Dossier

16.09.2009 à 19h40 par |Source : Rédaction

Chronique XM > Survival Horror, un genre en voie d’extinction ?

Genre particulièrement difficile à réaliser pour les développeurs, le Survival Horror a pourtant marqué, dans l'Histoire du jeu-vidéo, un tournant indiscutable en matière d'ambiance et de narration. Parfois visuelle, souvent psychologique, la peur engendrée par ces différentes productions a fait cauchemarder une communauté de joueurs constamment en recherche de sensations fortes. A travers les générations, l'évolution de ces titres horrifiques a cependant été fulgurante. Aujourd'hui, nous allons essayer de décortiquer ce qui fait la substance de ce genre si singulier. Embarquement immédiat pour la maison des horreurs !
Les prémices d’une horreur sans fin

Pour le Survival Horror, tout commence il y a maintenant près de vingt ans. C’est à ce moment charnière qu’Infogrames et Frédérick Raynal donne naissance à un genre qui confrontera par la suite les joueurs à leurs peurs les plus primales. Déjà à l’époque, les piliers inébranlables des jeux d’horreur sont implémentés dans Alone in the Dark, qui se révèle être la première production de l’Histoire à endosser le qualificatif de « Survival Horror ». Mettant en scène Edward Carnby, détective spécialisé dans les affaires paranormales, Alone in the Dark nous proposait d’enquêter sur différents événements au sein d’un manoir particulièrement inquiétant. A l’époque, le titre connut un succès fulgurant, et le huis-clos horrifique qu’il nous proposait de vivre allait procurer aux joueurs des sensations jusque-là inconnues.

Au regard de la renommée de la série, deux suites directes virent le jour, pour le plus grand plaisir des joueurs. Après une période d’absence, la série est cependant revenue sur le devant de la scène pour un nouvel opus développé par Eden Games sur Xbox 360. Cet épisode Xbox 360 a néanmoins dû affronter des contretemps d’importance, dont le principal reste le manque de finitions évident du titre, handicapé par une multitude de problèmes d’ordre technique. Sympathique, et porté par un moteur physique plutôt impressionnant, ce Alone in the Dark accusait cependant un retard non négligeable sur les mastodontes du genre qui, s’inspirant de certaines de ses idées pour les fructifier, ont su se créer une solide réputation.



Un genre en constante évolution

Capcom fut l’un des premiers à populariser le Survival Horror sous les traits de l’angoissant Resident Evil. Reprenant certains des thèmes d’Alone in the Dark, comme le manoir habité par d’étranges créatures, Resident Evil allait rapidement devenir l’un des incontournables du genre, chaque nouvel épisode constituant un véritable événement sur le calendrier des joueurs du monde entier. Le concept était simple, mais diablement efficace : Une multinationale s’adonnant à des expériences pour le moins douteuses dans un lugubre manoir, une équipe d’intervention partie à la recherche de leurs compagnons au sein de la bâtisse, le décor est planté. Pour autant, Resident Evil n’a presque jamais cédé aux sirènes de la facilité, et a su, à travers ses différents épisodes, créer une ambiance cauchemardesque particulièrement soignée. Connu pour sa difficulté relevée, Resident Evil fut rapidement suivi par plusieurs suites, certaines se déroulant dans la ville de Raccoon City, véritable épicentre des horreurs regorgeant de zombies et autres atrocités expérimentales. La particularité de la série demeure sa capacité à créer chez les joueurs une pression constante, ces derniers ne sachant pas ce qui les attend réellement au détour d’un couloir. Nemesis dans Resident Evil 3 constitue l’exemple idéal, cette gigantesque abomination poursuivant sans relâche Jill Valentine au coeur de la ville.

Pourtant, même si le genre nécessitait sans le moindre doute une refonte dans le but de s’accorder avec les évolutions technologiques, Capcom prit un tournant que beaucoup, encore aujourd’hui, regrettent amèrement. Depuis le quatrième épisode de Resident Evil, le développeur eut en effet l’idée d’attribuer à sa série phare une propension pour l’action brute jusque-là étrangère aux mécaniques de la série. Même si les qualités sont évidentes et que Resident Evil 4 est considéré comme l’un des fleurons du jeu d’action, ce virage radical constitue l’un des véritables problèmes de l’avenir du Survival Horror, qui tend dangereusement à perdre son identité pour s’accorder aux standards actuels. Pourtant, lorsque Resident Evil 5 arriva sur 360, l’accueil du titre fut autrement plus mitigé. Visuellement superbe, ce cinquième épisode marquait pourtant le mariage improbable entre un jeu d’action survitaminé et une maniabilité d’un autre âge. Même si les avis restent divisés, et que beaucoup le considèrent comme une référence, tout le monde s’accorde à dire que la série nécessite plus que jamais toute l’attention de son développeur. A vrai dire, ce que beaucoup souhaiteraient est un retour aux sources de la série qui, quoique l’on en dise, semble avoir été dénaturée au fil des années, et pas toujours pour le meilleur…



Quand la psychologie du joueur est mise à rude épreuve

En parallèle aux productions de Capcom, parmi lesquelles nous pouvons inclure Dino Crisis et quelques autres, Konami faisait, de son côté, une entrée remarquée dans le cercle très fermé des titres horrifiques. Avec Silent Hill, Konami allait en effet créer une forme de peur autrement plus viscérale. Flirtant avec les craintes les plus primales des différents joueurs, Silent Hill nous proposait une aventure suffocante, au coeur d’une ville rongée par la folie. Mettant fréquemment le joueur face à des images dérangeantes, le titre de Konami préférait jouer sur la suggestion, laissant aux joueurs le soin d’imaginer toutes les horreurs qu’ils pourraient rencontrer, sans jamais trop en montrer. Un concept qui allait faire de Silent Hill l’un des plus prestigieux représentants du genre.

Plusieurs suites virent le jour, dont un second et un troisième opus parfaitement en phase avec les mécaniques de la série. Pourtant, l’arrivée de Silent Hill sur les consoles de Microsoft allait marquer un tournant peu glorieux pour la série. Après Silent Hill 4, considéré comme l’un des épisodes les plus décevants, la saga de Konami perdit progressivement sa renommée. Silent Hill : Homecoming, paru sur Xbox 360, constituait hélas la preuve de ce changement de direction, attribuant à la série des penchants un peu trop prononcés pour l’action.



Un genre en voie d’extinction ?

Est-ce une fatalité ? C’est une des questions que l’on peut légitimement se poser en regardant d’un peu plus près l’Histoire des Survival Horror. Leur âge d’or semble définitivement révolu. Bien que certains titres parviennent à s’inspirer des mécaniques du genre en les sublimant, comme par exemple l’exceptionnel Dead Space, l’impression d’assister impuissant à la perte d’identité des Survival Horror reste difficilement occultable : une série culte telle que Resident Evil revoyant ses fondamentaux, Silent Hill perdant son identité et son ambiance si caractéristique, la démocratisation excessive du jeu d’action semble avoir eu raison de ces séries mythiques. Et même s’il subsiste un espoir grâce à des titres tels que Project Zero et quelques autres, c’est toute une communauté de joueurs qui s’inquiète de l’avenir incertain de ce genre si singulier.

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