Test : Batman Begins sur Xbox
Peur ? Oui, tu auras peur…
Batman Begins nous propose d’explorer Gotham City en visitant plusieurs lieux où notre justicier aura fort à faire ; à chaque niveau son objectif à atteindre, ses ennemis à abattre. Mais seul contre tous, Batman n’a a priori aucune chance. C’est sans compter l’un des fondements même du jeu (et du personnage !) : la peur que le Dark Knight fait éprouver à ses ennemis. Plutôt que de vous lancer à corps perdu dans les combats, le jeu vous propose d’effrayer vos adversaires au moyen de tactiques de contournements. Et bien entendu, plus vos adversaires vous craignent, plus vous pourrez les vaincre sans trop de casse. Sur ce point, le jeu remplit parfaitement son objectif. Et pour effrayer, il va falloir se déplacer le plus discrètement et silencieusement possible.
Eh oui ! les concepteurs du jeu ont eu la remarquable idée de faire un jeu d’infiltration : à vous le plaisir de vous faufiler discrètement dans le dos de vos adversaires inattentifs, de vous agripper à une poutre pour fondre sur vos proies ou bien d’attirer leur attention ailleurs pendant que vous vous apprêtez à les assommer. Concrètement, le jeu encourage fortement de jouer en finesse, et les plus bourrins lâcheront le pad assez rapidement. Batman ne résiste pas à quelques rafales d’automatiques, donc autant se la jouer prudent.
Un gameplay Bat-scripté au possible
Pour vous aider, vous aurez à votre disposition tout un attirail afin de berner les nombreux systèmes de protection : grappin pour se balancer de poutrelles en tuyaux, câble optique pour voir derrière les portes, hack électronique pour pirater les ordinateurs, etc. On retrouve en cela un des aspects de la bande dessinée (et par extension du film) puisque Batman utilise régulièrement les derniers gadgets à la pointe de la technologie.
L’aspect "infiltration" n’est toutefois pas aussi poussé que dans d’autres jeux comme Splinter Cell ou Dark Project. Et cela à cause de la volonté des concepteurs de faire de Batman Begins un jeu accessible et si j’ose dire tous publics. En effet, tout est prévu à l’avance et l’on ne vous laisse que peu de marge de manoeuvre. Ainsi il vous faudra à chaque passage délicat (adversaires humains, pièges, scripts de l’histoire…) agir comme les développeurs l’ont prévu. Heureusement on vous indique très souvent les indices à ne pas manquer pour progresser tels que les portes, les endroits où lancer son grappin, les serrures, les objets à fouiller… Du coup, on a une curieuse impression en jouant : lorsqu’on a les mêmes idées que les concepteurs, c’est le pied ! Mais si vous souhaitez échafauder vos propres tactiques, abandonnez de suite, Bruce Wayne n’avancera pas.
Un exemple ? A un moment du jeu je me retrouve devant une porte. Je jette un oeil grâce au câble optique : plusieurs malfrats discutent, parlent d’une étrange créature (gnark gnark), et l’un d’entre eux finit par se diriger vers moi. Illico presto, je me mets dans un coin pour fondre sur l’ennemi dès qu’il franchit le seuil de la porte… Un terrible MISSION FINIE apparaît à l’écran. Aïe. Je reprends l’action et essaie cette fois-ci une bête attaque frontale dans le plus pure style "je sors, je flingue tout le monde". Pas de chance, comme je l’ai dit, Batman est à l’épreuve des balles et ma tentative se ponctue par la même sanction. Après 10 minutes d’essais infructueux, j’ai fini par comprendre qu’il fallait reculer, laisser le gangster rentrer, décrocher son portable et discuter pour l’attaquer dans le dos ! Impossible de passer sinon. Linéaire, vous avez dis linéaire ?
Du coup, les hardcore gamers vont faire la gueule devant une progression prémâchée et pré-orchestrée qui si elle est loin d’être inefficace (il y a de bien jolies scènes à vivre !) s’avère parfois frustrante tant elle ne laisse que peu de liberté à l’imagination et la malice du joueur. On pourrait d’ailleurs comparer de nombreux passages à une sorte de Prince of Persia où le jeu vous guiderait étape par étape pour passer les salles.
Une réalisation Bat-trop mal, mais Bat-top non plus
Si l’on passe outre ce défaut, Batman Begins se révèle être un jeu agréable. La prise est main est quasi-immédiate avec un tutoriel se chargeant de récupérer les derniers récalcitrants, et les combats, bien que manquant parfois de clarté, restent assez réussis. Batman bouge bien, souplement quoique un brin lourdement (le costume, sans doute) et dispose d’une panoplie bien suffisante d’actions. On prend véritablement plaisir à le voir évoluer et à le diriger. Surtout lorsqu’on se faufile discrètement dans le dos des gardes ou criminels ! Une curiosité : vous pouvez interroger certains gardes pour leur soutirer des informations (mot de passe, combinaison de portes…). Rien de bien exceptionnel sauf que Batman est loin d’être un enfant de choeur ! Il interroge à coup de bourre-pifs et rien ne vous empêche de poursuivre la semi-torture un peu plus loin si le coeur vous en dit (ce qui vous permettra d’entendre quelques répliques assez marrantes).
Graphiquement, Batman Begins n’impressionnera pas les joueurs avertis de la boiboite verte. On est loin d’utiliser toute la puissance de la Xbox, la sortie sur plusieurs plateforme oblige (vous me direz avec EA on reste en terrain connu). Reste que Batman est très réussi, notamment les effets de cape. Les cinématiques utilisent tantôt des vidéos du film et le moteur du jeu, et l’on remarquera la modélisation des visages assez réussie. Le seul réel défaut se situe dans les décors certes réussis mais qui laissent une sensation de répétition (et oui, on reste dans un environnement urbain tout au long du jeu, excepté pour le tutoriel). Cependant entre certains niveaux, vous aurez l’occasion d’utiliser la fameuse Batmobile. Vous vous souvenez de BurnOut ? Et bien imaginez-vous avez le même gameplay à bord de la Batmobile dans les rues pluvieuses et sombres de Gotham City. Voilà un petit supplément fort sympathique, qui n’apporte rien en soi à l’intrigue, mais offre un agréable divertissement que les concepteurs ont placé dans les bonus pour pouvoir y rejouer indépendamment du jeu principal. Merci qui ?
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- Très cohérents avec le film, les graphismes exploitent sans mal les capacités de la XBox sans la mettre à genoux. Du travail impeccable mais sans réel génie. A noter la cape du Caped Crusader.
- Pratique, simple, rapide à assimiler pour les phases d'infiltration. A cause d'une panoplie de coups réduits, les combats ne sont pas très funs mais ne durent jamais bien longtemps
- Court. Trop court. Et l'on a pas très envie de recommencer puisque de toute façon le jeu est hyper-scripté.
- Dans la droite lignée du film. Mais n'attendez pas le thème de Goldenthal, il n'y est pas.
- Même chose, on suit le film. Ni surprenant, ni décevant. Mais si vous n'avez pas été au cinéma, certains passages paraîtront confus, à cause d'ellipses scénaristiques peu audacieuses.
- Un jeu correct mais ne laissant pas un souvenir indélébile. Les fans et les joueurs occasionnels apprécieront malgré la très relative profondeur du gameplay, les joueurs plus exigeants passeront leur chemin.
- Souple mais lent, le Batman est un animal qui se laisse diriger sans problème.