Jeux

Albatroz

Aventure | Edité par Soedesco | Développé par Among Giants

6/10
One : 01 November 2024 Series X/S : 01 November 2024
21.11.2024 à 19h19 par - Rédacteur en Chef

Test : Albatroz sur Xbox Series X|S

La Cordillère décevante

Difficile de se faire une place quand on est une production indépendante, à fortiori quand on sort durant la fin d'année, au milieu de très gros titres. C'est pourtant le pari fait par l'éditeur néerlandais Soedesco et les développeurs brésiliens d'Among Giants, qui ont choisi cette période dense pour sortir Albatroz. Un second projet pour les développeurs basés à Rio, plus de six ans après leur première production, avec l'envie d'emmener le joueur dans un véritable voyage à travers les montagnes. Un concept intéressant sur le papier, pour une randonnée en terrain accidenté.

Albatroz nous invite à suivre Isla, une jeune femme qui se retrouve au cœur de la Cordillère des Andes, bien décidée à retrouver son frère. Si ce dernier est un explorateur de montagnes aguerri, ce n’est pas vraiment le cas de notre héroïne qui, équipée de son barda, est décidée à mettre tout en œuvre pour parvenir à ses fins. Plongée dans un environnement qui lui est totalement inconnu, elle dispose d’une simple carte pour tenter de rejoindre un village qui saura lui fournir des informations. C’est ainsi que début le jeu, au volant d’un 4×4, et le besoin de s’orienter, ce qui n’est déjà pas évident malgré la présence d’une boussole. Il faut en effet composé avec une carte inversée, qui pointe donc vers le Sud et non pas vers le Nord, qui est assez peu détaillée qui plus est. Entre routes goudronnées et chemins en terre, quelques «stations» permettent de remplir le réservoir d’essence ou de réparer les dégâts causés par une conduite sportive. Après de longues minutes à tourner en rond, nous avons fini par arriver au bout de la route, pour ainsi commencer notre excursion à la force des jambes.

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C’est véritablement à ce moment que débute l’aventure d’Isla. Avec ces airs de simulateur de randonnée, Albatroz nous embarque dans une longue marche jusqu’au village d’El Condor. Pour cela, on dirige notre héroïne à la troisième personne avec la nécessité de prendre plusieurs éléments en compte. Pas d’escalade à proprement parlé, le jeu d’Among Giants nous donne l’occasion d’arpenter des décors pentus, tout en veillant à s’alimenter et à boire régulièrement, mais également à ne pas trop forcer sur les bras et les jambes, sinon c’est l’épuisement assuré. Pour se tenir au fait de la condition, alimentaire et physique d’Isla, on peut consulter à l’envie un diagramme où figurent les quatre statistiques évoquées, ainsi que l’état de santé général. Si elle reste trop longtemps dans le rouge, elle s’évanouit, et revient alors au dernier point de contrôle. Les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure trois niveaux de difficulté pour satisfaire un maximum de joueurs, afin de rendre l’aventure accessible, ou plus corsée, en jouant sur certains aspects comme la consommation d’essence et la robustesse de la voiture ou encore la violence et la fréquence des intempéries.

Ni un walking-simulator, ni un jeu de survie, Albatroz met surtout l’accent sur la découverte de l’environnement. Malgré une progression linéaire qui nous entraine de village en village, l’exploration tient une place importante, avec la nécessité de récolter des plantes pour confectionner des pommades, des branches pour construire des abris de fortune, ou encore des fruits ou des sources d’eau. Mais c’est aussi le moyen de découvrir des lieux sacrés ou des pierres du voyageurs, des éléments facultatifs qui donnent un peu d’épaisseur à la quête d’Isla. Les villages, ancrés de la culture sud-américaine, sont généralement des lieux qui donnent des indications sur le chemin à suivre ensuite, à la manière d’une chasse au trésor avec des direction à suivre et des points de repères à trouver. Toujours dans l’idée d’apporter un peu de profondeur, deux personnages viennent s’ajouter à l’aventure au cours de route. On peut alors switcher entre chacun d’entre eux, et ainsi profiter de leur particularité propre. Isla est capable de sprinter, tandis que Sence se fatigue moins en grimpant sur des rochers, et Serpi résiste mieux aux chutes. Selon les situations, on alterne entre ces trois héros assez simplement, grâce au BMD. Quand l’état de santé d’un personnage est trop bas, il est mis sur la touche et ceux qui sont encore sur pieds prennent le relai, et cela jusqu’à un point de sauvegarde qui permettra de remettre le groupe entier en état.

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Elément central du game-design, il est indispensable de prendre en compte la température durant le périple. Affichés en grand dans un coin de l’écran, les degrés influent sur les statistiques de nos trois héros. Pour conserver une température ressentie autour des 20 degrés, Isla et ses nouveaux amis peuvent changer de tenue à l’envie, et opter pour des vêtements légers, normaux ou d’hiver. Et si cela ne suffit pas, on peut consommer des aliments capables de faire tomber ou monter la température du corps, ce qui se révèle indispensable en haute altitude ou dans un environnement de sources d’eaux chaudes par exemple. Si le système est intéressant sur le papier, il n’est toutefois pas très bien exécuté, avec des informations nombreuses et pas toujours cohérentes qui viennent modifier cette température. Le biome, l’altitude, l’humidité, … Parfois on perd cinq degrés d’un coup, après avoir marché dans une flaque d’eau ou parce qu’on a monté trois marches d’escalier. C’est excessif et cela oblige parfois à changer constamment de tenue, ce qui enlève une bonne dose de réalisme.

C’est d’ailleurs le principal défaut d’Albatroz, au point d’être rédhibitoire pour la plupart des joueurs. Le titre d’Among Giants nous sort bien trop souvent de l’ambiance, très sympathique au demeurant, de cette aventure. Malgré une direction artistique très agréable, portée par de jolis environnements et de belles musiques (quoiqu’un peu répétitive à la longue), Albatroz souffre de gros problèmes d’ordre technique. On ne compte plus les ralentissements qui viennent hachés l’action et certaines cut-scenes, tandis que des bugs de script poussent parfois à relancer le jeu depuis la dernière sauvegarde. C’est d’autant plus rageant que ces checkpoints ne sont pas toujours bien répartis. On a également plusieurs fois pesté face à des bugs de collision, rigolos quand ils font léviter nos héros, mais capables de transformer un terrain parsemé de branches en véritable enfer. Un manque d’optimisation que l’on retrouve dans des temps de chargement affreusement long pour un jeu qui dispose d’une version Xbox Series X|S. Ce n’est pas vraiment mieux du côté du sound-design, parfois correct, mais souvent à la ramasse, avec notamment des voix étouffées (surtout au casque), comme si elles avaient été enregistrées sous une couette.

6/10
Albatroz est un jeu charmant qui manque clairement d'optimisation. Les développeurs brésiliens d'Among Giants avaient la volonté de nous proposer une grande aventure en compagnie d'Isla et de ses amis, mais la réalisation générale plombe clairement l'ensemble et sort petit à petit le joueur d'une expérience qui aurait du être grandiose. Albatroz est un titre qui avait le potentiel de nous laisser des souvenirs plein la tête, entre des panoramas en état de grâce et le sentiment d'accomplissement par l'exploration de la montagne, pour un résultat qui au final ne laissera qu'un goût amer teinté de frustration.

+

  • Direction artistique globalement réussie
  • Bon sentiment d'exploration
  • Quelques panoramas magnifiques
  • Trois modes de difficulté
  • Distance d'affichage impressionnante

-

    • Beaucoup de ralentissements
    • Système de température pas au point
    • Points de sauvegarde mal répartis
    • Menus peu ergonomiques
    • Sound-design inégal
    • Chargements un peu longs
    • Des bugs à foison

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