Jeux

Conker Live and Reloaded

Combat | Edité par Microsoft Studios | Développé par Rare

8/10
360 : 24 juin 2005
13.07.2005 à 15h09 par

Test : Conker Live and Reloaded sur Xbox

Il est alcoolique, obsédé, moqueur et mal élevé. Cet antihéros sans foi ni loi, doté d'une grosse queue touffue, arrive sur une Xbox en fin de vie pour lui lâcher une de ses plus belles perles odorantes. Non, nous ne parlons pas de notre ami Shann, mais bel et bien de Conker, l'écureuil cinglé inventé par ces fous d'Anglais de chez Rare.

Quand on est Conker, c’est pour la vie.

Avec sa jolie frimousse de "bad boy" à poils et son tempérament de feu, le petit rongeur carnassier le plus sarcastique de l’histoire du jeu vidéo revient sur le devant de la scène après plus de quatre années d’absence. Conker Live & Reloaded, c’est le jeu politiquement incorrect "Conker’s Bad Fur Day" sorti sur Nintendo 64 il y a quelques années, mais totalement refait, à l’image de son improbable héros d’ailleurs, avec en bonus un mode online intégré. Un vaste programme qui se vit plus qu’il ne se raconte, du moins pour le mode solo, tant les scènes cultes s’enchaînent à un rythme fou sur un paysage profondément débile mais assurément sublime, genre décrochage de la mâchoire dans les règles de l’art. Et dire que nous pensions ne plus pouvoir être étonnés par les jeux de cette génération !

En effet, le lifting complet de cet ancien titre de plates-formes a de quoi remettre les pendules à l’heure aux petits concurrents, et fait de la nique aux futurs jeux qui s’annoncent déjà comme faisant partie de la "next generation". Les décors pour commencer, très colorés, finement texturés et possédant un charme fou, sont très animés et dégagent une impression de vie folle. L’herbe danse d’une façon tout ce qu’il y a de moins naturel, mais c’est pour de rire et faire joli. Les insectes, quand ils ne tentent pas de vous jouer des coups fourrés, virevoltent entre le pollen qui abonde et suit le chemin du vent. Le pire, c’est que tout cela tourne bien, sans gros ralentissements, malgré une profondeur de champ monstrueuse. Seuls les passages aquatiques semblent venir à bout de l’impassibilité finalement très anglaise de la frame/rate. Vraiment étonnants, franchement inspirés, les graphismes sentent bon le talent des concepteurs passionnés un peu frappés, pour un résultat coloré, frappant et coulant, bien entendu. Les personnages ensuite, tout droit sortis d’un cartoon débridé, impressionnent par leur modélisation et leur animation : l’effet de fourrure de Conker est par exemple à tomber dans les noisettes ! Et que dire des mimiques si tordantes du héros… Très fort, tellement qu’après on regarde sa Xbox avec une certaine amertume mêlée d’un profond respect. Diantre, "pourquoi tu nous montres ce dont tu es réellement capable seulement maintenant, alors que t’es à quelques mois de ta mort annoncée ?", a-t-on envie de lui crier à cette satanée grosse boîte noire. Mais les consoles ne répondent pas, du moins dans notre monde, car dans celui de Conker, tout est bien différent.

Bleed, or not to bleed ?

Imaginez un univers où les fleurs nymphomanes ont des paires de nichons tellement énormes que les insectes butineurs fantasment dessus au point d’y vouer un culte incommensurable, où les fourches sodomites crachent leurs insultes de manière ininterrompue en compagnie de pots de peinture blasés et de pinceaux puceaux lèche-cul, où de méchants diablotins enflammés peuvent être refroidis grâce à des jets d’urine bien placés (oui, fin), et où des tas de merde "boss de fin de niveau" envoient des boules de caca à ceux qui osent couper leurs chansons "mélan-coliques" (très fin). Bienvenue dans le monde fantastique de Conker, qui, malgré la présence de nombreux GTA-like et autres softs politiquement très incorrects dans le commerce, n’a rien perdu de son mordant.

Le gameplay du jeu s’articule autour d’une succession de cinématiques souvent jubilatoires qui ont fait le bonheur de ceux qui ont connu la quête de l’écureuil sur N64. Tantôt une parodie d’un film archi-connu, tantôt une critique ouverte de toutes les inepties liées au monde du jeu vidéo, Conker s’amuse à détourner et exposer tout ce qui nous a auparavant impressionné dans le salles obscures. La plupart du temps donc, on avance, saute, plane, nage, comme dans tout bon jeu de plates-formes qui se respecte, jusqu’à ce qu’une cinématique se déclenche pour nous aider à comprendre ce qu’il faut faire pour continuer l’aventure. Déroulement linéaire diront certains, il faut malheureusement avouer que le titre de Rare est en tout cas très scripté. Telle porte ne s’ouvre pas si on a pas fait telle chose dans cet ordre précis, pour illustrer. Pire, certaines énigmes sont loin d’être claires dans l’univers farfelu de Conker, où rien n’est jamais trop logique, et il arrive souvent de coincer à cause de problèmes qui n’ont rien de normaux dans leurs résolutions (la séquence des trois boules de merde et du taureau fou, par exemple). Pour en terminer avec le gameplay de Conker Live & Reloaded, il est important de signaler la présence des "zones contextuelles". Matérialisées par un "B" incrusté dans le sol, une ampoule apparaît au-dessus de la tête de Conker lorsqu’il se place dessus. Sur une simple pression de la touche "B" du pad Xbox, Conker peut se munir d’une arme, gagner une nouvelle aptitude, sortir une bouteille d’alcool… selon le contexte dans lequel il se trouve. Ces zones se trouvent un peu partout dans les gigantesques niveaux du jeu, pour aider le petit écureuil à mener à bien sa dure besogne.

Avec sa technique majestueuse, sa mise en scène réussie, ses séquences variées, son look accrocheur et son rythme soutenu, l’aventure solo de Conker est donc une véritable réussite pour tous ceux qui n’ont pas connu les déboires du rongeur alcoolo sur Nintendo 64. Avec son humour pas toujours très fin et ses scènes cinématiques (cultes) qui s’enchaînent, le soft de Rare pourrait agacer un certain groupe de joueur. Mais sous ce pelage de bonnes choses, il faudra chercher la petite bête dans le gameplay finalement simpliste et quelques énigmes tordues pour déchanter un minimum. La caméra peut également parfois casser les noisettes, mais c’est sans doutes le prix à payer pour n’avoir finalement entre les mains qu’un simple remake boosté aux hormones d’un jeu, qui même après plusieurs années d’absence, demeure encore et toujours dans les mémoires dorénavant dépoussiérées des vieux gamers pervertis. Ces derniers ne manqueront sans doutes pas de se retrouver sur une petite partie Live pour discuter cigare et moustache, étant donné que le dernier jeu de Microsoft Games dispose d’un mode online inédit, intéressant mais très perfectible.

Conker : Live & Reloaded

Comme l’indique le titre, la partie Live constitue l’essentiel de ce jeu. Mais que ceux qui ne sont pas connectés se rassurent, il est possible de jouer en LAN, ou à deux en écran splitté sur une même console, et ce grâce à la présence de bots à l’IA moyenne. Seul, vous pourrez également vous entraîner un peu histoire de se faire la main avant de vous lancer dans la jungle du Live. Cependant, on aurait aimé un vrai tutorial, parce qu’il faut dire que le fameux «chapter X» (une campagne qui relie les maps multi entre elles grâce à des cinématiques) ne nous apprend pas grand chose. Mais qu’importe, on se lance dans une partie sur le Live, et premier constat: c’est tout bonnement magnifique! Puis ça ressemble à peu à Wolfenstein avec le système de classes. Mais là où RTCW tablait sur une prise en main quasi-immédiate et un équilibre sans faille ainsi qu’un interdépendance entre les classe, ici ce n’est pas le cas. D’emblée les démolisseurs et leur lance-roquettes semblent injustement avantagés, de même que les mouchards et leur possibilité de tuer en un coup au corps à corps.Le HUD est surchargé,on ne comprend pas ce qu’il faut faire… mais ils sont où les objectifs à remplir? Et qu’est-ce qu’il fout dans mon point de départ ce blaireau, à vouloir me trancher la tête alors que je viens à peine de réapparaître. Rha mais je comprends rien à cette interface de merde !!! Vous l’aurez compris, Conker engendre au départ beaucoup de confusion et de frustration. Avec de la patience et de l’acharnement, on arrive cependant à retrouver les options auxquelles on est habitué dans les autres jeux. On commence à apprendre les maps: 3 se déroulent dans le passé et 5 dans le futur; à chaque carte est attribué un mode de jeu. Ainsi vous aurez deux maps à objectifs, deux à point de contrôles, deux en capture the flag, une qui mélange points de contrôles et ctf, et une map un peu particulière qui est en fait un long couloir et le but est d’emporter la sucette dans le camp adverse (une sorte de rugby avec des lance-roquettes). On ne s’embrouille plus trop avec les commandes qui sont assez complexes au début: chaque personnage a des armes et des compétences, dont la plupart ont une utilisation principale et une secondaire, que l’on peut faire évoluer sur le terrain en prenant des boules jaunes traînant sur le champ de bataille.On commence aussi à se familiariser avec les différentes classes: outre les démolisseurs et les mouchards, on commence à savoir manier le soldat (plutôt polyvalent), le thermophyle qui sert aussi bien dans la réalisation de certains objectifs qu’à contrer les mouchards. Reste le scout et son fusils sniper et le jockey, inutile au sol, il devient dévastateur dans un véhicule aérien (d’autant plus lorsqu’il est piloté par un connard qui n’a rien de mieux à faire que de pilonner le point de respawn). Bref, avec le temps et l’expérience, l’équilibre commence à se rétablir, on commence à comprendre les choix des développeurs, et puis surtout on commence à s’amuser ce qui honnêtement n’est pas le cas des premières parties, avouons-le. Bref, c’est comme si Rare avait voulu d’emblée réserver ce jeu à une certaine élite, puis ensuite récompenser la fidélité par certains avantages. En effet, plus vous jouez à Conker plus vous récoltez de points et de frags. Les points vous confèrent un grade et soit disant que cela vous donne accès à des compétences supplémentaires (j’ai pas encore pu le constater). Par contre, au bout d’un certain nombre de frags, vous débloquez des médailles qui vous confèrent des avantages: par exemple, au bout de 1000 tués avec le sniper, votre visée sera plus stable (bon courage quand même, le snipe est super faible).

En conclusion, Conker sur le Live est un bon jeu qui nécessite un certain investissement, le fait qu’il soit magnifique et qu’il ne lag pas trop même à 16 (ce qui est plutôt rassurant pour le futur) ne gâche rien. Une meilleure lisibilité (aussi bien dans les menus que dans le jeu) le rendrait plus accessible, et il risque fort de pâtir de cela. Car à moins qu’une forte communauté se mette en place, il risqued’être déserté d’ici quelques semaines.

Merci à Real Spawn pour le texte, et à Cousin Avi pour la partie Live.

Magnifique en tous points, Conker est une véritable friandise pour les yeux. Très sympa en solo malgré une maniabilité et un déroulement old school, il peine plus à convaincre sur le Live. Le mode multi en fait des tonnes pour un résultat confus et une impression de flottement, comme s'il avait le cul entre une forêt de chaises. Il ne suffit vraisemblablement pas de prendre le meilleur de chaque jeu pour faire un succès, il faut aussi bosser la cohérence et le plaisir de jeu. Dommage, mais Conker reste un must, surtout en ces temps de pénurie côté bons jeux.

+

    -

      • Le plus beau jeu Xbox à ce jour. L'univers débridé de Conker explose la rétine au point d'en douter que cela tourne vraiment sur cette bonne vieille boîte noire. Une bombe.
      • On saute, on nage, on plane, on tire. Jouabilité simple malgré une certaine imprécision lors des sauts en longueurs, et une caméra pas toujours au top.
      • Finalement pas si courte que cela, l'aventure solo, grâce à ses séquences amusantes et variées, se joue comme l'on mange une glace au citron en plein été. Avec le live en bonus, Conker se joue et se rejoue plutôt bien.
      • Excellente bande son, avec tantôt des thèmes gentillets pour les parcours de santé, tantôt de véritables symphonies pour les boss musclés. Les voix en VO (sous-titrées VF) sont excellentes.
      • Un grand n'importe quoi qui fait plaisir à voir, et surtout à jouer. Les parodies de films s'enchaînent, les séquences cultes également. Rien de bien sérieux au final, mais que de bons souvenirs !
      • Malgré ses défauts, c'est un véritable plaisir de pouvoir (re)découvrir ce Conker complètement déjanté.
      • Tout tourne parfaitement bien à l'écran, malgré une distance d'affichage gigantesque. Petits ralentissements lors des passages aquatiques, mais rien de bien pénalisant. Les personnages sont animés avec brio.
      • Une relative déception. Les plus mordus s'y feront peut-être, mais on attendait clairement mieux de la part de Rare.