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Ace Attorney Investigations Collection

| Edité par Capcom

9/10
One : 06 September 2024 Series X/S : 06 September 2024
06.09.2024 à 09h42 par - Rédacteur en Chef

Test : Ace Attorney Investigations Collection sur Xbox Series X|S

Toujours pas d'objection

Si toutes les compilations Capcom ne sortent pas sur Xbox, nous avons pu profiter de l'intégralité des épisodes canoniques de la franchise Ace Attorney à travers deux collections de qualité, sorties respectivement en 2019 et en 2024. De quoi faire oublier l'absence de The Great Ace Attorney Chronicles sur nos consoles, d'autant que Capcom a trouvé le moyen de faire profiter les joueurs Xbox des spin-off Ace Attorney Investigations. Une nouvelle compilation, de deux jeux cette fois-ci, pour un résultat hautement convaincant.

Moins d’un an après avoir quitté Appolo Justice et Phoenix Wright, Capcom nous propose déjà de retourner faire un tour dans l’univers imaginé par Shu Takumi avec Ace Attorney Investigations Collection. Une compilation qui regroupe Ace Attorney Investigations: Miles Edgeworth sorti en 2009, et sa suite directe intitulée Ace Attorney Investigations 2: Prosecutor’s Gambit, sortie en 2011. Pour le contexte, il faut savoir que ces deux titres se présentent à la fois comme des spin-off, mais également comme une vraie parenthèse pour une saga qui avait besoin d’insuffler de la nouveauté au-delà de ses scénarii toujours bien écrits. Sans changer totalement l’ADN de la franchise et ses codes, ces deux épisodes ont ainsi le mérite de proposer quelques nouveautés bienvenues. A commencer par des traductions intégrales des textes en français, là où aucun des deux jeux n’en proposaient à leur sortie. Mieux encore, le second jeu n’était jamais parvenu à franchir la frontière du Japon, et arrive ainsi en tant que titre inédit grâce au gros travail de localisation réalisé par Capcom.

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En toute logique, Miles Edgeworth devient ainsi Benjamin Hunter, le célèbre procureur capable de faire échouer n’importe quel avocat de la défense, à l’exception de Phoenix Wright. Alors qu’on le considérait comme un véritable antagoniste jusque-là, cette collection nous permet cette fois-ci de le suivre à travers dix affaires, réparties équitablement dans les deux épisodes. Il vaut tout de même mieux connaitre un minimum l’univers d’Ace Attorney avant de se lancer puisqu’on y rencontre plusieurs personnages de la franchise, comme l’enquêteur Dick Tektiv, ou les procureurs Victor Boulay et Franziska von Karma. Certaines scènes font d’ailleurs références à d’anciens épisodes, et notamment à l’enfance de Benjamin Hunter à travers l’affaire DL-6. On pourra tout de même avancer dans les enquêtes sans connaitre tous ces éléments, mais l’impression de passer à côté de certaines références pourraient en déranger certains.

Pas d’énormes changements en revanche concernant le cœur du jeu, et donc les enquêtes. Comme ses adversaires habituels, Benjamin Hunter est le plus souvent confronté à des meurtres dont il convient de trouver le coupable. Pour cela, Capcom a une nouvelle fois fait appel à une pléthore de personnages au caractère bien trempé qu’il va falloir interroger afin de démêler le vrai du faux. Concrètement, Ace Attorney Investigations Collection mélange des phases de visual-novel, avec des séquences de point’n click, un schéma habituel pour la saga. La différence avec les précédents volets est à la fois minime et fondamentale avec la possibilité, désormais, de se déplacer dans des décors dans le but d’interagir avec les PNJ ou les éléments importants de la scène, ce qui amène un peu plus de vie aux séquences, là où les images fixes devenaient vite redondantes. Terminé également les allers/retours intempestifs entre les divers lieux d’enquête, tout est beaucoup plus souple et se fait sans réelle perte de temps inutile finalement ici. Un élément qui ne gâche en rien la durée de vie puisqu’il faut compter entre 50 et 60 heures de jeu pour venir à bout des dix enquêtes.

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La partie point’n click reprend plusieurs éléments que retrouveront les habitués de la série, avec la possibilité d’obtenir des indices pour faire avancer l’enquête, et les analyser sous toutes les coutures. Même chose avec certaines scènes précises, qui vous demanderont de pointer des incohérences ou des détails particuliers pour continuer de progresser dans l’histoire. Bien rodés à l’exercice, les scénaristes nous offrent une fois de plus des enquêtes bien ficelées, et toujours très cohérentes, avec la présence une fois de plus de nombreux rebondissements. Malgré l’antipathie première du procureur Hunter, on s’attache finalement très vite au personnage, tout en le découvrant sous un nouveau jour. L’absence du tribunal comme cadre central, n’empêche pas de mener des contre-interrogatoires pour pousser les témoins dans leurs derniers retranchements et les mettre face à leur incohérence. Le but est toujours de pouvoir présenter une preuve qui viendrait contredire un récit, tandis que chaque erreur vient entamer la barre de vie de notre héros. Pas de crainte toutefois, la possibilité de sauvegarder quand on veut (et donc de reprendre la partie juste avant une erreur fatidique) permet de ne jamais être confronté au Game Over.

Et comme Benjamin Hunter n’adopte pas les mêmes méthodes que Phoenix Wright et Appolo Justice, il est capable de dénouer certains mystères en faisant appel à la logique et à la déduction. En stockant certaines affirmations automatiquement, il est ensuite capable d’en associer deux d’entre elles pour révéler un nouvel indice. Très simplement, cela signifie que s’il associe le fait qu’il manque une seule balle à un pistolet avec le fait que deux coups ont été tirés, il peut en déduire que deux armes à feu se trouvaient en réalité sur la scène du crime. C’est original, tout en apportant ce petit vent de fraicheur qui fait du bien à une série qui se repose parfois un peu trop sur ses acquis. Autre nouveauté qui apparait seulement dans Ace Attorney Investigations 2, la nécessité de mener des «parties d’échecs mentales». Un passage pas franchement compliqué dans la mesure où il suffit de calmer une personne énervée, avant de l’attaquer sur son témoignage lorsqu’elle est apaisée. Là encore cela permet à la franchise de se renouveler un minimum tout en gardant l’intérêt du joueur intact. Pas grand chose à dire sur la direction artistique, même si le lissage des décors révèle leur côté très basique, tandis que la musique et le sound-design de manière général reste dans l’esprit de la série, c’est à dire très correct. Seul le défilement des textes à l’écran nous a forcé à baisser les effets sonores.

9/10
C'est une nouvelle fois un vrai bonheur de retrouver l'univers d'Ace Attorney, cette fois-ci par le biais de deux spin-off méconnus en Europe. Le travail réalisé par Capcom, notamment sur la traduction des très nombreuses lignes de dialogues en français, permet de profiter pleinement de deux titres dont le concept est maitrisé de bout en bout. Entre le visual-novel et le point 'n click, on se plait à suivre les aventures de Benjamin Hunter, au point de s'attacher à ce personnage que nous avons tant détesté lorsque nous étions dans la peau de Phoenix Wright. Mieux, les allers/retours incessants et les plans fixes des autres jeux Ace Attorney ont été éliminés, pour ne garder que le plaisir de suivre des affaires au scénario impeccable.

+

  • Ambiance générale toujours au top
  • De nouvelles mécaniques de déduction
  • Benjamin Hunter sous un autre jour
  • Des affaires sans la monotonie du tribunal
  • Textes intégralement en français

-

    • Déplacements parfois imprécis
    • Noms des personnages peu inspirés