Jeux

Black

FPS | Edité par Electronic Arts | Développé par Criterion Games

8/10
360 : 23 February 2006
19.03.2006 à 12h04 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Black sur Xbox

Cent mètres nous séparent de la fin du niveau, deux précieux points de vie au compteur, pas le moindre medikit à l’horizon et un fusil mitrailleur pour seul ami face à cet insoutenable suspens. Les dernières minutes d’un bon FPS sont toujours les plus appréciables et ô combien de joueurs en ont perdu des gouttes de sueur pour franchir la fameuse ligne libératrice et voir s’afficher tel un message divin « Fin du niveau, vous avez débloqué la mission suivante ». C’est en général durant ces instants cruciaux que le téléphone sonne ou que votre chien vous saute dessus avec son os préféré mais bien suicidaire est celui qui osera déranger notre destinée de « héros sauveur du monde libre ».

Aux armes citoyens, formez vos bataillons.

Une étude comportementaliste récente du primate moderne a permis de détecter les bons FPS : assis sur un canapé, coudes posés sur les genoux, mains moites sur le pad et buste en avant vers l’écran, le joueur affiche un visage crispé, penche véritablement la tête lorsque un sniper ennemi s’est positionné en hauteur et joue sur un angle pour dégommer ou rentre les épaules lorsqu’une roquette vient siffler à ses pieds. Le bon FPS n’est pas l’ami des couples, il ne réunifie ni autour d’un dîner puisque le joueur se contentera de trois bouts de pizza froids et de nombreux litres d’eau – la guerre donnant soif – ni autour d’une agréable conversation. En effet, pourquoi nous parler de l’approche des examens et de « bidule » qui a rompu avec « machin » alors que des terroristes particulièrement vicieux nous attaquent ! Le FPS nous ramène donc au sens des priorités, surtout lorsque coincé dans un couloir où s’est dissimulée de part et d’autre la racaille que vous devez éliminer, vous entendez le petit clic (que chaque joueur haït profondément) et qui vous signale que vous n’avez plus de balles dans le barillet. Qui peut toutefois comprendre que ce pénible moment n’appartient qu’à nous-même et qu’il nous faudra s’extirper avec force et courage de cette situation douloureuse. Mouliner de l’adversaire à la pelle tout en éprouvant un profond sentiment de justice, voilà la recette énergisante que nous livre le chef Electronic Arts avec ce titre qui, à défaut d’être 100% caféine comme le Coca Blak, se révèle être un pur concentré de défoulement. Une introduction en séquençage découpé façon « Seven », des articles de journaux éparpillés, une série d’images kaléidoscopiques nous plongent – sans parachute – dans les entraves d’un conflit sordide quelque part dans les Balkans. Interrogé dans une geôle par un « officiel », le sergent John Kellar – membre des unités spéciales – va nous relater son histoire au fur et à mesure de la progression. Très cohérent dans sa construction, le scénario se livre avec minutie et nous mène sur les traces d’un groupuscule terroriste international nommé la Septième Vague et au cœur d’une opération dont on apprendra qu’elle était programmée pour être sans retour.

Contre nous de la tyrannie, l’étendard sanglant est levé.

Au débat opposant nécessité d’un scénario qui se tient ou d’une bonne technique pour faire un solide FPS, nous mettrons dès à présent un terme puisque Black peut se targuer de réunir les deux.Les niveaux en extérieur et en intérieur s’enchaînent habilement en proposant des lieux plutôt originaux tels un asile ou un goulag. Suffisamment vastes et ouverts, vous pourrez presque toujours les appréhender de différentes manières malgré quelques passages linéaires. Les quatre niveaux de difficulté –dont le Black Op à débloquer en achevant le soft en mode Normal – varieront surtout par le nombre de kits de soin répartis dans les niveaux. Globalement, la difficulté est bien dosée car les adversaires se multiplient en cours de jeu et n’hésitent pas à vous mitrailler de concert. L’IA, bien que fort respectable, connaît néanmoins quelques hauts et quelques bas : si les ennemis sont capables de vous poursuivre ou, au contraire, de rester bien planqués pour vous tirer comme un lapin, il leur arrive également de vous tourner le dos pour se réfugier quelque part. Cette ultime remarque n’a pourtant peu de répercussion sur la traversée des niveaux puisque, nombreux au sol et en hauteur, ce ne sera pas toujours chose aisée que de rester d’aplomb sous les tirs croisés. A ce titre, Black est un véritable feu d’artifice mais aux éclats colorés d’un 4 Juillet se sont substitués les fumigènes des grenades et les traînées de lumières des roquettes. Si sans alcool la fête est plus folle, l’amusement ne saurait ici être total sans son lot d’armes de guerre (fusils à lunette, à pompe ou mitrailleur, lance-missile, pistolets, grenades…déclinés en différentes gammes) qui vont permettre de détruire la plupart des éléments des environnements tels des pans de murs, des pierres tombales, des barils d’essence, des véhicules, des portes, des vitres pour un spectacle pyrotechnique visuel et sonore comme rarement nous en aurons vu auparavant. En résumé, un niveau terminé ressemble étrangement au passage d’une comète qui aurait tout ravagé. Cependant, outre l’effet destruction massive, tirer sur certains endroits plus tactiques aidera à éliminer un groupe ou à créer une brèche dans la défense ennemie – une option qui trouve vite son utilité car l’action va vite et il faudra se montrer souvent réactif.

Tremblez tyrans et vous perfides !

Que vous optiez pour l’approche façon taureau qui fonce sur le toréador en pleine arène ou que vous avanciez par points stratégiques, le sur-vitaminé Black est le défouloir à posséder après une ennuyeuse journée. Tout a été pensé, aussi bien au niveau des animations que des effets, pour en mettre littéralement plein la vue et ne laisser presque aucun temps mort. Des défauts techniques subsistent et notre devoir est de les mentionner (armes qui restent en l’air après la chute d’un ennemi, corps qui traverse un mur en pierre après une explosion) mais, honnêtement, ils ne desservent pas le jeu. En dehors d’ une bande son à décoller l’appareil auditif de votre grand père, la musique du talentueux Michael Giacchino (le géniteur des génériques de Lost et d’Alias entre autres) est à couper le souffle. D’ailleurs, les studios de Criterion Games se sont clairement tournés vers une approche cinématographique « grand spectacle » et dont la bande sonore du monsieur susnommé- et également auteur du futur Mission Impossible 3 – ne fait que corroborer cette impression. Chaque balle aura un point d’impact à l’écran, peu importe le support, d’où une ambiance apocalyptique lorsque ça mitraille dans tous les sens et, si vos points de vie descendent allègrement, vous remarquerez assez vite que vos ennemis ne portent finalement pas tous les mêmes tenues et que certains bénéficient de sacrés renforcements. Certes, le titre n’a pas été pensé en tant que support multijoueur et il faudra se « contenter » des neuf niveaux de la campagne solo mais ce choix a été délibéré nous affirmait il y a quelques semaines Jeremy Chubbs – le producteur du soft. Les créateurs n’ont, en effet, pas voulu introduire de modes bâclés et déjà trop vus dans ce type de jeu. D’où des interrogations légitimes quant à la durée du titre entendues un peu partout : grosso modo, hormis la première mission, il faut compter une heure, pourtant cette estimation variera non pas en fonction des objectifs primaires mais suivant le temps que vous accorderez aux nombreux objectifs secondaires (récupération de données, destruction de matériel) et qui nécessitent de visiter en détail les niveaux. Une mission achevée se conclura par un bilan des requêtes menées à bien et de vos statistiques, notamment celles concernant le nombre de balles utilisées en moyenne pour abattre un adversaire.

Comme dirait mon petit frère, « Black, c’est de la bête de balle » (je sais ça ne veut rien dire). Au rayon des bons FPS, le soft s’octroie une bonne place grâce à une réalisation plutôt bien finalisée en dépit de quelques soucis techniques. On perd aisément quelques grammes en fin de mission car si le choix des armes est honorable, vous ne pourrez qu’en porter deux et assez peu de grenades d’où un manque régulier de munitions si vous avez tiré à toute berzingue ! En définitive, le titre ne mise pas sur la subtilité avec une totale absence de touches d’action – le slogan du jeu pouvant être « ici rien de s’ouvre, rien ne s’active, tout s’explose ». Il faut dire qu’un coup de fusil à pompe dans la porte pour annoncer son arrivée c’est plus stylé ! Même les ennemis seront finalement plus agressifs que têtes pensantes mais avec une prise en main aisée et aucune nécessité de réflexion, le titre s’adresse aussi aux débutants.

+

  • Du FPS 100% bourrin comme on les aime
  • La présence d’une véritable histoire
  • Des armes agréables à manier et bénéficiant d’un système de visée

-

    • Des bugs techniques de ci et de là
    • Une IA parfois un brin défaillante