Jeux

Alone in the Dark

Survival Horror | Edité par THQ Nordic | Développé par Pieces Interactive

6/10
One : 20 mars 2024 Series X/S : 20 mars 2024
19.03.2024 à 15h01 par

Test : Alone in the Dark sur Xbox Series X|S

Une vieille casserole, mais pas la meilleure soupe

Attendu pour la fin de l’année passée mais repoussé en raison de la concurrence d’Alan Wake 2, le reboot d’Alone in the Dark est enfin passé entre nos mains. Nous avons pu ainsi explorer le manoir Decerto sous toutes ses coutures, le parcourant en long et en large avec les deux personnages jouables qui sont incarnés par Jodie Comer et David Harbour. Une expérience intense où l’horreur et la folie se croisent allégrement au cours d’une aventure qui aurait mérité d’être davantage peaufinée. Explications !

Tout débute par un petit passage en voiture où nous faisons la connaissance des deux personnages que nous allons pouvoir commander. Emily Hartwood est une jeune femme dont l’oncle, Jeremy Hartwood, se trouve être au Manoir Decerto. Un lieu particulier qui accueille différents patients atteints de maladies psychologiques, et qui comptent beaucoup sur les aides-soignants et un médecin pour sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Pour Jeremy, le problème porte un nom bien particulier : l’homme ténébreux. Une entité invisible qui le hante et avec laquelle il aurait passé un pacte bien particulier. Interpellés à propos de son état, Emily et le détective privé Carnby (un nom bien connu des amateurs de la saga) débarquent donc sur place avec la ferme intention d’élucider le mystère qui entoure Jeremy que l’on nous annonce avoir disparu dès notre arrivée.

Si le postulat de base est relativement simple, l’histoire avance vite et se densifie au même rythme. La narration est intelligente et intéressante et elle nous pousse sans cesse vers l’avant, en compagnie d’un personnage ou de l’autre. Le ton est juste, l’ambiance aussi, et l’histoire ne s’étale pas sur de trop nombreuses heures de jeu, ce qui ne donne donc pas l’impression d’être diluée au travers de quêtes inutiles ou sans importances. Le fait de pouvoir incarner deux personnages nous pousse également à recommencer le jeu afin de vivre les évènements d’un autre point de vue. L’intérêt est toutefois relativement limité dans la mesure où, hormis les dialogues, la structure globale du jeu reste pratiquement inchangée. Ne vous attendez donc pas à vivre une aventure distincte comme c’est le cas dans Resident Evil 2, par exemple.

Alone in the Dark 1

Pour parvenir à nous raconter cette histoire, les développeurs ont donc soigné l’ambiance de ce reboot d’Alone in the Dark. Le manoir est grand – mais pas trop – et les décors sont crédibles. Alors oui, clairement, nous n’atteignons pas le degré d’immersion d’un Resident Evil 7, ni même du remake de Resident Evil 2, mais cela reste tout de même suffisamment réussi que pour nous permettre de suivre les évènements avec intérêt. Cela étant, là où le jeu se différencie, c’est sur son côté horrifique. Alone in the Dark est un jeu qui oscille entre deux tendances bien distinctes qui se croisent parfois : l’enquête policière et le côté horrifique davantage orienté vers l’action. Cette diversité offre un rythme haché très plaisant qui laisse l’enquête au centre du jeu. On passe un temps certain à errer dans le manoir, farfouillant dans chaque pièce à la recherche d’un élément (une clé, une énigme…) qui puisse nous faire avancer dans l’histoire. Le tout s’intègre parfaitement et ne donne pas l’impression d’être déposé là, pour simplement ralentir le joueur ou pour donner du corps au titre. On attire d’ailleurs votre attention sur un point particulier : au-delà d’un choix de difficulté, il est possible de paramétrer l’aspect « enquête » du jeu. Comprenez par là qu’il est possible d’être pris par la main (indices sur la carte, éléments visibles quand il faut appuyer sur « A »…) ou d’être laissé seul, face à nos difficultés. Un choix cornélien qui peut être modifié à tout moment dans les menus et qui offre davantage de challenge pour ceux et celles qui choisiront de jouer « à l’ancienne ». Car il s’agit bien de cela : en choisissant cette option, les joueurs se retrouveront face à une expérience digne des jeux originaux. Et ça, on apprécie tout particulièrement, surtout quand ça ne nous est pas imposé.

Revenons quelques instants sur l’ambiance du jeu qui, au-delà de ses mécaniques, brille également par sa musique. Les morceaux choisis sont pertinents et s’accordent parfaitement à l’univers dépeint, rappelant ainsi la Nouvelle-Orléans. On se retrouve donc avec une ambiance jazzy des plus sympathiques qui vient couvrir une bonne partie des évènements, tandis que des morceaux plus classiques prennent place durant les évènements horrifiques. On notera également que le doublage (en anglais) est globalement de bonne facture. Quelques décalages ont marqué nos péripéties, tout comme le fait que certains bruitages semblaient totalement en retard. Dans le même ordre d’idée, on a constaté que les transitions entre les différentes scènes étaient parfois ratées, et ce que ce soit sur le plan visuel ou sonore. Dommage pour l’immersion. Enfin, un petit mot s’impose sur la mise en scène du jeu qui lui donne un côté « rétro » qui n’est pas forcément des plus réussis. Les personnages sont assez lents et l’ensemble manque parfois de naturel. La faute, probablement, à une technique un peu datée.

Alone in the Dark 2

Autre aspect du jeu : les affrontements. Comme vous avez pu le voir dans les vidéos de présentation du jeu, Alone in the Dark se présente comme un jeu à la troisième personne où la caméra se situe juste au-dessus du personnage que l’on contrôle. On se retrouve donc avec un point de vue relativement fixe et peu dynamique qui rappelle – une nouvelle fois – l’expérience originale. C’est évidemment un parti pris – qui ne nous a pas dérangé en soi – mais qui s’avère assez loin des remakes, plus modernes, des premiers Resident Evil. On se retrouve d’ailleurs piégé parfois par l’apparition d’un monstre au détour d’un couloir ou simplement à cause de la lenteur de notre héros. Ce sont des compromis et des choix de gameplay, certes, mais ce sont aussi des points qui offrent une certaine lenteur aux scènes d’action.

C’est d’autant plus vrai que l’impact des armes à feu (bruitage, sensation…) est terriblement faible. Peu importe l’arme que l’on utilise, on a l’impression qu’elle possède la même puissance et que les ennemis ne ressentent rien jusqu’à ce qu’ils s’écroulent. Cette rigidité est – comme la mise en scène – probablement liée à la partie technique du jeu. Même constat pour les armes de corps-à-corps qui, au-delà de se briser bien trop vite, manque de précision. L’aspect combat est indéniablement le point faible de ce reboot !

Alone in the Dark 4

Heureusement, comme dit au début de ce test, Alone in the Dark n’est pas un jeu qui se concentre sur l’action pure et dure. Les phases principales de gameplay sont des phases de recherche et d’investigation. Les énigmes proposées sont d’ailleurs intelligentes et intéressantes, sans pour autant être réellement casse-tête. Il faut être attentif aux éléments de décors, aux objets observés mais aussi et surtout aux documents récoltés. La plupart du temps, il faut recroiser l’ensemble, les comparer, afin de trouver la solution. Ici, cela fleure bon la nostalgie et les premiers jeux du genre, Alone in the Dark et Resident Evil en tête de liste. On retrouve d’ailleurs le principe de clés et le fait que de nombreuses portes sont, au départ, fermées. Notre avancée dans le manoir se veut d’ailleurs relativement scriptée, ce qui s’avère logique pour un jeu de ce genre. Cela étant, ne vous attendez donc pas à être parfaitement libre de tous vos mouvements. Dans cette version de 2024, vous devez aller d’un point A à un point B, en réalisant les actions prévues entre les deux. C’est une nouvelle fois un héritage des premiers jeux qui flattera les trentenaires à la recherche d’une expérience similaire à l’originale, mais qui pourrait clairement laisser de marbre ceux ou celles qui découvriront la saga cette année.

Terminons ce test par un point particulièrement important : la partie artistique et technique. Pour la première des deux, on reconnait sans difficulté que les développeurs ont tout fait pour nous immerger dans l’aventure de Emily et du détective Carnby. Les lieux sont tantôt réalistes, tantôt surnaturels. Portée par des musiques pertinentes et intéressantes, l’aventure se veut suffisamment variée que pour nous éviter tout sentiment de lassitude. On peut également noter que l’aspect psychologique des personnages est intelligemment traité et les deux acteurs ont réalisé une performance plutôt réussie qui est marquée par un doublage qualitatif. Malheureusement, en dépit de toutes ces bonnes intentions et tous ces bons points, Alone in the Dark ne jouit pas d’une qualité technique à la hauteur du jeu (et de la génération actuelle). Entre les crashs, la surchauffe de la console, les transitions parfois laborieuses, le décalage de son, le manque de réalisme et les animations des visages datées, il y a de nombreux points qui auraient mérité une amélioration significative. Le résultat est décevant et totalement inconstant. Parfois, on a l’impression que certaines scènes sont vraiment réussies, et puis quelques minutes plus tard, on se retrouve face à une situation étrangement datée. Ce déséquilibre est évidemment un problème qui touche de nombreux points, comme l’immersion, et qui entache considérablement l’expérience du jeu. Malheureusement…

6/10
Ce reboot d'Alone in the Dark est rempli de bonnes intentions, qui font ressurgir l'ADN originale avec un certain brio. Le parti pris des développeurs vis à vis des mécaniques de gameplay, de la caméra fixe ou encore du rythme du jeu est savoureux qui fera mouche auprès des joueurs nostalgiques. Malheureusement, tout n’est pas rose au Manoir Decerto. La partie technique du jeu est indéniablement faible, tandis que la partie orientée « action » manque de dynamisme et de rythme. À l’image du jeu, finalement. Car si la sauce prend lors des échanges entre les personnages ou durant l’enquête, il en souffre d’autant plus une fois que l’action prend le dessus. Dommage qu’au final l’expérience en soit si affectée et si déséquilibrée.

+

  • Hommage réussi aux jeux originaux ;
  • Ambiance savoureuse ;
  • Intrigue bien menée ;
  • Partie enquête intéressante ;
  • Gameplay permissif et adaptable.

-

    • Campagnes trop semblables ;
    • Bugs et crash nombreux ;
    • Technique datée ;
    • Sensation des armes / affrontements ratées.