Test : Ace Combat : Assault Horizon sur Xbox 360
Joe Dassin cartonne chez les terroristes
Ah, l’Amérique. Décidément, Ace Combat et le dur labeur pour sauver la bannière étoilée forment un couple inséparable. Mais cette fois, les développeurs ont choisi de donner à leur scénario une direction un peu plus proche de la réalité : terroristes, arme de destruction massive et que Dieu bénisse l’Amérique. Pilote de chasse d’origine américaine au service de l’OTAN, notre colonel (nom de code WarWolf 1) et ses équipiers vont faire la découverte, par une belle journée en Somalie, d’une terrible menace pesant sur le monde. Plus nombreuses que par le passé, de sympathiques cut-scenes font le pont entre chaque mission et tentent de développer ce pitch quelque peu convenu. Mais au final on ne retiendra pas grand chose de tout cela, seulement des dialogues suintant le patriotisme, multipliant les clichés : bravoure, honneur, amour, gloire et beauté… Et puis il faut dire que les jeux de guerre moderne sur fond imprégné d’éléments proches de la réalité sont légion. Il est donc bien difficile de surprendre, même lorsque l’on est un spécialiste de la question comme Jim DeFelice. Ces dialogues, qu’on les aime ou non, nous font malgré tout apprécier un doublage français de très bonne facture. Et que dire de la multiplicité des interventions verbales pendant les missions, des annonces de largage d’un missile, parfaitement dans le ton. Hormis deux ou trois voix – souvent entendues dans d’autres jeux – manquant un peu de conviction mais heureusement cantonnées à quelques phrases, l’ensemble est plaisant et prend place au milieu de bruitages réussis. Et surtout, les musiques, allant du riff électrique aux symphonies classiques donnent à ces virées aériennes un goût de septième ciel.
Cette nouvelle orientation scénaristique induit forcément un changement dans la manière dont elle est amenée. La campagne est du coup très scriptée, avec ce que cela amène de bon comme de gênant. Du côté des bonnes choses, on apprécie une progression très rythmée du début à la fin, où les objectifs relativement courts s’enchainent à la vitesse d’un MIG. On détruit une base pour enchainer avec un groupe de chasseurs ennemis, tout en assurant la sécurité d’un convoi. Ca change forcément des habitudes mais ce vent de fraicheur est appréciable. Revers de la médaille, les missions ne sont plus de la même envergure. On se souvient dans Ace Combat 6, surtout vers la fin, de sorties très longues avec plusieurs objectifs dès le départ. Cela obligeait à bien gérer sa présence sur les différentes zones et à veiller à pouvoir retourner à la base en cas de pépin. Dans Assault Horizon, tout est bien différent, à commencer par la gestion des dégâts qui adopte ici le système de récupération avec le temps. Comme dans un FPS. Dommage, car du coup les retours à la base s’effectuent seulement quand un script l’exigera. On ressent également le recul de l’aspect tactique précédemment évoqué par la disparition pure et simple du briefing, laissant au hasard le choix de l’armement de départ. Pour autant, ce changement de cap assez sévère ne rend pas la campagne de Assault Horizon foncièrement mauvaise, loin s’en faut ; le long des sept heures qu’il faudra pour en venir à bout on aura simplement droit à quelque chose de… différent. D’autres éléments sont là pour en attester.
Un mix digne d’un Pago ACE
Plus que sur son aspect scénaristique, Ace Combat : Assault Horizon se démarque de son prédécesseur en intronisant de nouvelles façons de varier les plaisirs. Pour rester dans l’aérien, le titre de Namco-Bandai offre la possibilité de piloter un hélicoptère. Si l’idée de faire du surplace dans un Ace Combat vous est difficile à accepter, soyez assurés de deux choses. La première, c’est que les passages en hélicoptère ne représentent que deux chapitres sur quatorze ; la seconde, c’est que le gameplay proposé ici n’est pas désagréable. La prise en mains est relativement simple, les contrôles épurés, pour une approche résolument arcade. Irréaliste au point de donner lieu à quelques aberrations, notamment l’esquive de missile qui voit l’appareil faire tranquillement un tonneau ! On peut en enchainer dix si l’envie nous prend, pas de problème. Une petite chose dans le fond, mais qui a pour effet d’entacher un gameplay plaisant (sans être foudroyant non plus) et de mettre à mal l’ambiance voulue réaliste des affrontements. Pour varier encore un peu, les développeurs ont pensé à quelque chose de très courant dans les jeux d’action : le rail shooting. Deux séances et rien de bien neuf sous le soleil d’Afrique, sinon la sensation au bout de quelques minutes d’être en train de perdre son temps, même si paradoxalement, la présence de ces passages s’imbrique naturellement avec le reste. Reste enfin à évoquer les passages en bombardier. Ici, soit on tombe dans la classicisme en tentant la recette Call of Duty, soit on se voit proposer une séance de slalom entre des radars sans grand intérêt. L’ensemble de ces nouveautés laisse une impression mitigée mais elles ont au moins pour elles le mérite de diversifier la progression. Mais, me direz-vous, si l’on choisit un Ace Combat c’est pour du dogfight et rien d’autre. Dans le cockpit d’un F16, d’un Mirage 2000 ou d’un tas d’autres appareils, on retrouvera rapidement ses marques à condition de faire un petit tour par le menu des options. Assault Horizon se veut être plus accessible que ses ancêtres (en difficulté normale du moins) : ce qui était assisté par le passé est devenu le choix par défaut. Autant dire que choisir le pilotage aidé ici ne servira à rien, sauf peut-être à tuer l’expérience. Mais que les fans cessent leurs hurlements, il est également possible de passer à une jouabilité traditionnelle pour un Ace Combat, pour le coup bien plus exigeante mais tellement plus gratifiante.
Et que dire une fois les choses en mains, si ce n’est que le plaisir est bel et bien là, sous un ciel toujours aussi beau et au-dessus d’un sol qui pique encore les yeux mais qui a le mérite d’avoir gagné en relief dans les zones urbaines. Il ne faut pas se laisser berner par les premières minutes africaines, les choses s’améliorent à chaque mission. Celles-ci introduisent deux nouveaux éléments de gameplay qui suivent cette ligne directrice vouée à l’action : le combat aérien et la frappe aérienne. Le premier permet de prendre en chasse un ennemi et de bénéficier d’une puissance de feu plus souple ; notre avion lui collera au train tant qu’on le garde dans la ligne de mire, ce qui ne lui laisse souvent d’autre option que la mort. D’un côté, ce système de suivi est appréciable car il apporte une bonne dose de vitesse aux affrontements et les rend ainsi spectaculaire. En contre partie, il simplifie grandement l’attaque, probablement trop. Même constat pour la frappe aérienne qui facilite la destruction des cibles au sol en nous plaçant comme un train sur des rails et avec un armement qui chauffe plus lentement. L’avantage c’est que rien n’oblige à utiliser ces fonctions. L’inconvénient c’est qu’il est dès lors très difficile – voire impossible – d’abattre certains pilotes d’élite tant le gameplay est pensé pour que ces nouvelles fonctions soient utilisées. Ace Combat : Assault Horizon assume son orientation action, à la limite de l’arcade parfois. On pourra retenter d’abattre ces cibles "à l’ancienne" en rejouant une mission avec l’appareil de son choix, voire en boostant des aptitudes via les point accumulés en solo comme en ligne. Le dogfight sur Xbox Live se révèle d’ailleurs très plaisant (qu’il s’agisse de deathmatch ou de parties à objectifs en équipe), plutôt stable, jusqu’à seize joueurs en compétitif. La coopération est également de la partie, pour peu que l’on ait accroché à cette campagne vraiment différente.
+
- Le rythme très soutenu
- Pilotage agréable et modulable
- Progression variée
- Environnement sonore réussi
-
- Des choix parfois hasardeux
- Les phases de rail shooting et de bombardiers
- Scénario pas franchement passionnant