Test : Assassin's Creed Odyssey sur Xbox One
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage
Tout au long de l’aventure de AC Odyssey Ubisoft multiplie les références à Ulysse et à son long voyage fait d’escales, d’allers-retours d’île en île. Le cadre est le même, et la dimension initiatique est très présente. Un voyage à la fois spectaculaire mais aussi intérieur sur le temps qui passe et la façon dont un être traverse son existence.
AC Odyssey propose de se lancer dans une aventure en incarnant au choix un homme (Alexios), ou une femme (Kassandra). Pour ma part j’ai choisi de suivre Alexios. Si l’on en croit les joueurs, loin d’être un simple choix cosmétique, cette première décision aura son lot de conséquences sur le déroulement de l’aventure. L’univers dans lequel évoluent les deux héros est le même mais leur aventure sera sensiblement différente. Mieux, et pour le coup je vous le confirme, vos choix ont un impact réel sur la suite de votre aventure. Un récit qui vous demandera de prendre parti, de choisir entre la vie et la mort et qui débouchera sur plusieurs fins selon la façon dont vous avez traversé votre périple.
On notera également que Assassin’s Creed Odyssey propose de choisir entre plusieurs niveaux de difficulté. Loin d’être un détail c’est une option qui se révèle très vite à prendre en compte car le système de combat, encore perfectible, a évolué, et met le joueur face à un défi réel. Plus question de se balader en trucidant les ennemis sans transpirer, ici les combats demandent un minimum de concentration en normal et proposent un défi réel en difficile. Pas de panique on n’est pas face à un beat them all hardcore mais l’évolution est spectaculaire pour un jeu qui a toujours eu des allures de promenade de santé.
Ce nouvel épisode est aussi à l’image d’un autre voyage. Celui d’Ubisoft qui a développé la série Assassin’s Creed. Depuis le premier épisode qui se voulait un jeu d’infiltration jusqu’à celui-ci qui bascule officiellement dans l’Action-RPG, genre vers lequel la série lorgnait de plus en plus sans trop savoir où se placer. Au passage, la série aura pris le temps de faire son chemin, entre détours fructueux comme les combats navals abordés par Assassin’s Creed III et au cœur de Black Flag, et tentatives sans lendemain comme les phases de Tower Defense de Assassin’s Creed Revelations. N’oublions pas les acolytes rendus célèbres avec Brotherhood et les chasseurs de prime qui ont fait leur apparition dans Origins. Odyssey se pose comme la synthèse maitrisée de tous ces essais. Une synthèse qui aura pris le temps de faire ses choix et d’aller piocher aux alentours des bonnes idées qu’elle a parfaitement intégré.
Le constat s’applique également sur la gestion de l’équipement qui améliore le modèle de Origins tout en s’appuyant sur une progression selon trois branches principales : Chasse, Combat et Infiltration. Plus qu’une série de cases à cocher, cette progression oriente de manière radicale votre manière de jouer. Fini le temps de l’Assassin toujours discret (bien que l’approche reste sans doute la plus efficace dans les zones protégées et à cause d’une IA paresseuse). Dans le même temps, si vous ne disposez pas des compétences adéquates pour croiser le fer, les ennemis par leur nombre et leur comportement sauront vous punir d’avoir voulu jouer au fier à bras. On prendra donc le temps d’explorer, de grimper pour déverrouiller les points d’observation (qui font également office de point de voyage rapide) sans oublier de ménager sa monture avec une utilisation intensive de votre cheval.
Vu le cadre méditerranéen et l’époque, on aurait été déçu de ne pas profiter de phases navales. Odyssey fait heureusement la part belle aux combats sur les flots avec une gestion poussée de votre navire mais aussi de votre équipage avec la possibilité de recruter des lieutenants plus ou moins rares en les assommant. Un détail là encore mais surtout une manière de rompre avec la mécanique instaurée qui se résumait à trop souvent occire en douce sa cible et à déguerpir sans demander son reste. Les combats navals se révèlent intenses et même si j’ai préféré ceux de Black Flag et de l’âge d’or de la piraterie, le contrat est ici brillamment rempli.
Dernière nouveauté de cet épisode, les batailles qui rassemblent deux armées dans une plaine et qui vous demandent de choisir d’aider Sparte ou Athènes dans une guerre d’influence qui a pour enjeu la domination de la région. Odyssey s’inspire ici assez nettement de la série l’Ombre du Mordor. Le même constat s’applique d’ailleurs avec la gestion des chasseurs de prime qui vous poursuivent puisque vos actions auront désormais des conséquences avec une pression souvent pénible à gérer. La fuite est souvent préférable. Ce qui tombe bien car la région est gigantesque par son étendue et étonne par sa variété. Si j’ai préféré l’ambiance égyptienne d’Origins, cet épisode se révèle au niveau avec une technique flamboyante et des panoramas à couper le souffle. Je regrette simplement la présence trop marquée de statues gigantesques complètement fantaisistes là où la vision de l’Egypte proposée se contentaient d’exagérer les dimensions de monuments qui ont existé. Un choix qui lorgne vers la Fantasy et s’éloigne de la vision plus ou moins historique propre à la série.
Assassin’s Creed Odyssey vous demande du temps, beaucoup de temps. C’est un long, très long voyage qui vous attend. Si j’ai mis quatre mois pour terminer Assassin’s Creed Origins (à quasiment 100% bien sûr), Odyssey me retiendra sans doute encore plus longtemps. Une activité chronophage mais qui m’a révélé plusieurs choses. La première, et la plus évidente, c’est le plaisir de se balader dans cet univers si vaste et si fouillé. Un périple qui s’accompagne d’une histoire certes moins attachante que celle de Bayek mais qui tient ses promesses sur la durée. Cet équilibre entre tourisme antique et scénarisation efficace est déjà un bon socle à la meilleure des entreprises.
Mais là où Odyssey fait sans doute aussi fort, sinon mieux, qu’Origins, c’est dans la qualité des personnages secondaires. Vos compagnons de route et vos ennemis se révèlent étonnamment riches et ambigus pour la plupart. Mieux, les personnages qui vous demandent de l’aide sont tous accompagnés d’un contexte convaincant. On citera The Witcher comme référence du genre, et on dira sans trop se mouiller qu’Odyssey égale voire surpasse le maître. Il faut bien y voir un habillage qui permet de sortir de l’impression de remplir des quêtes FedEx à la suite. C’est aussi l’occasion de se rappeler Arnaud, le tristement peu mémorable héros de Assassin’s Creed Unity qui brillait par son inconstance. Véritable coursier à la solde du premier passant croisé. Alexios est, à l’inverse, un homme qui n’obéit pas au credo de l’ordre des Assassins au départ et qui est motivé par son histoire (pas de spoil ne vous inquiétez pas). Alexios agit par empathie et cela rend son périple à la fois attachant et cohérent.
+
- Un véritable régal pour les yeux sur Xbox One X
- Une aventure solide et efficace
- Activités annexes bien écrites
- Combats navals palpitants
- Combats au sol en net progrès
- Une vraie personnalisation de votre héros
-
- Les chasseurs de prime pénibles à la longue
- Système de combat encore perfectible
- Démarrage assez quelconque
- Moins poétique qu’Origins