Test : Cartel Tycoon sur Xbox Series X|S
Voyage fictionnel de Medellin à Juarez
Après vous avoir laissé le choix entre trois modes (Histoire, Bac-à-sable et Survie), c’est tout naturellement que nous optons pour le mode Histoire de ce Cartel Tycoon et ses 5 scenarii aux difficultés et durées diverses. Pour prendre possession du système proposé, les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure un didacticiel très accessible en terme de difficulté. Et c’est tant mieux car le titre se montre très généreux dans le contenu proposé, et ces premières heures d’apprentissage ne sont clairement pas de trop pour nous aider à nous approprier une grande partie des mécaniques gameplay.
Dans ce scenario découverte, nous suivons dans les années 90 l’arrivée dans les affaires d’un certain Mauricio Romero. Pas franchement un self made man puisque le milieu mafieux fictionnel du jeu n’a rien à envier aux meilleurs professionnels du népotisme. En effet, Mauricio n’est autre que le fils d’un certain Gutierrez, un bon vieux baron de la drogue local qui, après avoir envoyé son fiston étudier à l’université, décide de lui plonger les mains dans la farine. C’est épaulé par son oncle Salvador que Mauricio, le héros que nous incarnons, append les rudiments de la gestion d’affaires. Mais des affaires d’un genre bien particulier et évidemment totalement illégales pour parvenir à construire son propre empire de la drogue.
Il s’agit de vite comprendre l’unité de fonctionnement fondamentale du jeu qu’est la chaine de production. Constituée de fermes et d’un dépôt, l’ajout de routes praticables est indispensable pour créer le circuit idéal pour transporter nos marchandises. Nous chapeautons cette chaine de production depuis notre résidence qui nous sert de base arrière et dans laquelle nous stockons l’argent amassé. En ajoutant judicieusement des compagnies de transports pour permettre l’automatisation des livraisons entre les différents éléments de notre chaine de production, à nous la contrebande de drogue, notamment grâce à l’aérodrome.
Une fois notre petit système en place, l’argent commence à s’accumuler. Cependant, il reste d’origine douteuse, et qui dit argent sale, dit blanchiment. Rien de mieux alors que d’acquérir en ville notre toute première société écran pour cacher la provenance de nos fonds. Puis, le jeu nous demande d’être suffisamment fins et de choisir nous même comment utiliser le bon argent aux bons endroits. Il nous est judicieusement suggéré de dédier l’argent « propre » au développement de la recherche et à la corruption d’élus, alors que l’argent sale est plutôt réservé à l’entretien de nos éléments de productions.
Bien évidemment, en bon capo, nous devons choisir nos fidèles alliés, nos lieutenants. Si leurs débuts sont dédiés aux transports de livraisons, ils vont rapidement progresser et protéger notre petite entreprise des envieux qu’elle peut faire. Nous pouvons opter dans notre gestion des conflits pour la diplomatie dans un premier temps, ou en cas d’échec par la méthode musclée dans laquelle nos lieutenants s’avèrent bien utiles. Il faut à ce moment bien choisir leur capacité et les utiliser à bon escient. En plus de la guerre de gangs, nous devons gérer le maire de la ville contrôlée. Grâce à des relations cordiales nous pouvons lui demander des faveurs. En effet, guerre des cartels et contrebande attirent indéniablement l’attention des autorités en plus de terroriser la population. Moyennant quelques dessous de table il devient possible d’obtenir les faveurs du maire, ce qui permet de réduire le niveau de terreur et les interventions de la Police sur notre territoire. Et pour gagner en loyauté du peuple, le titre pousse le vice à nous amener à construire des casinos, des stades de foot ou des hôpitaux qui, au-delà de blanchir l’argent, servent à redorer notre image auprès de la population locale. Indécence qui atteint son paroxysme lorsque nous blanchissons de l’argent et nous rachetons une conduite au décours d’œuvre de charité. On apprécie d’ailleurs tout particulièrement les dialogues tout en cynisme de Salvador qui nous expose son avis selon lequel « Si los Tombos (a.k.a la police) sont là, ce n’est pas pour protéger les gens, mais pour protéger les bien des riches. Un intérêt qui coïncide parfois avec celui des gens. Ils sont moins préoccupés par le fait que nos poches soient pleines que par le fait que les leurs soient vides ».
Plus nous amassons d’argent, plus nous acquérons de nouvelles compétences accessibles dans l’arbre de recherche qui est tout simplement gigantesque. Nos fermes peuvent ainsi augmenter de niveaux et se mettre à la production de cannabis, que nous apprenons à sécher et préparer dans un atelier afin d’en favoriser l’export dissimulé dans des légumes. Les compétences sont en nombre important et témoignent d’une profondeur de jeu bien colossale. Une fois acquises les bases décrites précédemment (et oui, ce ne sont que les bases), un monde de possibilités s’ouvre à nous. Finalement, nous devons apprendre la gestion de ressources, la gestion de ressources humaines la diplomatie, la stratégie et la construction pour mener à bien notre mission. Le tout sous un aspect scénarisé assez rare dans les titres du genre, une bonne initiative de notre point de vue, ce d’autant que notre avancée est rythmée par des quêtes aléatoires qui nous évitent de rentrer dans une espèce de ronronnement routinier et barbant.
Très clairement, Cartel Tycoon fait le choix de s’adresser au plus grand nombre grâce à ses différents scenarii aux difficultés variées. Le premier, facile et non punitif nous prend par la main. Il s’adresse aux néophytes qui souhaitent s’attaquer à leur premier SimCity like en étant drivés. Ils pourront réussir à parvenir au sommet de leur empire moyennant un investissement de temps certain. La courbe d’apprentissage que demande le titre est gourmande en heures tant les mécaniques sont approfondies, mais reste accessible à toutes et tous. Nous regrettons cependant certains menus à consulter superflus qui auraient pu être un peu allegés pour gagner en simplicité sans perdre en profondeur de jeu.
La réussite de Cartel Tycoon est aussi due à une technique et une jouabilité manette franchement qualitatives. Comme souvent, la jouabilité pour console de ce type de production est une appréhension majeure. Nous n’avons clairement noté aucune difficulté pour jouer à la manette. La navigation dans les menus se fait très aisément, et les indications sont parfaitement claires. Revers de la médaille, les détails foisonnants et le nombre important d’informations affichées peuvent malheureusement quelque fois nous perdre, et nous faire chercher à l’écran pendant de longues minutes. D’autant plus que les incalculables données font que la police de caractère est un brin petite et nous oblige plus d’une fois à coller nos yeux à l’écran. Adapté pour un PC mais moins pour la console pour cet aspect.
Visuellement, au-delà de ce défaut de taille, Cartel Tycoon nous offre une direction artistique soignée. Des cinématiques dans un style BD donnent place à une carte aux couleurs vives où nous pouvons visualiser les différents territoires et sur laquelle nous naviguons aisément. Il est possible, et vivement conseillé, de zoomer pour les constructions de routes et bâtiments, mais alors les détails sont clairement moins nets et détaillés, témoins d’un petit manque de finitions. De la même façon, les phases de «combats» pour le gain d’un territoire auraient pu être un peu plus poussées visuellement pour un meilleur sentiment de réussite. Le scenario se déroule sous forme de saynètes aux dialogues parfois teintés d’humour et contribue grandement à l’immersion dans l’univers des cartels. Une immersion largement servie par la bande son qui propose des pistes vraiment diversifiées et totalement raccord avec l’environnement. On s’imagine vraiment dans les années « de gloire » des narcotrafiquants de Medellin partant à l’assaut de Miami. Environ 4 heures sont nécessaires pour terminer le scénario d’initiation, mais nous pouvons continuer d’y développer notre entreprise familiale même au delà du didacticiel si nous le souhaitons. Le scénario de niveau normal se complète lui en une petite vingtaine d’heures.
Enfin, la rejouabilité est au rendez vous grâce au mode bac à sable qui nous permet de créer des parties à l’infini, aux difficultés et aux objectifs variés selon nos souhaits. Les plus féroces masochistes peuvent s’en donner à cœur joie dans le mode survie où la pression policière ainsi que le peu de liquidités initiales offrent un défi franchement ardu.
+
- Jeu scénarisé
- Plusieurs niveaux de difficulté
- Jouabilité manette adaptée
- Bande son agréable
- Dialogues bien écrits
-
- Police d'écriture minuscule
- Trop de détails à l'écran
- Trop de menus différents