Test : 5 rue Sésame : Il était un Monstre sur Xbox 360
Enfants heureux, parents chanceux
Vous les reconnaissez ? Mais oui, assurément. Elmo et son rire si communicatif, Macaron et son insatiable appétit pour les cookies et puis il y a Marco, Seamus et toute la joyeuse bande de Sésame Street. Plus de quarante ans à éveiller les esprits des petits, ça force le respect. Cette année, nos gentils amis ne quittent pas cette télévision qui leur est si chère mais changent de média pour plus d’interactivité avec 5, Rue Sésame : Il était un Monstre. Et qui dit interaction avec sa télé dit forcément Kinect. Mais non, ne fuyez pas ! On sait que l’addition de motion controller, licence connue et jeu pour enfant donne souvent quelque chose qui cherche à remplir les poches en vidant le jeune joueur de tout sens critique. Mais cette fois-ci les éléments semblent rassemblés pour briser cette malédiction. Il y a bien sûr cet univers de Sésame Street qui a su traverser les âges mais surtout, nous autres joueurs accomplis, reconnaitront avec soulagement l’identité du développeur : Double Fine. Un studio qui se plait décidément à faire dans l’éclectisme après avoir jonglé entre roadies, poupées russes et militaires. On a donc envie de croire en quelque chose de bon avec ce titre, ce qui rend le pari particulièrement risqué. A combien de jeux mal fichus avons-nous eu à faire depuis la sortie de Kinect l’an dernier ? Il est donc temps d’ouvrir ce mystérieux livre trouvé par Elmo et à partir duquel nos deux héros et leurs compères vont vivre de belles aventures… Ce qu’espèrent aussi les grands enfants que nous sommes.
Six chapitres (et éventuellement un de plus en téléchargement payant sur le Xbox Live) donneront l’occasion aux enfants de suivre Elmo et Macaron dans autant de petites histoires, prétextes à toutes sortes de jeux plus ou moins originaux. L’anniversaire de Marco, la pièce de théâtre mise en scène par Macaron ou la chasse à la pollution dans un jardin… Des aventures de tous les jours pour les enfants et comme dans l’émission télévisée, on ressent très bien cette volonté que le joueur apprenne un petit quelque chose, sans que cela ne soit proprement éducatif. Les mini-jeux composant le titre tentent d’ailleurs de tirer parti au maximum des possibilités offertes par Kinect. Bras, jambes et on remarque aussi, ce qui est agréablement surprenant, que les cordes vocales du joueur sont mises à profit. Ainsi, Macaron lui demandera de vocaliser diverses expressions (peur, rire, etc) pour les intégrer ensuite dans un autre jeu. Un point en plus pour l’immersion. Globalement, les mini-jeux se composent d’activités de logique (associer les bons thèmes ou les bonnes couleurs en déguisant Marco), de rythme ou plus basiquement de reproduction : battre des "ailes" et bouger son buste pour atteindre le sommet d’un arbre, suivre les pas d’une danse, planter des graines puis les arroser… La thématique de chaque chapitre est bien utilisée et les activités tentent avec succès de ne pas être trop redondantes, même si l’on retrouvera parfois des mini-jeux très similaires sur deux chapitres différents.
Elmo tador
Les aventures des compères rouge et bleu peuvent être jouées seul ou à deux et révèlent une reconnaissance de mouvements très convaincante. Le jeune joueur sera capté sans souci par Kinect (notez que le jeu se joue uniquement avec cet accessoire), même s’il lui faudra rester bien sagement dans l’aire de jeu. Logique me direz-vous, mais cette précision avec laquelle Kinect gère l’entrée et la sortie du jeu est telle qu’elle peut être à double tranchant : un orteil d’une personne dans la pièce qui entre dans l’aire de jeu et voilà que celui-ci fait signe de participer, et l’icône ne bougera pas tant que l’on aura pas choisi de jouer ou de quitter la pièce. Ceci est valable également pour le joueur. Oui, il faut bien trouver de quoi à chipoter. Parce que les activités s’enchainent et peu importe le type de jeu, la latence est plus qu’acceptable et les mouvements bien reconnus. Même lorsqu’il faudra planter une fleur, changer de mouvement pour l’arroser et changer encore pour arracher les mauvaises herbes, jamais Kinect ne sera pris à défaut. Cela vaut aussi pour la reconnaissance vocale précédemment évoquée. Cette souplesse des contrôles est également mise en valeur par une utilisation intelligente et adaptée au jeune public : dans une épreuve de danse, pas la peine de se secouer du début à la fin, reproduire le mouvement quelques secondes le valide avant de passer au suivant et ainsi de suite. Ainsi, les plus petits qui ne pourraient reproduire fidèlement une chorégraphie du début à la fin pourront quand même voir un beau résultat à l’écran.
Le jeu donne ainsi aux joueurs les clés pour s’amuser sans connaitre la moindre frustration. Malheureusement cette volonté déborde un peu sur le plaisir de réussir en proscrivant toute possibilité d’échec. Selon l’âge du joueur, la chose peut nuire à l’expérience. Et puis l’ennui avec Elmo et Macaron, c’est qu’ils n’ont pas choisi de rester très longtemps avec les enfants. Pourtant, on les aime bien, mais au bout de six chapitres pour environ cinq heures de jeu, voilà que ces aventures se terminent. Certes, les activités agréables sont propices à être rejouées mais on aurait bien aimé un chapitre ou deux de plus. Car ce qui fait le charme particulier de 5, Rue Sésame : Il était un Monstre c’est son univers, ses personnages, ses dialogues à la fois simples et bien écrits. Portés par des doublages tout bonnement excellents, Elmo, Macaron et leurs acolytes insufflent beaucoup de tendresse à cette production, et les plus petits joueurs les écouteront assurément avec beaucoup d’attention. Ils seront tout autant émerveillés par une réalisation graphique de très bonne facture, qui donne vie à des décors variés et des personnages encore une fois très fidèles à leurs origines. Une fois le livre refermé, on regrette que tout ce petit monde ne se retrouve pas dans des bonus autres que quelques artworks, la course aux cinq étoiles dans chaque jeu n’étant pas non plus l’appât idéal pour motiver ce type de public. Mais quoi qu’il en soit, 5, Rue Sésame : Il était un Monstre représente un travail fait avec soin, enchanteur même pour quelques heures, comme on aimerait en voir plus souvent dans l’univers du jeu pour enfants.
+
- C'est très joli
- Ambiance sonore excellente
- Activités variées
- Détection de mouvements bien calibrée pour le public
-
- Durée de vie faiblarde
- L'absence de toute possibilité d'échec n'aide pas à rallonger la sauce