Test : Blackwood Crossing sur Xbox One
C’est dans un train voyageant vers une destination inconnue que Blackwood Crossing présente Scarlett, la jeune femme dont on s’apprête à partager les aventures, directement plongés dans ses yeux. Cheveux roux, jean sombre et paire de Converse aux pieds, Scarlett passe les premier instants de son voyage à courir après Finn. Comme tout petit frère qui se respecte, Finn se plait à échapper à la vue de sa sœur pour mieux la soumettre à quelques parties de cache-cache et autres Jacques a dit. Les choses ne tardent néanmoins pas à se complexifier, alors que le train s’imprègne d’une ambiance surréaliste.
Blackwood Crossing est à mi-chemin entre le walking simulator et le point & click. S’il fallait le comparer, Gone Home est probablement ce qui s’en rapproche le plus. Il y a bien des interactions avec les objets qui n’en font pas qu’un «simple» walking simulator mais cela dit, la nature des quelques énigmes à résoudre n’en fait pas pour autant un véritable point & click. On s’en tient pour l’essentiel à la recherche d’une poignée d’objets qui ont une utilité presque immédiate et de l’appui répété sur une touche, sans rythme ou combinaison particulière. De toute façon, creuser ses méninges n’est pas vraiment le propos de Blackwood Crossing qui préfère faire appel aux émotions du joueur.
« Le travail de PaperSeven sur ses personnages est admirable tant le sujet traité est difficile et regorge de pièges. L’aventure n’est certes pas très longue (comptez trois heures au plus en cherchant toutes les interactions possibles) mais le scénario est distillé avec beaucoup de maitrise »
On ne tarde pas à comprendre la situation familiale de Scarlett et Finn. Elle est le socle d’une relation entre frère et sœur que l’on découvre petit à petit, avec ses hauts et ses bas, sans jamais tomber dans la mièvrerie ou la caricature. Le travail de PaperSeven sur ses personnages est admirable tant le sujet traité est difficile et regorge de pièges. L’aventure n’est certes pas très longue (comptez trois heures au plus en cherchant toutes les interactions possibles) mais le scénario est distillé avec beaucoup de maitrise. Scarlett et Finn ne restent pas dans le train et explorent d’autres lieux, tantôt doux, parfois sombres, au cœur d’une direction artistique plutôt réussie. Les souvenirs s’empilent et nous joueurs pouvons difficilement jouer sans projeter notre propre expérience dans ce que vivent les deux personnages.
L’amour, la rancœur, la jalousie, le bonheur, la perte : autant de sujets traités avec beaucoup de justesse dans Blackwood Crossing. Par moments, Scarlett rencontre d’autres personnes, sous une forme étrange et inquiétante. Cela donne lieu à quelques «puzzles» consistants à faire parler les bonnes personnes entre elles, un peu pénibles pour les aller-retours (le personnage se déplace assez lentement), mais débouchant toujours sur un moment révélateur de la situation vécue. Au rayon des petites déceptions, on retient l’inventaire pas très pratique (mais pas très utilisé) et la difficulté que l’on a parfois à pointer correctement un objet. Si les musiques sont parfaites et les voix (en anglais) au point, on regrette tout de même un mix étrange avec des sons d’ambiance trop forts lors de certaines scènes. Dans ce jeu à la réalisation plutôt bonne grâce à un cel-shading bien mis à profit, on reste surtout captivés par sa capacité à impliquer le joueur dans une histoire touchante dans son ensemble et carrément poignante sur ses derniers instants.
+
- Histoire touchante et sincère
- Dénouement poignant
- Deux personnages attachants
- Direction artistique réussie
-
- Déplacements un peu trop lents
- Pointage peu précis
- Puzzles anecdotiques