Test : Crysis Remastered sur Xbox One
La marche pépère de Nomad
A l’époque de la sortie de Crysis, le paternel de Kim Jong-Un était aux commandes de ce pays qui depuis longtemps déjà fascinait pour sa capacité à se tenir fermé du reste du monde. Une facette mystérieuse qui fait de la Corée du Nord le théâtre idéal pour y dérouler l’aventure Crysis, entre guerre moderne et découverte d’une puissance qui dépasse la connaissance et la compréhension humaine. Appelée sur le territoire nord-coréen pour une mission de sauvetage, une petite escouade d’élite américaine s’apprête à faire cracher le plomb et surtout mettre à profit les capacités de sa « nano-suit », combinaison intégrale capable de véritables miracles. Si vous n’avez jamais joué à Crysis, sachez qu’il s’agit ici de l’une des particularités de ce FPS : autour du shooting pur et dur, on dispose de la possibilité d’activer un bouclier temporaire, d’augmenter sa force physique, de courir vite et sauter haut, ou encore de se camoufler intégralement. Chaque action vient pomper la barre d’énergie dédiée et toutes ne peuvent pas être combinées ; il convient donc de faire des choix en fonction de la configuration et de la tournure du combat.
Au-delà de cette composante particulière qui a certes perdu de sa fraicheur mais n’en demeure pas moins plaisante à utiliser, Crysis se caractérise par une construction « à la Far Cry ». En 2007, cette approche semi-libre de la progression a le vent en poupe et sied parfaitement à ce FPS où l’on dispose de tout ce qu’il faut pour élaborer des stratégies d’approche parfois aux antipodes les unes des autres. Le terrain de jeu est vaste et pourtant très lisible, à découvrir plus en profondeur pour qui prend le temps de boucler les quelques objectifs secondaires qui ponctuent la première moitié de l’aventure. Ici encore, il est difficile d’être bluffé devant ce level design tant l’eau a coulé sous les ponts dans l’univers infatigable du FPS. Mais il faut avouer que l’on prend tout de même encore un certain plaisir à évoluer dans les niveaux, à guetter l’opportunité de mettre à mal les ennemis d’une façon différente de la précédente.
Avec tout cela, et en y ajoutant de nombreuses phases de conduite de véhicules et un bon gros passage en mode bison aux commandes d’un tank, Crysis délivre une dizaine d’heures de jeu encore assez plaisantes. Il faut bien sûr parvenir à renouer avec une certaine rigidité de la visée, une aide à cet effet qui n’en n’est pas vraiment une et un niveau de difficulté général un peu plus élevé que la moyenne actuelle. La faute entre autres à une IA qui peut tout aussi bien vous ignorer alors que vous sautillez dans son dos, et vous repérer à 200 mètres la fois suivante. On aurait vraiment aimé que ce Remaster soit l’occasion pour Crysis de revoir sa copie de ce côté-là, mais il n’en est rien. Pourtant, déjà à l’époque de sa sortie, un FPS comme FEAR avait prouvé qu’il était possible de faire un FPS doté d’une IA efficace.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul aspect de Crysis qui n’a que peu évolué. Nous en venons donc au propos de ce Crysis Remastered, et autant dire qu’il n’est pas tout à fait à la hauteur de nos attentes. S’appuyant sur le portage consoles de 2011 (dénué donc d’un niveau du jeu original ou encore de la possibilité de se pencher sur les côtés), Crysis Remastered propose trois modes d’affichage sur Xbox One X : qualité, performances et ray tracing. Eh oui, aussi surprenant que cela puisse paraitre, le FPS propose cette option dont on parle beaucoup à l’aube de la nouvelle génération de consoles. Il s’agit d’un ray tracing logiciel qui ne fait pas de miracles mais parvient tout de même à offrir quelques jolis points de vue suivant les niveaux, en particulier lorsque l’on évolue dans un décor et que se succèdent différents niveaux de lumière. Le problème, c’est que ce mode ne permet pas en revanche de profiter d’un jeu au framerate stable et sous cette forme, Crysis Remastered souffre particulièrement de tearing et d’éléments qui popent de façon sauvage. Ce n’est pas injouable, mais forcément les dents grincent.
Si le jeu est certes plus détaillé ici que dans sa version Xbox 360, plus fourni notamment dans les passages au cœur de la jungle, le rendu général ne saurait masquer l’âge du jeu. Quand on y regarde de près, c’est tout de suite moins engageant et ce n’est pas le mode qualité qui change fondamentalement la donne au regard du mode performances. On vous conseille d’ailleurs vivement ce dernier choix qui a défaut de donner à Crysis Remastered ses plus beaux décors lui permet de tourner proprement. On est donc dans le compromis, soit quelque chose que l’on n’espérait aucunement de la part d’un remaster d’un titre qui a forgé sa légende sur sa prestation technique. Au-delà de l’absence véritable de gap graphique, Crysis Remastered conserve les bugs d’antan (PNJ plantés dans le décor, collisions parfois absurdes) et souffre d’un mixage sonore pas toujours au point. Si le bruit des armes est très bien rendu, on peine parfois à comprendre ce qui est dit dans la radio, alors que l’on entend clairement les ennemis situés à plusieurs dizaines de mètres de là.
+
- La formule a vieilli mais a toujours du charme
- 10 heures de jeu bien rythmées
- Des jolis points de vue en perspective…
-
- … Mais aussi des bugs, du tearing et des soucis de framerate
- Mode performances ou rien
- Mixage sonore imparfait