Test : BioMutant sur Xbox One
Mon premier open-world
Biomutant nous plonge une fois de plus dans un monde post-apocalyptique où, à la suite d’une intoxication des eaux par la société Toxanol -dont le nom aurait pourtant dû inciter à la méfiance-, l’espèce humaine a totalement disparue pour laisser place à des animaux doués d’intelligence. Tout ce beau monde vit paisiblement dans un parfait nouvel éden végan, en une seule et unique tribu unie sous la bannière de leur guide : la grande prêtresse du Wing-Fu. Comme le propre du bonheur semble qu’il soit éphémère, l’arrivée d’une créature carnivore bien décidée à ne pas se contenter de figue pour unique repas vient mettre un terme aux réjouissances. Cette attaque aussi violente que subite, provoquera le sacrifice de la cheffe de tribu, avec pour cause l’exil forcé du héros, ainsi que la dissolution des survivants en différentes tribus, désormais hostiles. La trame scénaristique, expliquée sous forme de flashback dans les premières heures de l’aventure, vous mènera des années après ce triste évènement, en suivant la destinée du héros, de retour d’exil et bien décidé à se venger. Tout cela en prenant le temps de sauver le monde au passage, attaqué directement à la racine par 4 monstres gigantesques et dévastateurs. Le scénario ultra prétexte de Biomutant multiplie les poncifs du genre au travers des clichés habituels de l’orphelin revanchard, dont la cicatrice est la marque des différentes prophéties soulignant l’arrivée du héros. Rien de vraiment palpitant à se mettre sous la dent et malheureusement la trame n’avancera que très peu, principalement au début et en toute fin d’aventure. Le jeu est par ailleurs très avare en cinématiques et celles-ci sont de toute façon très platement mises en scène, avec pour la plupart du temps une absence totale de musique, voire carrément d’effet sonore, annulant le semblant de tentative pour les rendre épiques.
Si le scénario n’est déjà clairement pas le point fort du soft, la narration ne rattrape malheureusement pas les choses. Doublé intégralement en Français, Biomutant est toutefois rattrapé dans son ambition par une économie totale de moyen. Les voix différentes sont seulement aux nombres de trois, deux pour vos consciences et la troisième pour celle du narrateur, ce dernier paraphrasant absolument toutes vos actions et servant de traducteur à votre avatar, vraisemblablement muet. En action, cela se concrétise par des PNJ qui vous parleront dans un langage yaourt -rappelant les baragouinages de Banjo Kazooie- et le narrateur s’occupera de la traduction. Déjà pourvu d’une écriture très limitée et laissant souvent penser que le jeu est avant tous imaginé pour être compris par les joueurs les plus jeunes, les dialogues subissent avec ce choix un détachement constant sur les émotions émises, le narrateur ayant un ton de voix particulièrement monocorde et lassant. Même chose pour les commentaires en action, répétitifs et donc forcément crispants sur la durée. La palme est décernée aux nombreux puzzles, pourtant quasiment tous basés sur la même mécanique, mais dont le narrateur ne cesse jamais de vous réexpliquer le fonctionnement, même après en avoir déjà résolu une bonne cinquantaine. Fort heureusement, les développeurs ont visiblement bien compris par eux-mêmes le problème et proposent dans les options de réduire la fréquence de commentaires du narrateur.
Concernant le gameplay, Biomutant navigue en terrain connu. Open-world action/aventure avec des mécaniques RPG, il propose une très large personnalisation de l’avatar au lancement d’une nouvelle partie. Le choix de l’espèce, parmi les 6 disponibles, vous permettra déjà de profiter de statistiques de base plus ou moins performantes parmi la vitalité, la force, l’intelligence, le charisme, l’agilité et la chance. 5 stats de résistance génétique sont également présentes et si elles sembleront un brin inutiles au tout début de l’aventure, vous vous retrouverez rapidement face à certaines zones irradiés ou contaminés que vous ne pourrez pas explorer librement sans la résistance nécessaire ou la bonne combinaison. Vous devrez également choisir une classe parmi les 5 disponibles, du franc-tireur au commando, en passant par le psionik, chacune d’elles ayant ses avantages et ses inconvénients, selon le type d’attaques favorisées. En effet, Biomutant propose autant des combats au corps à corps, que ce soit à main nue ou à l’arme blanche, que des combats à distance via une très grosse palette d’armes différentes. Vous pourrez même utiliser toute une pelletée de pouvoirs magiques, offensifs ou défensifs, liés à une barre de Ki qui sert également de barre d’endurance pour les esquives. A vous de voir quel type de personnage vous préférerez développer, quitte à recommencer plusieurs fois le prologue du jeu, les développeurs n’ayant une fois de plus pas eu l’idée d’incorporer un système d’essai des différentes classes disponibles en début de partie.
Le jeu propose donc une diversité de gameplay bienvenue, mais qui peine malheureusement un peu à convaincre sur tous les niveaux. Première info importante, le héros se déplace très bien. A la fois rapide et habile, l’exploration se fait avec plaisir et que ce soit pour parcourir de grandes distances, escalader une paroi un peu abrupte ou tout simplement dépouiller une maison abandonnée de ses richesses, les déplacements sont toujours agréables. Une fois en combat, les choses sont toutefois beaucoup moins réjouissantes. Tout d’abord, les combats au corps à corps, qui représentent tout de même la majorité des classes de départ et l’attaque la plus rapide, peinent à réellement convaincre. La faute à un très faible nombres de combos -à peine 2 ou 3 par type d’armes différentes- mais surtout à cause de l’absence totale de sensation de coup porté ou même reçu. C’est bien simple, hormis en observant la barre de vie de vos adversaires, vous n’aurez jamais l’impression de les avoir touchés. Même problème pour votre personnage qui se retrouvera rapidement dans le rouge alors que vous n’aurez même pas remarqué avoir subi des coups. Plus embêtant, le ciblage automatique, couplé à une caméra devenant parfois un brin maboul, pourra vous assurer quelques maux de tête. Globalement, si les duels au sabre ne sont pas totalement catastrophiques et demandent surtout à être maitrisés, ils n’apportent absolument aucune source de fun et deviennent plus une contrainte qu’un réel plaisir. Les attaques à distance quant à elles s’en sortent nettement mieux, avec un lock auto vous machant globalement la majorité du travail, malgré une fois de plus une sensation de coup porté totalement invisible. Le choix des armes, combinant croix directionnelle, stick droit, plus bouton A pour valider est quant à lui une horreur d’ergonomie vous retirant immédiatement toute envie de changer d’arme au cours d’un combat. Enfin, les attaques magiques se veulent ultra classiques avec charge brûlante, prise de contrôle de soldats ennemis ou encore mur de glace, mais sont principalement limitées par une utilisation très gourmande de la barre de Ki et surtout un coût énorme en point de compétences, obligeant à explorer énormément pour pouvoir débloquer les magies les plus puissantes.
A la manière d’un RPG de Bioware, Biomutant propose également un système d’aura, menant constamment votre héros vers le chemin lumineux ou ténébreux. Concrètement l’aura se modifiera principalement via votre façon de répondre aux différents PNJ qui croiseront votre chemin et de votre manière de leur rendre service. Censé remanier totalement le monde qui vous entoure, dans les faits cela impliquera uniquement des lignes de dialogues différentes, ainsi que l’accès à l’une des deux fins du jeu. Selon votre score de ténèbres et de lumière, certains pouvoir vous seront également accessibles. Plus concret, la montée en niveau vous permettra évidemment de faire gonfler vos statistiques générales, mais également de récupérer des points d’amélioration, nécessaires pour débloquer les quelques rares combos du jeu, ainsi que des traits vous permettant de profiter de bonus de compétence. Au cours de votre exploration dans le monde ouvert, vous trouverez également de nombreux biopoints et points PSI qui vous permettront de débloquer les magies et attaques spéciales, ou de renforcer vos défenses aux différents éléments. Simples et austères, les menus du jeu sont suffisamment compréhensibles pour permettre aux plus jeunes joueurs de maitriser la prise de niveau et l’achat de compétences sans trop de problèmes. Cela n’est en revanche clairement pas le cas de l’inventaire et de la fabrication d’objets, pourtant basés sur le même modèle. Découpé en 7 parties du corps, le loot vous permettra de personnaliser l’armure de votre personnage selon votre préférence, sachant que vous pourrez en plus y ajouter des modifications, les améliorer via les tables de bricolage ou encore les fabriquer de toutes pièces en partant de zéro. Véritable usine à gaz avec des sous-rubriques constantes et des modifications pas toujours très claires, l’amélioration de l’équipement se veut en plus très coûteuse et vous obligera une fois de plus à explorer souvent les ruines pour récupérer des matériaux.
Bien que découpé en plusieurs zones distinctes, l’open-world gigantesque ne vous fera malheureusement pas voyager énormément. Globalement, toutes les zones se ressemblent et bien que la beauté globale du titre soit très appréciable -surtout au regard de son statut double A- le monde de Biomutant reste tout de même très vide, avec ses grandes plaines parsemées ici et là de ruines de notre civilisation, que vous serez libre d’explorer et vider de tout contenu de manière mécanique et répétitive. Les villages sont minuscules, la faune sauvage extrêmement limitée et même les patrouilles ennemies se font relativement discrètes. Cela même devant une forteresse ennemie pourtant censée être en guerre. Le moteur souffre également de soucis techniques, avec son clipping faisant apparaitre la végétation à quelques centimètres devant vous, quand ce n’est pas votre personnage qui traverse directement les rochers qui se trouvent sur sa route. Dommage, une fois de plus, que l’ambition du studio se heurte à la difficulté de proposer un monde cohérent et vivant. On pourra toutefois signaler que malgré le peu de choses à réellement découvrir dans son monde ouvert, le jeu propose toutefois des dizaines de quêtes secondaires, souvent nécessaires à la découverte de nouvelles compétences ou options, comme le très pratique deltaplane ou encore les services plus anecdotiques du coiffeur ou du vendeur itinérant.
Concernant les missions principales, l’enthousiasme du début de l’aventure retombera assez rapidement dans une routine très peu inspirée. L’aventure est axée sur deux lignes principales : la première vous amenant à devoir unifier ou asservir les 6 différents clans en guerre et la deuxième à réduire à néant la menace que constituent les 4 titans auprès de l’arbre monde. A cela viendra s’ajouter l’évidente quête de vengeance du héros, très moralisatrice, malgré un rebondissement plutôt bienvenu en milieu d’aventure, ainsi que l’arrivée impromptue d’une arche spatiale vous donnant l’impression que les scénaristes ont passé une soirée légèrement enfumée. La reconquête des tribus, bien que prometteuse dans ses premiers instants, via le choix de prendre le parti d’une tribu bienveillante ou au contraire de celle conquérante, montre malheureusement trop rapidement ses limites. Chaque zone d’un clan étant constitué de 3 forts, il faudra les prendre tous un par un, via des objectifs simples pour ensuite se lancer à l’attaque de la base ennemie. Enthousiasmant sur le papier, la sauce redescend bien vite face à des batailles rangées vous faisant affronter une brochette de 4 gardes ou vous incitant à réveiller 3 fourmilières pour faire capituler un lieutenant. Même un système de menace par dialogue plutôt bien vu, pour tenter de pousser à contraire un ennemi à se rendre plutôt que de vous affronter, montre trop rapidement ses limites, devant l’extrême facilité à l’utiliser pour tout simplement se débarrasser de combats parfois trop longs.
L’extrême redondance de la prise de base ennemie et le fait de devoir refaire exactement les mêmes actions contre les 5 clans à la suite pourra décourager le plus téméraire des complétistes. Heureusement et probablement pour éviter tout scandale par suite de la vague de suicide que cela aurait pu conduire, dès le deuxième clan battu, vous pourrez tout simplement décider que vous en avez assez vu et les 3 clans restant se rendront automatiquement à votre cause. Une idée bienvenue et évitant d’abandonner le jeu en cours de toute pour les joueurs les moins patient. Concernant les combats contre les monstres, ils vous pousseront à chaque fois à faire le tour complet d’une zone, afin de récupérer les matériaux nécessaires à la fabrication d’un Mecha, overboard ou sous-marin vous permettant d’avoir les ressources nécessaires pour l’affrontement. Très amusant la première fois, on déchante rapidement en s’apercevant qu’il faudra refaire exactement les mêmes missions dans le même ordre 4 fois de suite pour chacun des boss. Heureusement, les combats contre les boss, s’ils ne sont pas les plus incroyables jamais vu se déroulent avec un certain plaisir et permettent de profiter d’équipements au gameplay franchement plus amusant que ceux du jeu de base.
Artistiquement et techniquement parlant, Biomutant souffle également le chaud et le froid constamment. Si globalement le jeu s’en tire vraiment bien sur Xbox Series X, avec le choix du framerate à 60 FPS et une résolution convaincante, ce n’est pas du tout le même chose sur Xbox One, limitée à 30 FPS avec une résolution en dessous et des textures baveuses. De surcroit, le jeu ne profite pas d’optimisation Xbox Series dédiée et il faudra donc se contenter uniquement de la hausse du framerate et de la résolution pour le moment. Si le modèle du héros et les décors sont globalement jolis et plutôt de bon goût, il n’en est pas du tout de même pour la plupart des monstres, semblant sortir du plus ridicule des JRPG, et des PNJ tout simplement abominables tant il donne l’impression d’avoir été créés pour un publique d’enfants considérés comme des attardés. Le jeu est globalement très bien fini, avec absolument aucuns bugs bloquant tout au long de la partie, très peu de bugs visuels et quelques rares plantages essentiellement lors de la recharge d’une sauvegarde précédente en cours de partie et qui devraient facilement être corrigés via une MAJ.
Le test, à retrouver aussi en vidéo
+
- Possibilités de gameplay et d’évolution du personnage diversifiées
- De très nombreuses missions principales et secondaires
- Graphiquement agréable et très bien fini
- Les combats contre les boss sympathiques
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- Combats au corps à corps mous et imprécis
- Manque de vie et de diversité dans le monde
- Missions principales victimes du copier-coller, rapidement rébarbative
- Scénario sans imagination, couplé à une mise en scène inexistante
- Menus d’équipement et de fabrication pensés pour les comptables
- La voix du narrateur donne envie d’imiter Van Gogh