ils pas capables de prouesses encore plus étonnantes ? Peut-on même imaginer des bactéries créées de toutes pièces et répondant à nos besoins ? C’est ce rêve, pas si irréel, que matérialise Mass Effect.



Turiens, Volus, des physionomies très différentes mais totalement justifiées dans Mass Effect

Pour terminer, intéressons-nous à nos amis les aliens. En général, les auteurs de science-fiction font preuve d’une imagination débordante en ce qui concerne les créatures vivant à l’autre bout de la galaxie. Avec des antennes, marchant sur trois pattes, exhibant six paires d’yeux ou encore trois pénis. Les délires les plus fous sont réalisés sans complexes. Mais quelle est la justification de cette extravagance ? Généralement, cela tient au simple fait de se faire plaisir en tant qu’artiste. Pour Mass Effect, les choses sont différentes. Le physique de chaque race est clairement et logiquement justifié. Les Volus sont petits et trapus parce qu’Irune, leur planète, est énorme, et que la pesanteur résultant de cette masse colossale n’a pas permis à la vie de grandir en hauteur. Si les Turiens possèdent des plaques métalliques naturelles sur le visage (une espèce d’exosquelette), c’est pour se protéger des rayons UV très nocifs de leur Soleil, peu filtrés par l’atmosphère très réduite de Palaven, leur monde. Et les Krogans, habitués à vivre et chasser dans les environnements hostiles de la planète Tuchanka, possèdent une vue à 240°, contre 180° à l’Homme. La physionomie, le morphotype des personnages est donc bien en accord avec l’agencement de leurs mondes d’origine.



Les vers Riftia parviennent à survivre dans des environnements

très hostiles (eau à 300°)

Aujourd’hui, une toute nouvelle forme de biologie est en train de naître dans les laboratoires du monde entier. Il s’agit de l’exobiologie, qui à pour but d’imaginer, de postuler la vie sous toutes ses formes. Et parfois, celle-ci trouve naissance dans les lieux les plus extrêmes. Citons par exemple les vers Riftia, qui vivent sur la dorsale médiane de l’océan Atlantique, à 3600 mètres de profondeur, par des températures de plus de 300°. Dépourvus de tout organe commun, ils se nourrissent à l’aide des bactéries qu’ils abritent par un procédé nommé chimiosynthèse.

Richesse et cohérence de background, voici les qualités démontrées par Mass Effect, un univers pensé jusque dans ses moindres détails. Si vous ne l’avez pas encore lue, foncez sur la première partie, Mass Effect, de la science et de la fiction.

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