Test : Bleach: Rebirth of Souls sur Xbox Series X|S
Bleach oh mon Bleach

Si l’on met de côté le free-to-play « Brave Souls » sorti l’an dernier, Bleach Rebirth of Souls représente le véritable premier jeu adaptant le manga à succès des années 2000-2010 sur les consoles Xbox. Alors que Naruto et One Piece ont déferlé sur nos machines des années durant avec des adaptations de toutes sortes (et globalement de bonne qualité), Bleach est longtemps demeuré la chasse gardée des consoles japonaises. Et là encore, ses sorties ont été plutôt mesurées. La venue sur Xbox Series X|S de Bleach Rebirth of Souls représente ainsi un petit événement pour les amoureux des aventures d’Ichigo Kurosaki, en dépit d’une ombre au tableau : tandis qu’il est disponible aussi bien sur PS5 que sur PS4 côté Sony, Bleach Rebirth of Souls fait l’impasse sur la Xbox One. C’est donc sur Xbox Series X que nous avons pu passer une quinzaine d’heures à jouer à cette production signée Tamsoft, développeur que les anciens connaissent pour le regretté Toshinden. Plus récemment, Tamsoft a œuvré sur des licences comme Onechanbara, Senran Kagura, Ikki Tôsen et surtout l’adaptation de Captain Tsubasa en 2020.
Une bonne partie du CV du développeur fleure bon la castagne. Une bonne nouvelle à priori pour Bleach Rebirth of Souls qui se pose comme un jeu de combat 3D en 1 contre 1 contre l’IA, en local ou bien en ligne. Le jeu propose d’incarner 32 personnages ce qui, le plaçant indéniablement loin de l’ogre Dragon Ball ou des récents Naruto, représente tout de même un ensemble très convenable. D’Ichigo à Rukia en passant par Chad, Zempaki, Renji ou encore Sosuke Aizen, le casting est issu des trois grandes « familles » que sont le Monde des Vivants, la Soul Society et Heuco Mundo. 32 personnages à jouer et aucun à débloquer : voilà qui fait forcément des déçus en fonction des attentes que l’on pouvait avoir et de la sympathie que l’on éprouve à l’endroit de certains personnages. Cependant, à l’inverse de certains titres qui gonflent leur liste à grand renforts de doublons et plus si affinités, Bleach Rebirth of Souls a le bon goût de proposer un ensemble véritablement diversifié dans sa façon d’être abordé, à défaut d’être tout à fait bien équilibré. On peut certes s’affronter en ligne et il ne fait aucun doute que certains parviennent à y développer un certain entrain pour la compétition, mais il est encore plus évident que Bleach Rebirth of Souls est un jeu pensé pour l’expérience solo. En ce sens, le manque d’équilibrage n’est pas forcément des plus gênants.
Bleach Rebirth of Souls est un jeu conçu pour les amoureux du manga, son intrigue et son univers. En témoigne le mode Histoire qui est véritablement le cœur d’une proposition somme toute limitée. En dehors du versus, le jeu propose simplement des « missions » qui sont simplement des successions plus ou moins longues de combats, avec plusieurs niveaux de difficulté disponibles, à mi-chemin entre le mode arcade et le mode survie. Pour le reste il faut se contenter d’un didacticiel, d’un mode entrainement et d’une boutique où dépenser les points gagnés lors de tous types de combats dans tous les modes de jeu. On peut acheter de quoi garnir sa carte de joueur pour concourir en ligne (titre, illustration de fond, image d’identité, etc.) et acquérir/améliorer des bonus qui peuvent être utiliser lors des combats contre l’IA pour booster un peu les capacités de notre personnage et s’adjuger une victoire un peu plus facile. Rien de fou donc, que ce soit en termes d’expérience de jeu ou même de durée de vie pour qui se plaît à succomber à l’appel de la « collectionnite ». Nous en revenons donc au mode Histoire qui offre en revanche une grosse durée de vie pour un jeu de baston. Il se présente en deux sections. Une première est composée de cinq parties, chacune proposant de très nombreux chapitres qui couvrent l’histoire de Bleach avec les arcs « Shinigami Suppléant », puis « Soul Society » et enfin, en trois parties, « Heuco Mundo » jusqu’à l’affrontement contre Sosuke Aizen. L’autre section du mode Histoire développe quant à elle certains des événements sous l’angle d’un personnage en particulier, donnant ainsi encore plus de corps à ce mode solo déjà bien consistant. Car bien que l’on aurait tendance à regretter de prime abord que Bleach Rebirth of Souls ne pousse pas encore plus loin le point final de son histoire, ce qui nous est proposé est tellement dense qu’un pas de plus aurait pu mener à l’indigestion.
Le sentiment qui prévaut en jouant à ce mode Histoire est assez paradoxal : aussi vrai que l’on apprécie l’effort manifeste des développeurs pour condenser l’histoire tout en n’omettant qu’un minimum de choses, on a parfois envie d’implorer le ciel pour que les cut-scènes cessent et que l’on passe à l’action. Autant a-t-on pu reprocher à certaines adaptations d’aller trop vite dans leur retranscription de l’histoire originale, autant Bleach Rebirth of Souls multiplie les dialogues et scénettes jusqu’à l’écœurement. On le répète, la volonté d’être complet et cohérent est louable, d’autant plus que la présence de bons doublages japonais (disponibles aussi en anglais) et de textes traduits en français renforcent la narration ; cela étant, la faiblesse de la mise en scène et la mollesse générale de la progression rendent certains passages trop longs pour être digestes. Tout manque de détails, de mouvement, de véritable dynamisme pour insuffler aux images que l’on observe la portée dramatique qu’elles sont censées incarner. Que ce soit lors des premiers passages en ville ou dans le Seireitei, l’ambiance est morne. Ajoutez à cela, des micro-temps de chargement réguliers entre deux cut-scènes et vous avez là un mode Histoire qui finit par souffrir de sa qualité première. Un comble. On navigue sans cesse entre le plaisir de retrouver une multitude d’événements marquants de Bleach et l’envie que cela aille plus vite.
C’est aussi et surtout parce que l’on a envie de se sentir puissant comme Ichigo que l’on joue à Bleach Rebirth of Souls. Alors quand vient -enfin- le moment de la baston, on estime que notre patience mérite d’être récompensée et on peut dire que, dans les grandes lignes, Bleach Rebirth of Souls est un bon jeu de combat. Pas aussi à point qu’un Naruto mais autrement mieux fichu qu’un My Hero Academia ou One Punch Man, Bleach Rebirth of Souls a indéniablement un certain charme. Nonobstant l’apparente simplicité que suggère le faible nombre de combos disponibles, il est un jeu qui demande un peu de pratique avant d’être apprécié à sa juste valeur. En ce sens il est vivement conseillé de ne pas ignorer le didacticiel qui couvre assez bien les grandes lignes de l’affrontement et sans lequel certaines spécificités pourraient être bêtement ignorées. S’appuyant sur le principe classique du papier-cailloux-ciseaux entre l’attaque, la garde et le brise-garde, Bleach Rebirth of Souls propose des combats assez dynamiques et agréables à regarder, à coups de contres, esquives et renversements. Mais il y a surtout quelque chose d’évolutif dans le déroulement des combats qui les rend intéressants à jouer : chaque joueur dispose d’un nombre d’âmes et il convient pour gagner de faire chuter celui de l’adversaire à zéro. Pour ce faire, il faut attaquer jusqu’à faire briser la jauge de résistance adverse et ouvrir la voie à un « Kikon », un coup destiné à détruire un certain nombre d’âmes. Là où les choses sont intéressantes, c’est que la puissance de cette attaque dépend de l’état de notre personnage. Tandis qu’un Kikon de base détruit deux âmes, le mode « éveil » permet d’évoluer vers une attaque plus destructrice. Dans certains cas précis, il peut être possible de renverser totalement la partie avec une attaque mortelle.
Bref, il y a de l’enjeu, du rythme, de jolis moments de mise en scène. On regrette tout de même que les combos de base soient limités, ce qui rend certaines phases de combats très semblables les unes aux autres. Et puis il y a les simples déplacements auxquels il faut d’habituer un peu à cause de leur lenteur (on spamme le bouton A pour faire de brèves accélérations afin de compenser) et de leur configuration qui semble peu naturelle : il faut appuyer vers le haut pour avancer et le bas pour reculer, même quand la position des personnages suggèrerait d’utiliser la gauche ou la droite. Voilà qui joue quelques tours à notre cerveau, mais on s’y fait. L’ensemble fonctionne bien quoi qu’il en soit, en dépit d’une qualité graphique malgré tout timide. Les personnages sont bien modélisés, le jeu tourne comme un charme mais Bleach Rebirth of Souls reste graphiquement bien en dessous de ce à quoi on peut attendre de la part d’un titre qui sort en 2025. Certains environnements font le boulot, d’autres sont simplistes et tous manquent tout de même d’une pointe d’animation, de vie. C’est dommage et c’est un peu à l’image de l’ensemble : de bonnes intentions qui se perdent dans un probable manque de moyens, de temps ou un peu des deux. Terminons toutefois sur un dernier bon point que sont les musiques qui, cependant amputées des thèmes originaux de l’anime, sont pour l’essentiel parfaitement dans le ton et contribuent lors de combats aux bons moments que l’on passe en jouant à Bleach Rebirth of Souls.
+
- Enfin un (vrai) jeu Bleach sur Xbox
- Système de combat assez original
- Affrontements plaisants dans l’ensemble
- Bande-son et doublages soignés
- Mode histoire long et généreux…
-
- … Mais très mal rythmé
- Mise en scène minimaliste et mollassonne
- Graphiquement au niveau de la Xbox One…
- … Où il n’est pas disponible
- Prise en main déroutante
- Il manque un petit quelque chose aux combats pour exceller