Test : Aeternoblade II sur Xbox One
L'auberge espagnole
Si vous avez déjà joué et peut-être terminé AeternoBlade premier du nom, vous êtes béni. Il vous sera ainsi possible de comprendre de quoi il est question en lançant AeternoBlade II, jeu qui ne s’embarrasse pas d’une quelconque mise au point scénaristique. On aurait pu imaginer qu’en lançant sa suite directement sur consoles de salon, Corecell avait à cœur de capter un nouveau public et de lui donner de fait un cadre historique à découvrir avant de se lancer. Mais non. Passé un écran d’accueil qui d’un point de vue visuel comme sonore s’inspire grandement de Final Fantasy, on se lance directement dans une aventure qui ne laisse par ailleurs aucun choix sur le niveau de difficulté de départ. On retrouve rapidement Freiya, héroïne du premier épisode, aux prises avec des ennemis. Ceux-ci éliminés dans un court passage faisant office de début de didacticiel, on passe ensuite au duo Félix/Bernard. Il s’agit de deux nouveaux personnages que l’on aura la possibilité d’incarner dans AeternoBlade II. On ne comprend pas grand-chose du foutoir dans lequel sont plongés nos héros, tout juste qu’un grand méchant est à l’origine de ce bazar spatio-temporel et que seul le recours à l’AeternoBlade et à ses pouvoirs pourront renverser le cours de la bataille.
C’est donc parti pour une course à travers les niveaux d’un jeu dont les contours sont assez difficiles à définir. AeternoBlade II c’est un Metroidvania light, fait d’un peu de plateforme en 2D, de pas mal de combats souvent en 2D et parfois en 3D, mais aussi de puzzles mettant à contribution les pouvoirs de vos différents personnages. Le tout enrobé d’un système de progression classique à base de points d’expérience qui vont vous permettre d’améliorer votre endurance, votre attaque, vos points de magie mais aussi renforcer certains types d’attaques individuellement. On peut ainsi se concentrer sur les combinaisons que l’on a le plus souvent l’habitude d’utiliser. Les environnements se découpent en petites sections et leur point de départ sert de point de contrôle pour recommencer rapidement en cas d’échec, une bonne chose dans ce jeu qui est loin d’être toujours facile à manœuvrer. Cela vient autant de la relative résistance offerte par les ennemis en général et les boss en particulier, que de la succession semblant ininterrompue d’ajouts de nouvelles compétences, qui ne sont par ailleurs pas les mêmes d’un personnage à l’autre. On débute simplement, avec des attaques légères/fortes/aériennes et une esquive qui demande cependant quelques secondes de rechargement passé un certain nombre d’utilisations. Jusqu’ici, tout va bien.
Enfin, cela va relativement bien, mais ce n’est pas le Pérou non plus. Les bastons lors des passages en 2D fonctionnent dans leur approche classique mais on remarque tout de même rapidement quelques soucis de collisions qui peuvent être très pénalisants. Notamment lors d’une esquive qui vous laisse parfois traverser les ennemis pour les prendre à revers et d’autres fois non, sans explication apparente. Sauter par-dessus est aussi un jeu de hasard : des fois ça passe, d’autres fois on a l’impression d’être bloqué par un élément invisible. Certains ennemis étant particulièrement brutaux et les potions à embarquer peu nombreuses, certains affrontements sont tendus. Heureusement, au bout d’un certain nombre d’échecs, le jeu vous propose de baisser la difficulté de la section en cours. Ouf. Ca passe du coup un peu mieux mais attention, on se retrouve parfois à avoir l’impression de s’être soigné de la peste pour mieux choper le choléra. Lorsqu’on est lancé d’un coup dans un passage de baston en 3D par exemple. Oui, dans AeternoBlade II on passe d’un coup d’un seul de la 2D à scrolling horizontal à de la 3D qui tache. La caméra est bancale, le lock des ennemis peu pratique ; bref, c’est un peu le foutoir.
Cette impression de grand bazar ne quitte que trop rarement le jeu. On passe de petite zone en petite zone, de baston 2D en plateforme, de plateforme en baston 3D. Ajoutez à cela des passages un peu spéciaux où vous devrez par exemple progresser en vous cachant d’un ennemi géant à l’arrière-plan et vous ne saurez bientôt plus à quel Saint vous vouer. Mais comme dirait la publicité, ce n’est pas fini. AeternoBlade II propose d’incarner trois personnages dont l’utilisation est imposée par le scénario. Chacun disposant de ses propres capacités spéciales (contrôle du temps avec fonction « rewind », téléportation, possibilité de contrer les coups ou de briser des murs, etc…) il faut à chaque changement reprendre certaines habitudes, ce qui est loin d’être simple dans un jeu qui passe au moins ses trois premières heures à vous bombarder de nouvelles capacités et de puzzles associés. AeternoBlade II est bordélique.
Il y a cependant quelques bons moments, quelques passages où le jeu daigne nous laisser jouer plus de 5 minutes dans les mêmes conditions. Certains puzzle sont d’ailleurs bien pensés. Et force est de reconnaître que Corecell y a mis du sien pour gaver son jeu de toutes sortes de choses, ce qui le rend on ne peut plus atypique. Mais comme dirait monsieur Etchebest à un candidat de Top Chef : attention aux mélanges qui finissent par masquer le goût, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit dans AeternoBlade II. Un mélange ambitieux qui dégonfle une fois sorti du four. L’ennui dans tout cela, c’est que le titre est techniquement d’un autre âge. Ou d’une autre époque sur un autre support. Ca passe bien sur une portable mais affiché par une Xbox One X, AeternoBlade II ressemble sous bien des aspects à un jeu PS2 équipé d’un filtre HD. C’est assez grossier, anguleux. Le jeu est cependant propre et fluide, les décors sont plutôt variés et offrent même quelques jolis choix d’angles larges à la Devil May Cry. Mais ça ne suffit guère à faire passer l’aspect général vieillot et des personnages doublés dans un anglais paresseux et embarqués dans une aventure qui ne parvient pas à se trouver. « Sounds good, doesn’t work », comme dirait un certain président.
+
- Quelques bonnes idées de puzzles
- Pas avare en propositions
- Décors plutôt variés…
-
- … Mais desservis par une plastique vieillotte
- A vouloir en faire trop, on finit par se perdre
- Et plus rien ne fonctionne vraiment
- Combat en 3D particulièrement foireux
- Difficulté en dents de scie
- Scénario peu passionnant et pas aidé par les doublages