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Banishers: Ghosts of New Eden

Aventure | Edité par Focus Entertainment | Développé par DON'T NOD

8/10
One : 13 février 2024 Series X/S : 13 février 2024
12.02.2024 à 18h01 par

Test : Banishers: Ghosts of New Eden sur Xbox Series X|S

C'est l'histoire de la vie !

Initialement attendu pour la fin de l’année passée, Banishers: Ghosts of New Eden nous a finalement fait faux bond avant de nous fixer un nouveau rendez-vous en ce début 2024. Qu’à cela ne tienne, nous étions particulièrement impatients de découvrir le nouveau jeu signé Don’t Nod. Un titre à la dimension narrative, évidemment, mais qui nous propose également un gameplay mêlant exploration et action dans un univers sombre où les thématiques fortes devaient être au rendez-vous. Un programme chargé donc pour un jeu original - et inimitable - qui vaut franchement le coup d’œil.

Antéa Duarte et Red Mac Raith sont tous deux des bannisseurs. Leur job est donc relativement simple, tout du moins sur papier : ils sont là pour aider les fantômes à quitter le monde des vivants. C’est donc avec cet objectif que nous débarquons à New Eden, une petite ville du nouveau monde qui semble touchée par une malédiction. Nos premiers pas donnent d’ailleurs immédiatement le ton : les rues sombres, arpentées par quelques quidams, ne sont pas accueillantes. La mort et la peur planent sur les lieux, cachant un problème qu’il nous faut rapidement résoudre. C’est d’ailleurs pour cela que nos deux héros recherchent leur contact, un dénommé Charles, en se rendant dans l’auberge, seule bâtisse éclairée. Là, nous sommes accueillis par trois personnages hétéroclites, dans une ambiance des plus … malsaines. D’ailleurs, il ne faut pas avoir le nez fin pour comprendre très rapidement que la ville et ses habitants cachent de sombres secrets.

Bref, on apprend que Charles est mort et on se rend donc auprès de sa veuve. S’ensuit un premier contact avec les esprits, le premier bannissement et enfin, une bonne nuit de repos, du moins le pensait-on. Car, au réveil, Red se rend compte que sa compagne (en amour et en travail) est absente. Il se rend alors rapidement à l’église où l’on fait face à notre premier vrai combat. Le Cauchemar que l’on affronte est retors, dangereux et… bien trop fort. Cette rencontre se solde malheureusement par une cuisante défaite aux lourdes conséquences : Red est plongé dans l’océan et Antéa tuée sous ses yeux. Quelques jours plus tard, notre héros se réveille et se rend compte qu’il est accompagné par le fantôme de sa femme. Le binôme va alors faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin à la malédiction qui touche New Eden et ses habitants.

Banishers 1

Dès le départ et dès vos premiers pas dans le jeu, vous comprenez que Banishers: Ghosts of New Eden n’est pas un titre comme les autres. Son concept est original et inédit et son ton évidemment sombre et pesant est un atout indéniable qui sert parfaitement l’histoire qui nous est racontée. Chaque rencontre, chaque habitant que vous allez aider, ajoute une pierre au gigantesque édifice que construit le jeu autour de thématiques très fortes telle que la vie, la mort et l’amour. Des sujets rarement abordés dans le jeu vidéo, tout du moins de manière aussi humaine. Les différents cas que l’on traite mettent en exergue des comportements humains, souvent mauvais, qui font forcément écho à des choses que l’on peut vivre / rencontrer dans notre vie personnelle. Le tout est servi par de longs dialogues dont seul Don’t Nod a le secret. Les échanges sont vrais, les mensonges nombreux et on se prête vraiment au jeu en essayant de découvrir ce que les habitants souhaitent masquer à notre vue.

Chaque résolution d’«enquête» est également un moment de choix où il faut prendre une décision qui aura une conséquente significative sur la fin de l’histoire. Une fin qui est d’ailleurs démultipliée puisqu’elle varie en fonction de ce que vous faites au cours de vos pérégrinations. Le concept offre donc une rejouabilité intéressante, tout en étant porté par le duo Antéa / Red auquel on s’accroche au fil des heures. Bref, la dimension narrative omniprésente du jeu est un indéniable atout qui, malgré tout, pose un petit problème de rythme à l’aventure en créant certaines longueurs. Dans Banishers: Ghosts of New Eden, il faut apprécier les longs dialogues, lire de nombreux textes et prendre le temps de discuter avec les habitants que l’on croise pour s’immerger pleinement dans l’aventure. Un fonctionnement qui se veut cohérent par rapport au jeu, à son univers et à son ambiance, mais qui ne plaira pas à tout le monde.

Banishers 3

Mais résumer Banishers: Ghosts of New Eden à sa seule histoire serait une bêtise. Car vos enquêtes et les cas que vous devez régler vont vous amener à rencontrer de nombreux esprits / fantômes plutôt malveillants. Le jeu propose donc un système de combat qui allie des mécaniques classiques à un concept novateur : la possibilité de changer de personnage instantanément. Pour faire simple, vous incarnez Red Mac Raith qui dispose d’une épée et d’un fusil. Il est possible de porter à ses adversaires des attaques légères, des attaques lourdes, d’esquiver et de parer. Le fusil tire un coup à la fois et doit être rechargé entre chaque tir, ce qui oblige à l’utiliser intelligemment. Bref, jusque-là, rien de bien particulier. Mais une nouvelle fois, les développeurs ont réussi à nous surprendre en proposant, d’une simple pression sur « Y », de changer de personnage et de prendre le contrôle du fantôme d’Antéa qui se bat avec ses poings.

Ce switch offre plusieurs avantages : chaque personne dispose d’une barre de vie. Si celle d’Antéa vient à disparaitre (elle diminue avec le temps), alors vous reprenez le contrôle de Red. Par contre, si la sienne se vide, c’est la fin de la partie. Là où le jeu se montre malin, c’est dans le fait que toute attaque de Red recharge la vie d’Antéa. Vous pouvez ainsi jongler rapidement entre les deux et profiter des avantages de chacun. C’est d’autant plus vrai que les dégâts que vous portez sont plus ou moins importants en fonction des cibles que vous affrontez. Il est donc judicieux de switcher régulièrement et de s’adapter. Du coup, concrètement, s’il nous aura fallu quelques combats pour cerner le gameplay de nos deux héros, l’ensemble s’avère particulièrement efficace et jouissif à utiliser. Les seules difficultés que nous avons rencontrées et qui auraient mérité un peu plus de précision sont la gestion de la caméra (parfois catastrophique) et le manque de réactivité (ou de la latence) quand on appuie sur certains boutons et que le personnage n’exécute pas l’action demandée.

Banishers 2

Evidemment, qui dit jeu d’action, dit aussi progression. Si vous mettez assez rapidement la main sur le fusil, vous avez également la possibilité de perfectionner et de personnaliser votre personnage. Ainsi, vos pérégrinations (exploration du monde et résolution de quêtes) vont vous offrir l’opportunité de glaner pas mal de pièces d’équipements qui vous offrent différents bonus. Vous pouvez également les améliorer en utilisant les nombreux matériaux que vous récupérez durant votre voyage. Attention, cette modification de l’équipement ne peut se faire qu’auprès du feu de camp, seul endroit du jeu où vous pouvez vous reposer. Cela étant, rassurez-vous, les développeurs en ont disséminés aux quatre coins du monde. Evidemment, cette personnalisation est surtout intéressante grâce aux différentes caractéristiques que cela modifie sur votre personnage. Cela signifie donc qu’en fonction de vos pièces d’équipements, vous pouvez orienter le gameplay de Red et d’Antéa.

À vous de farfouiller un peu et de trouver l’équilibre qui sied le mieux à votre manière de faire. C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Autre moyen de progression du jeu : l’expérience. Comme pour la personnalisation, les quêtes accomplies et les ennemis vaincus vous permettent de récupérer des points d’expérience, et donc de passer de niveau. Cela vous permet d’obtenir des points de compétences qui peuvent être utilisés dans un arbre qui fonctionne toujours par choix, ce qui signifie que vous ne pourrez pas débloquer toutes les améliorations de vos personnages. Une nouvelle fois, c’est à vous de choisir ce qui vous convient et d’expérimenter l’une ou l’autre manière de jouer. Le tout fonctionne parfaitement bien, notamment parce qu’il est possible de redistribuer les points comme on l’entend.

En plus d’une histoire réellement passionnante et d’un système de combat plutôt bien pensé, Banishers: Ghosts of New Eden propose un troisième pan de gameplay : l’exploration. Une fois l’aventure bien débutée, vous vous rendez rapidement compte que la carte du monde est immense. Cela étant, ne vous attendez pas à un monde pleinement ouvert, mais plutôt à une succession de chemins et d’embranchements qui mènent à différents lieux qui sont propices aux activités disséminées par les développeurs : vaincre un ennemi élite, récupérer des objets, ouvrir des coffres, trouver des bonus pour nos personnages, affronter des vagues d’ennemis… Sans être novateur, ce point du jeu s’avère suffisamment efficace, tout en proposant une expérience plus axée sur l’action et les combats. Cela offre d’ailleurs au jeu un contenu un peu plus conséquent qui peut, selon votre manière de jouer et le fait que vous fassiez (ou non) les quêtes secondaires, s’étendre sur une grosse vingtaine d’heures de jeu. Une durée de vie plutôt inattendue pour un titre de cet acabit et à la dimension narrative aussi importante.

Banishers 4

Reste donc la partie technique du jeu. Sur ce point-là, Don’t Nod a sorti le grand jeu : Banishers: Ghosts of New Eden est franchement beau. Les personnages sont bien modélisés et les animations faciales (très importantes dans un titre comme celui-ci) sont crédibles. Même constat pour le doublage qui est intégralement disponible en français et qui s’avère de très bonne qualité. Les environnements quant à eux ne sont pas en reste et les différents lieux sont réussis. Mention spéciale à certains panoramas qui laissent d’ailleurs rêveur nos deux héros, et nous-même par la même occasion. En ce qui concerne la direction artistique, on peut dire que les développeurs rendent ici une copie solide. Le seul reproche que l’on peut faire vient du fait que les couleurs, les lieux visités sont assez monotones. Mais peut-on vraiment reprocher cela à un jeu qui joue la carte de la cohérence et qui se base sur un univers particulièrement sombre ?

Là où on grimace un peu plus, c’est par rapport au bestiaire. Vos adversaires, les fantômes et les loups, sont à peu près les mêmes durant toute l’aventure. Et même s’il y a quelques variantes, on tourne rapidement en rond. C’est dommage. Heureusement, les combats de boss, eux, bien que peu nombreux, sont d’excellentes factures, tout en réussissant systématiquement à nous surprendre. Enfin, terminons ce test par la partie sonore. Si la musique est surtout là pour l’ambiance, nous l’avons trouvée un peu trop discrète. Il manque au jeu un thème fort qui aurait pu porter davantage les aventures de nos deux héros, même si, soyons honnêtes, sur ce point-là, on pinaille un peu.

8/10
Banishers: Ghosts of New Eden est indéniablement un ovni. La vingtaine d’heures de jeu passée aux côtés d'Antéa et Red réserve son lot de surprises et d’émotions. Les différents cas à résoudre mettent en évidence de nombreux comportements humains qui ne nous laissent pas indifférents, tandis que les trois thématiques principales sont magistralement abordées. Don’t Nod nous prouve une nouvelle fois sa capacité à délivrer une histoire forte, des personnages marquants et un univers singulier qui, tous ensemble, nous invitent à vivre une aventure que l’on ne peut pas oublier. Alors oui, certaines choses ne sont pas parfaites, mais qu’importe. Ce duo vaut vraiment la peine qu’on l’accompagne jusqu’au bout de sa quête !

+

  • Antéa et Red ;
  • Thématiques fortes ;
  • Qualité des dialogues ;
  • Histoire bien menée ;
  • Concept original ;
  • Système de combat unique ;
  • Combats de boss impressionnants ;
  • Techniquement solide.

-

    • Quelques longueurs ;
    • Caméra capricieuse ;
    • Latence lors des combats ;
    • Bestiaire limité.