Test : Bionicle Heroes sur Xbox 360
Et je rêvais d’un autre monde, où les jeux seraient immondes
« Vaisseau 360 à base terrienne XM, nous nous approchons de l’objet, nous ne voyons pas grand-chose et nos capteurs se brouillent, nous craignons une coupure de communication, pas surs qu’on en revienne les gars ». Pardonne cette entrée en matière, cher lecteur, mais en tant qu’astro-physiciens de renommée, il nous fallait te dire que Bionicle Heroes est le fruit d’une liaison chimique, à savoir une interaction qui s’est établie entre les atomes Eidos, TT Games et LEGO au sein de la matière pour en assurer la cohésion. Et cohérent, le titre l’est sans conteste, restant fidèle à sa médiocrité dans tous les domaines. Revenons toutefois aux prémices de cette création : nous commençons et terminerons sur l’île de Voya Nui, au cœur de l’enclave Matoran dont vous êtes le seul habitant et donc, en toute logique, le seul à pouvoir lutter contre les ennemis. Les méchants s’appellent les Pirakas – des sortes de robots (comme vous) capables de balancer toutes sortes de bestioles mécanisées dont le redoutable crabe à boulons. L’île est constituée de six mondes élémentaires, parmi lesquels la forteresse d’Avak, le désert de Reidak, la plage de Vezok et la montagne de Thok sont accessibles presque dès le départ. Se débloqueront ensuite le volcan de Hakann et la jungle de Zaktan. Chaque univers se compose de quatre niveaux à passer, ce qui donne lieu à 24 missions pour ceux qui ne suivent pas. Afin de nettoyer les niveaux de la peste extraterrestre, vous vous retrouvez dans la carcasse d’un robot métamorphe de la tribu des TOA Inika. Vous pouvez, en effet, prendre six formes différentes – chacune possédant une habilité spécifique sur lesquelles nous reviendrons.
Les décors mettent en avant des environnements naturels différents, passant d’un paysage rocheux à un paysage désertique ou montagnard. Les morceaux accompagnant votre progression dans les niveaux sont en adéquation avec le style des environs tout en restant très proches d’une musique pseudo japonisante jouée à l’orgue électronique (qui n’est pas sans rappeler celle des Chroniques de la guerre de Lodoss). La première constatation qui nous vient à l’esprit en démarrant le jeu est que nous ne comprenons rien : le soft s’est dispensé de la présence d’un scénario et vous plante directement au milieu d’un décor tout vide. Dans la carcasse d’un personnage, également dispensé de background, vous finissez par assimiler qu’il faut aller visiter les « mondes », facilement trouvables malgré tout puisque l’enclave est de taille ridiculement petite. Inutile de chercher un tutorial quelconque, seules quelques indications à l’écran sous-entendent qu’il faut changer de forme pour engendrer l’action adéquate. En fait, comme nous le mentionnions il y a quelques lignes, chaque forme, ou « TOA » plus précisément, de votre robot est dotée d’un bras armé différent propulsant soit des boules de feu, soit une sorte de gel ou un laser (six armes en fonction des six apparences) sans omettre des pouvoirs spéciaux : lévitation, possibilité de marcher contre un mur, sur l’eau ou encore de sauter sur une longue distance. Ces dons permettent à différentes reprises de continuer dans le niveau, par exemple la lévitation permet d’assembler des pièces pour en faire un autre robot capable de déplacer de grosses pierres ou de construire un pont temporaire pour atteindre un autre endroit.
La vie est un long fleuve infesté de Pirakas
Seconde constatation à faire, les images et vidéos montrées jusqu’à aujourd’hui laissaient supposer un jeu axé sur les combats entre robots de deux clans, or il n’en est rien. Bionicle Heroes est un jeu de plateformes où il s’agit de ramasser des pièces métalliques parsemées dans le décor, de détruire différents objets pour récupérer d’autres pièces et de tuer quelques créatures aussi effrayantes qu’un hamster en cage. Certes, quelques niveaux se terminent par un boss et la fin ultime du monde par un super boss mais ne comptez pas plus de cinq à dix minutes pour en venir à bout, même si la difficulté est légèrement croissante. Côté pratique, chaque TOA a une jauge de vie équivalente à cinq ou six cœurs et, à chaque fois, que cette jauge est réduite à zéro, vous perdez un personnage (ou masque) Inika pour passer automatiquement au suivant. Votre robot tient, en conséquence, plutôt longtemps en combat. Pour récupérer des points de vie, vous ramasserez les cœurs et masques TOA répartis ici et là. En fin de niveau, un tableau récapitulatif mentionne combien de pièces de type LEGO ont été ramassés ainsi que le nombre de pièces « rares » et le nombre d’ennemis tués, le résultat ne change pas grand-chose à la donne puisque un niveau achevé débloque, de toutes façons, un succès. Et s’il vous manque un élément pour faire un sans faute, vous pouvez refaire le parcours mais il ne sera pas vide puisque il faudra tout recommencer !
Que dire du soft sinon qu’il aurait du rester sur son orbite elliptique autour des studios des créateurs. En dépit de l’idée assez marrante, mais pas vraiment originale, de la métamorphose (avec masques qui défilent par la touche Y), le soft nous présente un level design presque toujours linéaire et extrêmement basique. Les textures, hormis peut être l’eau, sont ratées et les formes ressemblent à un gros amas de pixels. Côté modélisation des robots, on frôle le « revival » puisque l’on a l’impression que TT Games a voulu saluer les glorieuses années des premiers jeux sur PS2 (et encore sommes nous gentils). C’est carré et laid, avec des couleurs mornes dans les décors – exception faîte des pièces de LEGO plutôt flashy. A-t-on atteint le pire du jeu en ayant fait le tour de l’aspect visuel ? Même pas. Une fois que nous nous sommes remis de ce constat navrant, nous nous décidons à commencer l’aventure, or le gameplay rejoint le panthéon des inepties présentes dans cette production. D’abord, votre personnage est placée de ¾ sur le côté gauche de l’écran et regarde vers la droite, ce qui s’avère totalement tordu lorsqu’il s’agit de se retourner vite vers un ennemi qui déboule de la gauche. Ensuite, pas de système de visée mais un rayon laser qui part de votre crâne et sert à fixer un objet ou méchant à détruire, seulement là aussi le rayon part de travers et va, par défaut, se positionner sur un truc au hasard. Votre robot ne pouvant tourner la tête, on essaie de se mouvoir tant bien que mal pour repérer des choses intéressantes dans les environs – avec une maniabilité qui frise le déchirement musculaire lorsque vous grimpez sur une colline par exemple (on peut toujours s’asseoir par terre devant le poste de télévision et mettre la tête en biais). Enfin, votre robot marchant lentement, n’espérez pas une quelconque dose de manœuvre tactique dans les combats, même avec un boss. On mitraille comme on peut et tant pis si l’on casse tout. Malheureusement, le principe entraîne vite une certaine monotonie avec des décors figés, aucune présence amicale donc pas de borne de dialogues intégrée et toujours la même équation « je casse, je ramasse et je tue quelques Pirakas ». Passé une heure et après 19 233 pièces ramassées, c’est la console qu’on a envie de casser ! En sus et pour finir en beauté, le système de sauvegarde automatique est mal conçu, requérant de finir tout un niveau et encore ai-je moi même perdu, je ne sais pour quelle raison, toute la sauvegarde du premier monde achevé. Au final, on se dit que le soft aurait peut être mieux convenu à un jeune public, cependant même là on trouve bien plus joli et sympathique sur le marché. On ne saurait conseillé d’investir dans un titre dont on ne sait même pas comment il a pu passer le barrage du next gen, toutefois si vous souhaitez tenter l’expérience, sachez que vous pouvez quand même upgrader votre robot à la boutique de l’enclave après les missions.
+
- La transformation en six robots
- On peut faire pousser des fleurs à boulons
-
- Graphismes et textures ramenant 15 ans en arrière
- Pas de scénario et pas de background
- Des musiques horripilantes
- Pire maniabilité jamais vue sur Xbox