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The Casting of Frank Stone

Horreur | Edité par Behaviour Interactive | Développé par Supermassive Games

7/10
One : 03 September 2024 Series X/S : 03 September 2024
03.09.2024 à 15h01 par

Test : The Casting of Frank Stone sur Xbox Series X|S

Supermassive Games au niveau de Fede Alvarez ?

Supermassive Games est de retour aux affaires. Après nous avoir délivré un jeu d’horreur par an avec The Dark Pictures anthology, puis plus récemment The Quarry, les Anglais nous proposent de découvrir une nouvelle histoire horrifique qui se déroule dans l’univers du jeu de Behaviour Interactive, le célèbre Dead by Daylight. Un croisement détonant qui réunit donc deux spécialistes de l’angoisse, pour un résultat … convenu ? Surprenant ? Terrifiant ? On vous explique tout cela dans notre test qui, au passage, est garanti sans spoil.

Pour que les choses soient claires (pour ne pas dire évidentes), partons d’un constat : Supermassive Games nous propose une expérience similaire aux précédentes. On se retrouve donc face à un jeu narratif qui lorgne totalement du côté du cinéma. Un concept poussé à son paroxysme à travers ce titre puisque le postulat de départ reprend l’idée de tourner un film d’horreur. Une mise en abime qui fait sourire et qui donne une forme satyrique à l’ensemble. Ajoutez à cela quelques phases d’exploration, des interactions limitées à la recherche, à la maniabilité d’objets ou à quelques QTE et vous obtenez à peu près toutes les possibilités de gameplay du jeu.

Cela signifie donc que la maniabilité du titre est assez simpliste, à priori. En effet, après avoir sélectionné une difficulté – une première, de mémoire, pour un jeu Supermassive Games – l’introduction du jeu vous initie aux différentes situations auxquelles vous serez confrontés au cours de l’aventure, qui se boucle en un peu moins de dix heures. L’ensemble, relativement simple, est intuitif et on se contente, grosso modo, de prendre les objets avec la gâchette droite et de les manipuler avec le stick qui se trouve du même côté. On se déplace avec celui de gauche au cours de l’exploration et on martèle la touche « X » quand les QTE apparaissent. Enfin, de temps en temps, un cercle apparait au centre de l’écran, vous demandant d’appuyer sur la touche « A » dans le bon timing. C’est certainement cette dernière action qui nécessite le plus de précision puisque vous n’aurez pas le temps de laisser la petite jauge faire un tour du cercle. Pire, en cas d’erreur, c’est vos petits protégés qui assumeront les conséquences. Des conséquences qui sont souvent fâcheuses dans les jeux de Supermassive Games.

The Casting of Frank Stone 2

Et si ce concept n’est donc pas neuf, avec The Casting of Frank Stone les développeurs anglais le poussent à son maximum. On se retrouve donc vraiment devant la quintessence du jeu narratif, ce qui signifie concrètement qu’on passe l’essentiel du jeu à le regarder. Les interactions sont vraiment minimes et nos actions se limitent souvent à fouiller des endroits aux nombreuses portes fermées et où il est possible de récolter quelques objets plus ou moins intéressants qui viennent donner corps à l’histoire ou simplement faire le lien avec Dead by Daylight. Cette minimisation de l’interaction pose surtout un véritable problème quant à la pression que le joueur ressent. En difficulté « survivant », l’équivalent du mode « normal », nous n’avons pratiquement pas été mis à mal. À titre de comparaison, dans les deux derniers titres de The Dark Pictures Anthology, nous avions rencontré quelques difficultés, ce qui avait d’ailleurs eu de lourdes conséquences assez rapidement. Ces interactions, on les retrouve aussi à l’ouverture de portes, pour pousser un objet ou un autre, pour sauter… bref pour pas mal de gestes basiques dont certaines ne nécessiteraient pas forcément notre participation. On pense à ces moments où il faut appuyer sur une touche pour prendre le livre, une seconde pour l’ouvrir et une troisième pour le refermer. On aurait presque envie de dire… tout ça pour ça…

Mais vous êtes / étiez prévenus, Supermassive Games fait ce qu’il fait depuis toujours et si vous acceptez ce postulat finalement poussé à l’extrême, alors The Casting of Frank Stone pourrait bien vous réserver quelques belles surprises. La plus importante d’entre elle nous vient d’ailleurs de l’histoire en elle-même. Sans entrer dans les détails ni dévoiler le contenu de cette dernière, on peut quand même vous dire qu’elle réserve son lot de rebondissements et de moments plutôt inattendus. Elle est également portée par un casting franchement intéressant qui s’étale sur une timeline divisée en trois périodes allant de 1963 à 2024. On suivra principalement un groupe de plusieurs adolescents qui se rendent dans une aciérie abandonnée afin de tourner leur film. Comme vous vous en doutez, les choses ne vont pas se passer exactement comme prévu, et pour cause il semblerait qu’il y ait quelque chose qui rôde dans les environs. L’ensemble est plutôt bien présenté et fait preuve d’une cohérence plutôt solide qui nous pousse sans cesse à aller de l’avant pour découvrir le fin de mot de cette histoire. Ajoutez à cela une mise en scène convenue mais efficace qui, heureusement, brille par certains plans particulièrement réussis. Bref, pas mal de choses qui font que, dans sa globalité, l’expérience de jeu est prenante et que l’on se retrouve à vouloir absolument découvrir la fin de cette aventure.

The Casting of Frank Stone 1

Une fin qui est évidemment sujette à modifications selon les choix que vous posez au cours des interventions des personnages et des actions entreprises. N’oubliez surtout pas que dans les jeux de Supermassive Games, l’histoire dispose de multiples embranchements qui varient au gré de vos décisions. Cela signifie donc qu’il y a plusieurs fins et si vous souhaitez les voir toutes il va falloir recommencer plusieurs fois le jeu ou certaines scènes. On vous précise au passage que pour le test, nous n’avons vu qu’une seule et unique fin. Cette dernière s’est d’ailleurs avérée plutôt décevante tant elle nous a laissé sur notre… faim. Heureusement, pour vous faciliter la vie, les développeurs ont ajouté une petite nouveauté plutôt bienvenue : la salle de montage. Pour faire simple, cela vous permet de retourner dans n’importe quel chapitre de l’histoire et de voir toutes les voies qu’il est possible d’emprunter. Vous pouvez alors, d’une simple pression sur la touche « A », revivre un moment clé et prendre une décision alternative, ce qui vous offre l’opportunité de découvrir un autre versant de l’histoire racontée. Simple, efficace et surtout satisfaisant. On apprécie tout particulièrement cet ajout, tout comme le fait qu’il est possible, une fois le jeu débloqué, de mettre en évidence les objets à ramasser, ce qui facilite la vie des complétionnistes en tout genre.

Au rayon des points positifs, on mettra en avant la qualité du doublage français qui sonne juste dans la plupart des situations. Hormis quelques cris, et peut-être une colère qui nous ont semblé un tantinet forcée, le reste est crédible. Même constat pour la partie musicale du jeu qui a bénéficié d’un soin tout particulier. Les thèmes sont sombres, angoissants par moment, et ils parviennent sans difficulté à nous immerger dans cet univers de terreur qu’est celui de Dead by Daylight. Enfin, on ajoutera également que le soin porté aux animations des personnages est un véritable plus pour un jeu de ce type. Les visages, notamment, sont expressifs tout en étant réalistes, ce qui donne au jeu un ton juste qui n’est franchement pas pour nous déplaire. Cette remarque concernant la partie technique du jeu nous permet donc de faire la transition.

Les environnements sont détaillés et beaux à regarder. On se plait à découvrir les différents lieux que l’histoire nous propose de parcourir (aciérie, manoir, ville…) et on aurait même apprécié en voir davantage. Notre test, réalisé sur Xbox Series X, nous aura également permis d’assister à quelques bugs plus ou moins génants : textures apparaissant tardivement après une transition, doublage en anglais au milieu d’une conversation, courses saccadées ou mouvements de la tête et des yeux parfois excessivement rapides… Bref, pas grand-chose de terriblement dérangeant mais de quoi nous faire sortir de l’expérience narrative et immersive que nous propose Supermassive Games pendant quelques secondes.

7/10
The Casting of Frank Stone est une bonne pioche à bien des égards. Le fait de pouvoir rejouer certaines scènes ou de mettre en surbrillances les collectibles sont des ajouts bienvenus, tout comme la possibilité de sélectionner une difficulté. On apprécie également le travail réalisé sur la partie technique qui, globalement, se montre très solide. L’histoire et ses multiples fins (on en a compté 16) offrent quelques bons moments ainsi qu’une rejouabilité plutôt solide. Malheureusement, à vouloir pousser son concept à l’extrême, on a l’impression que les développeurs ont un peu perdu de vue l’essence même du mot « jeu ». Alors oui, on se rapproche de plus en plus d’un film, mais il ne faudrait tout de même pas oublier qu’on est là pour être acteur de l’histoire, et ce pas seulement au travers de décisions qui n’arrivent que tardivement.

+

  • Histoire agréable à suivre ;
  • Casting réussi ;
  • Doublage crédible ;
  • Visuellement solide, surtout les animations des visages ;
  • Choix de la difficulté ;
  • Salle de montage plus que bienvenue ;
  • Rejouabilité immense.

-

    • Petits bugs encore présents ;
    • Interactions terriblement limitées ;
    • Décisions importantes tardives ;
    • Jouabilité poussée à l'extrême minimum.