Test : Blacksad: Under the Skin sur Xbox One
L'énigme du Sphynx
Afin de ne pas prendre trop de risques à investir un marché un peu fragile, quoi de mieux que d’adapter une franchise connue afin d’attirer les curieux ? En s’attaquant à la bande-dessinée Blacksad de Juanjo Guarnido, les développeurs Espagnols de Pendulo Studios s’attaquent à un monument de la bande-dessinée locale et s’offrent ainsi une certaine visibilité dès l’annonce du titre. Car Blacksad: Under the Skin a à coeur de vouloir reproduire l’univers de l’oeuvre originelle en mettant le joueur dans la peau de John Blacksad, détective privé au coeur d’un New York noyé sous la corruption. L’ambiance se rapproche ainsi des polars qui prennent pour décor cette période un peu bancale de l’Amérique, entre musique jazzy, imperméable beige et meurtres en tous genres. A la seule différence près qu’ici tous les personnages sont représentés en animaux, à commencer par notre greffier de héros, dont les capacités félines lui permettent d’analyser certains éléments entourant les différents protagonistes du jeu. Malgré ces apparences atypiques, l’ambiance est très immersive et franchement attachante, avec une trame de fond qui n’oublie pas de traiter de sujets comme la ségrégation par exemple.
Même s’il n’est pas nécessaire de connaître la bande-dessinée pour se lancer dans ce Blacksad: Under the Skin, les développeurs reprennent des personnages connus de la série comme le commissaire de police Smirnov, cette fouine de journaliste Weekly, Poli, le tenancier d’un bar douteux ou encore votre ami Jack Ostiombe. C’est ce dernier d’ailleurs qui vous lance sur une affaire de suicide présumé, dont la nature réelle est remise en cause par la Sonia Dunne, la fille de la victime. Pour résoudre cette unique affaire qui vous tiendra en haleine durant environ 8 heures, il va donc falloir scruter chaque scène et réaliser des déductions à la manière d’un Sherlock de Frogwares, et sélectionner méticuleusement vos répliques à la manière d’un jeu Telltale. Petit problème, Blacksad: Under the Skin n’atteint pas le niveau, ni de l’un, ni de l’autre. Malgré des lieux clos assez restreints, le manque de souplesse de notre détective l’empêche d’évoluer de façon simple pour se rendre d’un point d’intérêt à un autre. Il faut parfois tourner, se retourner, effectuer une marche arrière façon 38 tonnes et espérer que l’icône qui permet de sélectionner l’élément à analyser s’affiche correctement. Même chose pour les images à collectionner, une excellente idée sur le papier qui parle à tous ceux qui ont déjà eu un cahier Panini. L’impossibilité d’afficher l’icône qui permet de ramasser une image pourtant visible, ou la frustration d’avoir la caméra qui cache l’image lorsque Blacksad l’a enfin à porter de main, gâche un peu le plaisir.
D’ailleurs, contrairement aux jeux estampillés Sherlock Holmes, il n’est pas possible de se rendre dans des lieux déjà visités, et cela même après avoir fini le jeu. On suppose que l’absence de ce genre d’option pousse ainsi le joueur à explorer chaque lieu de fond en comble à la recherche des fameuses images, ce qui augmente de façon artificielle la durée de vie du titre. Pire, avec une première partie plutôt ouverte qui vous demande d’aller d’un endroit à un autre sur vos deux pattes, la suite empile les lieux les uns sur les autres, plaçant le joueur sur une ligne directrice un peu rigide. En revanche, là où le jeu de Pendulo Studios s’inspire de manière positive de la série de Frogwares, c’est dans son système de déduction. A force de récolter des informations sur le terrain, Blacksad enregistre certaines affirmations qui vont pouvoir être associées entre elles pour ensuite tirer une conclusion. Les développeurs ont fait le choix d’indiquer au joueur lorsqu’il est possible d’effectuer une déduction, ce qui facilite grandement la chose dans le sens où cela signifie que le dernier indice trouvé est crucial. Là encore comme dans la franchise des Sherlock, on aurait aimé avoir plusieurs choix possibles suite à une déduction, quitte à aller dans une impasse et à se triturer le cerveau pour trouver le cheminement logique. Malgré ce chemin unique imposé, le système est tout de même globalement bien organisé et permet de faire avancer la narration de manière agréable.
D’autres ajouts au gameplay permettent également de diversifier l’aventure. Entre des phases de dialogues et des phases de recherche, il faut parfois réaliser des QTE pour se sortir de mauvais pas. Ces séquences restent assez courtes, mais demandent parfois d’avoir de bons réflexes et donc de rester attentifs constamment ou presque. Car certaines erreurs peuvent entraîner la mort du héros, à l’image de mauvais choix de dialogue qui ne vous feront pas de cadeau et obligent alors à recommencer depuis le dernier point de passage. Le menu du jeu permet quant à lui d’accéder à un résumé de l’histoire sous forme de bande-dessinée, mais aussi à une petite synthèse des choix entrepris sous forme d’une dizaine de jauges qui vous indiquent si vous êtes plutôt bavard ou discret, romantique ou non, etc… Une option sympathique mais très loin d’être indispensable.
Mais là où le jeu pêche très sérieusement, c’est du côté de sa technique. Sans compter sur l’aliasing omniprésent, on a pu dénombrer une paire de crashs, des ralentissements importants lors de l’ouverture du livre d’images, des bugs de textures qui en deviennent presque risibles, une disparition des couleurs qui rendent le jeu monochrome par endroit, des bugs de collision qui voient généralement les mains de Blacksad transpercer des photos ou son manteau et même quelques erreurs au niveau du son avec des dialogues coupés et même décalés parfois. Une liste énorme qui pourrait freiner un grand nombre de joueurs durant les premières minutes du jeu malheureusement, en dépit des autres qualités du jeu.
+
- Ambiance exceptionnelle
- Retranscription fidèle de l'univers
- Scénario bien écrit
- Doublages en français très corrects
- Collection façon images Panini
-
- Bourré de bugs, genre vraiment
- Gameplay très perfectible
- Une seule enquête à mener
- Caméra pas toujours bien placée
- Peu de liberté