Test : Balatro sur Xbox Series X|S
On y revient tout le temps
S’ouvrant sur un écran avec des néons, des cartes et des informations dans tous les sens, Balatro étonne tout d’abord en craignant de nous perdre. Mais très vite, ses bases se posent, et en quelques instants nous en comprenant le but. Le principe de Balatro est finalement assez simple, et accessible. Pour réussir une partie, il faut passer 8 «mises» (ou niveaux) possédant chacune 3 étapes : la petite blinde, la grosse blinde, et le boss. Chacune de ces étapes nous demande d’accumuler un certain nombre de jetons grâce à nos mains. Pour se faire, 8 cartes visibles, 4 main à jouer, 3 défausses possibles et 4$ en poche. Chaque main possède un score de base (jetons) auquel est appliqué un multiplicateur, pour obtenir un score total après chaque main.
Même si n’avons aucune base ou connaissance en Poker, le titre est suffisamment bien pensé pour nous guider et ne pas nous laisser en plan. La partie gauche de l’écran nous décrit nos multiplicateurs en cours selon les cartes choisies, pour en déduire les scores possibles moyennant juste quelques calculs mentaux. Et quand bien même nous connaissons par cœur l’ordre de puissance des différentes mains du Poker sur le bout des doigts, nous pouvons nous référer au mémo des mains, car celui ci peut potentiellement évoluer au fur et à mesure de notre partie.
Nous partons ainsi à l’assaut de notre toute première petite blinde de la première manche qui est de réussir à gagner 300 jetons. Une fois cette étape réussie, nous acquérons quelques dollars. Nous accédons alors au magasin procédural qui nous permet d’acheter des améliorations et bonus qu’il nous faut savamment choisir. Cette boutique est en fait le cœur de Balatro, en faisant de chaque run une partie unique pleine de surprises et de rebondissements. En effet, nous devons progressivement gagner de plus en plus de jetons et pour cela il faut nécessairement se tourner vers les bonus (et éviter les malus) qui pullulent dans le jeu. Ces éléments essentiels sont les jokers, les cartes tarots, les cartes planètes, les cartes spectrales ou des packs boosters que nous achetons avec nos précieux dollars.
Les aspects rogue-lite et deckbuilding du très intelligent Balatro se trouvent alors sur le nombre possible de cartes bonus accessibles. Ne pas accumuler le nombre de jetons demandé pour passer notre niveau est synonyme de Game Over, et on repart au premier niveau en perdant nos bonus en cours. Mais nos défaites essuyées ne sont pas totalement inutiles puisque nous ajoutons à notre jeu, au fur et à mesure de nos échecs, des bonus de plus en plus fous. Notre jeu peut progressivement compter jusqu’à 150 cartes Jokers ou 22 cartes Tarots, entre autres. Là où les jokers jouent sur les multiplicateurs, les cartes tarots jouent sur la couleur, ou l’aspect des cartes. Les cartes planètes, elles, augmentent le «niveau» d’une combinaison de cartes. On se retrouve alors avec une double paire bien plus puissante qu’un sacrosaint Full aux As, pourtant si difficile à obtenir. Les cartes spectrales, elles, vіеnnеnt аjоutеr un bоnuѕ dіrесtеmеnt ѕur lеѕ саrtеѕ. Plus difficilement maitrisables, elles sont en réalité bien utiles au bout de quelques échecs.
Il faut donc savoir gérer son argent pour avoir suffisamment de bonus et enfin aboutir à une véritable synergie entre nos jokers pour maximiser notre cash et notre multiplicateur. Mais parfois, le petit défi que représente le Boss de chaque fin de mise peut mettre à mal notre plan si bien échafaudé. En effet ce boss de fin de niveau présente des contraintes diverses et variées. Par exemple, tous les cœurs ne valent rien ou la moitié de nos cartes ne sont pas visibles. Pour peu qu’on ait basé notre stratégie sur les multiplicateurs appliqués aux couleurs et aux cœurs, on se retrouve comme deux ronds de flan et on se dit que, peut être, ne pas tout miser sur un type de main sera plus judicieux à notre prochain essai.
Une fois les bases maitrisées, on peut s’essayer à l’utilisation de badges, obtenus en passant la petite ou la grosse blinde de notre mise en cours. Ils peuvent avoir une grande valeur ajoutée, mais nous font squizzer un magasin, et donc un potentiel joker hors norme. Pour tout avouer, nous nous y sommes essayés, pour l’instant sans réussite. Mais c’est là en partie la force de Balatro. La frustration de l’échec ne nous dégoute pas du jeu. Les améliorations pérennes que nous glanons à chaque échec nous font finalement progresser. Les infinies possibilités entre tous les éléments divers du jeu font que l’on ne se lasse pas et qu’on y revient pour réessayer une stratégie, ou tout simplement innover… quitte à se planter.
Les bonus potentiels sont innombrables et donnent envie d’essayer, réessayer pour en découvrir encore de nouvelles possibilités pour parfaire notre technique et réaliser LA main magnifique qui nous fait gagner un nombre de jetons stratosphériques. Et plus nous perdons, plus d’autres stratégies peuvent se mettre en place. Un cercle vertueux de l’échec en somme, et ça, c’est beau. Réussir notre première partie n’est finalement que la première pierre à l’édifice Balatro puisque nous découvrons au fur et à mesure qu’il existe 15 jeux de cartes (decks noir, bleu, orange, nébuleux, …) différents, possédant chacun leur spécificité, auxquels on ajoute 8 niveaux de difficultés à débloquer.
Réussir chacune des parties pour tous les niveaux de difficulté de chaque type de jeu occupera donc les plus fous pendant de très longues heures (ou années ?), voire relève de l’exploit. Et comme si ça ne suffisait pas, il existe des défis à débloquer selon nos réussites. C’est donc un très gros contenu que propose déjà Balatro. Mais son développeur n’a pas l’intention de s’arrêter là, puisqu’il a déjà annoncé une très grosse mise à jour l’an prochain. De son côté, la maniabilité manette est sans défaut. Nous naviguons entre les différentes zones de l’écran sans difficulté, et malgré une dextérité franchement pas brillante, pas de misclick nous ayant fait rater THE Joker.
Le jeu est en plus servi par un aspect graphique rétro, imitant l’aspect bombé d’un bon vieil écran cathodique, et ses lumières scintillantes bling bling dignes des casinos de Las Vegas. En revanche, la police de caractère est parfois un peu petite et il y a au début beaucoup d’informations affichées à l’écran pour un rendu un peu fouillis. Mais une fois l’habitude en place, au bout de quelques petites heures de jeu, nous nous y faisons. Et l’affichage de nos cartes se fait sur un fond de couleur tournoyant et tout aussi psychédélique que sa bande-son. Autant d’éléments qui ajoutent à l’aspect «risque addictif» majeur de Balatro. On a un peu l’impression de jouer à ce poker bizarre sous acide en plongeant dans un trip kaléidoscopique des sixties. Nous sommes comme hypnotisés par ce que nous voyons et entendons. Résultat, nous ne voyons pas le temps passer.
Balatro s’adresse finalement à un très large public. Quelque soit notre niveau de maitrise, que l’on soit doué manette en mains ou non, on peut choisir soit de longues sessions tant que nous sommes sur notre lancée, ou au contraire choisir de picorer quelques runs selon notre temps de jeu disponible. Le fonctionnement du jeu et ses possibilités stratégiques quasi infinies font de Balatro une véritable addiction, et pas que pour les amateurs de jeu de cartes.
+
- Facilement accessible et instinctif
- Potentiel infini de combinaisons
- Terriblement addictif
- Rejouabilité sans fin
- Adapté à un très large public
-
- Police de caractère un peu petite