Test : Bionic Commando sur Xbox 360
Dans le couloir de la mort
Vous êtes Nathan Spencer (si,si, un effort d’imagination voyons !). Après avoir été utilisé par le gouvernement durant les événements du premier épisode, ce dernier vous juge (vous ainsi que vos congénères) comme dangereux. C’est ainsi qu’il vous reprendra votre bras bionique avant de vous envoyer en prison, prêt à être exécuté. Heureusement pour vous, d’autres événements se préparent, et vous êtes sauvé du couloir de la mort. On vous fera alors une proposition que vous ne pourrez pas refuser. Il faut dire qu’ils ont des arguments choc les bougres : outre la vie, ils vous proposent des informations sur la femme que vous aimez et dont vous n’avez plus eu de nouvelles depuis l’accident qui vous à coûté votre bras. Il n’en faudra pas plus pour que vous décidiez de remettre le couvert.
Si le scénario de Bionic Commando prend place seulement dix ans après les événements du premier volet, en réalité, voilà vingt ans que ce dernier est sorti. Depuis, le paysage vidéoludique a bien changé, et le gameplay se devait d’être profondément réactualisé.
C’est ainsi que d’un jeu de plateforme en 2D à scrolling horizontal, nous passons ici à la 3D intégrale, avec la promesse de se balader tel Spiderman dans les rues d’Ascension City. Cette sensation est malgré tout plutôt mitigée. En effet, si le rendu à l’écran est plutôt convainquant, la trop grande linéarité des niveaux entache cruellement la sensation de liberté qui devrait en découler. En effet, s’il n’existe dans Bionic Commando pas de murs invisibles à proprement parler, ces derniers sont astucieusement remplacés par des zones radioactives tuant rapidement le joueur souhaitant un peu trop sortir des sentiers battus. Cette idée étrange de gameplay est, de plus, particulièrement frustrante, car ces barrières ne sont pas toujours très visuelles, et il arrive relativement fréquemment de se trouver en zone radioactive en pensant simplement y trouver un chemin, et mourir bêtement, le temps de s’en rendre compte et de rebrousser chemin.
Frustrant, le jeu l’est aussi sur bien d’autres points. Si l’idée de faire un jeu dédié aux acharnés du pad est louable, dans la pratique, Bionic Commando est plus frustrant que difficile. En fait, le titre n’est que peu permissif, et le moindre faux pas vous entraînera souvent au fond de l’eau et signifiera généralement la mort. Si un saut manqué ne se charge pas de vous faire mourrir, la faucheuse pourra aussi venir de quelques balles bien placées. En effet, Nathan Spencer (vous donc) est fort comme un bœuf, mais ne résiste que peu de temps aux assauts ennemis. Si sa vie se régénère façon Gears of War ou Halo, elle se consume aussi particulièrement vite. Heureusement, le jeu promet une bonne marge de progression, et si la première heure s’avère éprouvante, les acrobaties deviennent rapidement une seconde nature (même si des soucis de jouabilité subsistent).
Rearmed again
L’un des facteurs qui fait que Bionic Commando est difficile à maîtriser provient peut-être du fait que, d’entrée, un énorme tutorial enseigne toutes les commandes du jeu, dont la plupart n’interviendront que bien plus tard dans l’aventure. Etrange. De plus, l’utilisation du grappin demande véritablement de prendre le coup de main, ce qui nécessite du temps, tout simplement.
Ce grappin sera votre meilleur compagnon durant tout le jeu, vous aurez donc intérêt à le maîtriser au mieux. Le balancement d’un toit à un autre sera votre passe-temps favori, mais il sera aussi particulièrement jouissif d’attraper des voitures et de les envoyer à la tête de vos agresseurs (ou des vos agressés, c’est selon). Plus fort encore, vous pourrez attraper ces mêmes ennemis pour les envoyer sur vos adversaires, ou vous approcher rapidement d’eux en rétractant votre bras pour leur administrer un coup de pied sauté plutôt virulent. Plus tard, il sera même possible de faire gonfler une jauge d’adrénaline permettant de déchaîner d’un coup son grappin dans une attaque tournoyante particulièrement efficace.
Nathan est un soldat avant tout chose, et nombre d’armes sont à sa disposition. Outre le pistolet de base à l’efficacité plus que relative, il dispose d’un fusil à pompe, d’un lance-missile, d’un lance grenade, d’un fusil de sniper ou encore d’une mitrailleuse. Manque de chance, ces armes n’ont qu’une quantité limitée de munitions, et le bon sens conseille de les économiser au mieux, surtout qu’il n’est possible d’en prendre qu’une seule à la fois. Il faudra bien choisir.
Enfin, mister Spencer peut aussi faire appel à ses copines les grenades pour déblayer un terrain parfois bien encombré. On reste ici dans le classique, et on voit que l’originalité du titre vient en grande partie du bras bionique. Cela se ressent aussi dans la structure des niveaux, qui manque singulièrement de renouvellement.
Ainsi donc, vous retiendrez vite l’équivalent métro/boulot/dodo du jeu, ici symbolisé par un routinier ennemis/piratage/acrobaties.
Pourquoi ai-je la désagréable sensation d’être le dindon de la farce ? (Nathan Spencer)
Le titre de Grin ne manque pas d’intérêt. Si le scénario inintéressant au possible ne fait que renforcer le sentiment de manque de rythme dans l’aventure, les développeurs semblent s’être essentiellement concentrés sur le jeu en lui-même. C’est ainsi qu’ils ont développé tout un système de défis ingame. Ces derniers incitent donc le joueur à réaliser toute sorte d’action pour progresser dans l’arborescence des défis. Chaque défi remporté permet d’accéder à d’autres défis, d’améliorer les compétences et armes de Spencer, et généralement de déverrouiller la quasi-totalité des succès du jeu. Derrière ce système intéressant se cache néanmoins l’un des aspects les plus frustrants du jeu. En effet, il vous arrivera relativement souvent de suer sang et eau pour réussir un défi, puis de mourir bêtement dans une zone radioactive ou au fond d’un gouffre. Résultat, après un temps de chargement chaque fois longuet, vous reviendrez au checkpoint précédent, sans que votre réussite laborieuse ne soit prise en compte. Et plus vicieux encore, sans les quelques objets trouvés durant le défi en question. Il faudra impérativement passer par un point de contrôle pour sauvegarder votre progression.
Outre cette campagne solo (dont chaque chapitre sera accessible directement par la suite), les développeurs ont pris la peine d’intégrer un mode multijoueur. Loin d’être mauvais, ce dernier sera surtout relativement désert et au final plutôt anecdotique. Il consiste en de simples matchs à mort ou du capture de drapeau sur des maps issues de la campagne. Pour le coup, on est plus en face d’un bonus, et le studio l’a bien compris, comme peut en témoigner l’absence totale de succès à gagner dans ce mode.
Finissons donc par un petit tour d’horizon de l’inévitable bilan technique. Graphiquement, le jeu oscille entre le meilleur et le pire. En effet, certains décors méritent le respect alors que d’autres vous incitent à changer d’air rapidement. Le moteur du jeu souffre par contre d’un effet de flou particulièrement disgracieux. Dommage quand on voit ce que Capcom réussit à faire avec le moteur de Resident Evil/Lost Planet. L’animation, par contre, s’en sort plutôt bien, malgré quelques baisses de framerate de temps à autre. Concernant la bande-son (et malgré des voix en anglais uniquement et des sous-titres assez aléatoires), on peut, au moins cette fois-ci, tirer notre chapeau aux développeurs : les morceaux alternent entre des remix réussis du jeu d’origine et de nouvelles compositions de fort bon aloi.
+
- Défis in-game bien construits
- Les musiques réussies
- La licence est respectée
- Bonne marge de progression
-
- Scénario inintéressant
- La progression ennemis/piratage/acrobaties
- Multijoueur anecdotique
- Frustrant
- Les zones radioactives