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Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy

Point'n Click | Edité par Capcom

8/10
One : 25 janvier 2024 Series X/S : 25 janvier 2024
22.01.2024 à 16h01 par - Rédacteur en Chef

Test : Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy sur Xbox Series X|S

Pas d'objection !

Imaginée en 2001, la franchise Ace Attorney s'est démultipliée, avec un grand nombre d'épisodes mais aussi de nombreux portages sur divers supports. Pourtant, il aura fallu attendre 2019 pour que les joueurs Xbox découvrent enfin l'univers créé par Shu Takumi, grâce à une compilation regroupant les trois premiers épisodes mettant en scène Phoenix Wright. Près de cinq ans plus tard, il est l'heure de poursuivre la saga avec Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy, une nouvelle compilation qui regroupe cette fois-ci le quatrième épisode, et ses suites Dual Destinies et Spirits of Justice.

Après quelques années d’attente, nous voici de retour au tribunal. Mais pas dans la peau de Phoenix Wright, qui a rendu son badge d’avocat dans d’obscures conditions, sept ans avant les événements de ce nouvel épisode. Cette fois-ci c’est en compagnie du jeune Apollo Justice que débute cette nouvelle aventure narrative, à mi-chemin entre le visual-novel et le point’n click. Pour son premier cas en tant qu’avocat de la défense, notre nouveau héros doit défendre une tête bien connu de la franchise. Il parait préférable d’avoir fait les premiers épisodes pour ne rien rater des petites subtilités du scénario, et profiter du retour de certains personnages comme Ema Skye, Maya Fey, Vérité Wright ou encore Benjamin Hunter. On peut néanmoins débuter directement par cette trilogie, au risque d’être un peu perdu sur quelques références et flashbacks, avec un rappel des mécaniques de jeu à l’occasion du premier procès de chacun des trois épisodes. Autant dire que vous avez toutes les cartes en main pour sortir victorieux des différents cas judiciaires proposés.

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Pour résumer rapidement le principe du jeu, la franchise nous demande de participer à des procès en étant du côté de l’accusation. Même si tous les indices pointent vers l’accusé, c’est à vous de démêler le vrai du faux, pour finalement parvenir à trouver le vrai coupable de chaque affaire. Le déroulement est évidemment très scripté et il suffit finalement de se laisser guider pour récupérer ou présenter les bons éléments au bon moment, dans le but de faire un pas supplémentaire vers la vérité. Même si le tout semble donc très cloisonné dans sa narration, c’est largement compensé par la qualité d’écriture de l’ensemble. Chaque affaire dispose de son lot de rebondissements, et même si on regrette que quelques cas la jouent Columbo en dévoilant le vrai coupable en introduction, on prend beaucoup de plaisir à démonter certains arguments et à se rapprocher toujours un peu plus du moment où votre client sera disculpé. Comme la précédente trilogie, ces trois jeux disposent d’une écriture impeccable, tout en bénéficiant d’une traduction en français intégrale (voix et textes), et cela pour la première fois puisqu’ils n’avaient pas été traduits à leur arrivée sur les portables de Nintendo.

Pour parler du gameplay à proprement dit, il faut savoir que la plupart des cas sont découpés en deux parties distinctes, avec le procès d’un côté et les phases d’enquêtes sur le terrain de l’autre. Dans les deux cas, Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy prend la forme d’un visual-novel qui laisse s’exprimer les divers protagonistes par des attitudes et des mimiques propres à chacun, souvent très exagérées pour lui donner un petit côté humoristique, loin de l’ambiance mortifère qu’entraine généralement la gestion d’un meurtre et l’inculpation d’une victime innocente. C’est donc sur un ton tragi-comique qui se déroule les séances, au rythme des déclarations des différents témoins. A vous de faire en sorte que ceux-ci développent leur récit, et de pointer des preuves capables de faire apparaitre des incohérences. Un principe unique en son genre, qui parvient encore aujourd’hui à capter le joueur par sa capacité à maintenir un certain suspense et à fournir un maximum de rebondissements inattendus. De plus, de petites nouveautés font leur apparition pour aider nos héros dans leur déduction. Apollo peut en effet déceler des tics nerveux pour mettre à mal un témoignage, tandis que Athéna, une autre petite nouvelle, a la capacité de déceler les contradictions émotionnelles. C’est plutôt bien trouvé, et cela contribue surtout à mieux rythmer les procès.

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C’est malheureusement toujours beaucoup moins le cas sur les phases d’enquêtes. Là aussi, pas de grands changements, le joueur n’a pas énormément de liberté et se projette dans des lieux aux décors fixes, avec la possibilité de passer d’un lieu à un autre instantanément en passant par le menu. C’est forcément austère, tout en évitant de s’éparpiller. Là, il est question d’interroger des personnes rencontrés sur place et de récupérer des objets indispensables à l’enquête, pour pouvoir les présenter plus tard lors du procès. Impossible de passer à côté d’un élément important du fait de l’aspect scripté du jeu, avec la nécessité de réaliser un ensemble de tâches précises (et souvent implicites) pour progresser dans l’aventure. Cela oblige parfois à tourner en rond, à la recherche d’un dialogue oublié ou d’un élément qui n’a pas été ramassé, ou étudié en détail. Que ce soit durant les procès ou à l’extérieur du tribunal, on ne voit clairement pas le temps passer, pour des affaires qui demandent parfois jusqu’à 5 ou 6 heures pour être résolues. Avec un total de 16 cas à résoudre répartis sur les trois jeux de cette compilation, on peut clairement dire que la durée de vie du titre est énorme avec au moins 60 heures de jeu pour tout finir.

Quelques petites différences d’ordre technique sont présentes entre les trois jeux. Sorti sur Nintendo DS, Apollo Justice: Ace Attorney est une copie conforme des trois volets précédents, avec néanmoins des décors et des personnages qui nous semblent un peu plus détaillés pour cette version remasterisée. Changement de génération de consoles à partir de Dual Destinies, avec une volonté de troquer le chara-design en 2D pour des modèles en 3D. C’est assez déroutant dans un premier temps, mais on finit par s’y faire, tout en appréciant les petites animations des personnages et les mouvements de caméra qui servent la mise en scène. Des cinématiques façon anime japonais font également leur apparition, tout comme les voix en français. Déjà pointé du doigt pour la première trilogie, on regrette en revanche un sound-design caricatural trop prononcé, que l’on peut difficilement masqué dans les options, à moins de le supprimer totalement. Heureusement, les musiques parviennent à faire oublier, en partie, cette boucherie auditive.

8/10
Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy c'est avant toute chose la possibilité, enfin, de pouvoir compléter la saga imaginée par Shu Takumi sans avoir besoin de vendre un rein. Mais c'est bien entendu l'accès à la suite d'une saga atypique portée par une ambiance sympathique et une narration aux multiples rebondissements. Disponibles à l'origine sur consoles portables, les trois titres ont un peu vieilli sur certains points, tout en conservant intacte la qualité de son écriture. Et si en plus on vous dit que la durée de vie est énorme, on peut dire que Apollo Justice Trilogy a absolument tout pour plaidoyer.

+

  • Beaucoup de rebondissements
  • Très grosse durée de vie
  • Personnages hauts en couleur
  • Fonctions d'accessibilité indispensables
  • De l'humour, un peu
  • Tout en français (voix et textes)

-

    • Un peu trop scripté
    • Phases d'enquêtes peu engageantes
    • Sound-design d'un autre temps