Test : Cyberpunk 2077 sur Xbox One
2077, l’odyssée du bug
Cyberpunk 2077 vous plonge dans l’enfer de Night City. Mégalopole futuriste gangrénée par le crime et la corruption. Dans la peau de V -dont vous définirez entièrement le physique en début de partie- vous allez choisir son origine entre gosse des rues, nomade ou agent de corporation, ce qui permet de définir le début de l’aventure. Vous devrez survivre toujours en marge de la légalité pour essayer de créer votre légende avec le soutien indéfectible de votre meilleur ami et binôme : Jackie Welles. D’un petit boulot à un autre, V finit rapidement par se retrouver mouillé dans un gros coup, qui évidemment se termine très mal et plonge ensuite le joueur dans le grand bain de l’aventure Cyberpunk 2077. Si l’on évitera évidemment ici de spoiler la trame principale du jeu, on peut toutefois vous dire que l’écriture générale se trouve dans la moyenne haute du genre, concernant le ton des dialogues et les scripts des missions. Malgré tout le soin apporté à l’écriture, la trame globale est en revanche assez décevante, avec son fil rouge moyennement passionnant qui semble s’accélérer d’un seul coup sur une dernière mission interminable. La trame s’engouffre parfois également dans de trop longs tunnels de dialogues, synonymes de missions secondaires intéressantes, mais avec certaines missions au cours desquelles vous n’avez absolument rien d’autre à faire que des choix de dialogues sans influence sur l’histoire. A contrario, la galerie de personnages rencontrée durant la vingtaine d’heures que dure l’histoire ou au fil des missions secondaires présente des figures bien caractérisées et globalement attachantes. On pense évidemment à l’inénarrable rock-star Johnny Silverhand, fil rouge de l’aventure, interprété par le toujours aussi charismatique Keanu Reeves. Mais il y a aussi toute une brochette de trognes vivant en marge de la haute société de Night City, comme la Nomad en froid avec son clan Panam’, l’agent de corpo très guindé Goro Takemura ou encore le charcudoc au grand cœur Viktor Vektor.
Les différents environnements et lieux visités lors de la campagne ne sont également pas en reste avec une visite complète des milieux marginaux de la cité, clairement adaptés à un public mature uniquement. De l’infiltration d’un bordel au mur collant, à l’attaque d’un centre commercial abandonné qui sert de quartier général à une bande de culturistes sous stéroïdes, en passant par un guet-apens en plein cœur des sauvages Badlands, les missions principales et certains axes secondaires ont leurs grands moments de bravoures, parfois ponctuées de longues séquences scriptées que n’aurait pas renié une campagne solo de Call of Duty. Et c’est probablement là que se situe le principal problème de l’histoire, aussi prenante soit-elle. Souvent très loin du RPG à choix multiples vous permettant de vivre votre propre aventure, le jeu impose plus qu’il ne propose. Cela même en dépit des différents choix de gameplay possibles. Vous pouvez très bien fuir un casse qui tourne mal de manière totalement discrète : le jeu vous ramènera dans les clous très rapidement avec une course poursuite sur rails et le même dénouement que si vous aviez choisi de défourailler à coups de fusil mitrailleur. Même constat pour le caractère de V qui vous laisse très peu souvent le choix de sa personnalité, hors dialogues optionnels n’ayant absolument aucune incidence sur vos rapports avec les autres personnages. Le jeu ne propose par ailleurs ni système de moralité, ni affiliation avec les différents gangs de la ville ou quelconque PNJ important. On dispose cependant d’une jauge de réputation, dans les faits similaire à une jauge d’expérience, vous donnant juste accès à des missions ou du matériel supplémentaires. Reste évidemment quelques choix très importants, qui permettront d’explorer les différentes fins possibles du jeu. Mais tout comme les choix de parcours qui n’influent que sur la première demi-heure du jeu et sur des dialogues toujours optionnels, on a finalement un ensemble de décisions qui manque d’impact sur le monde et les personnages qui nous entourent. On espérait plus.
Parlons du monde justement. Divisé en 5 quartiers principaux, plus quelques petites zones à l’extérieur de la ville dans les Badlands, Night City est clairement l’un des points forts du jeu. Futuristes, crades et délabrés, les intérieurs vous donneront souvent l’impression de pouvoir choper la Covid, une gastro et tous virus existant rien qu’en les regardant. Les extérieurs bardés de néons et de publicités, parfois drôles mais au goût très généralement douteux, vous laisseront une superbe impression une fois la nuit tombée, mais peinent à donner le même sentiment de jour, malgré l’abondance de commerces -pour la plupart strictement cosmétiques- et de PNJ vivant leurs vies simplement. Les amateurs de craft et de loot seront d’ailleurs aux anges, le jeu débordant au moindre centimètre carré d’objets inutiles à ramasser et de containeurs à fouiller. On note d’ailleurs que se réfugier dans des actions pour une société de fabrication de sex-toys pourra assurer la sécurité financière de vos futurs descendants. C’est bien simple, les godemichets semblent être des objets de la vie courante pour les habitants de Night City et il ne sera pas rare d’en trouver abandonnés un peu partout à même le sol au milieu des milliers de cendriers et éventails.
Le craft a la bonne idée d’être accessible directement par les menus du personnage, sans obligation donc de chercher un établi ou autre commerce dédié, mais il ne constitue pas pour autant une carotte obligatoire à votre progression. Le loot d’armes et d’armures est presque aussi important que dans un Borderlands et à ce titre, ceux qui auront passé plusieurs heures à personnaliser V, pour en faire la bombasse la plus chaude du quartier ou le mâle cisgenre le plus bourru, en seront pour leurs frais : les statistiques d’armure sont disposées un peu au hasard avec des tenues qu’il est vraiment difficile d’associer sans coller une crise de nerfs à Christina Cordula. Un chapeau Chinois plus résistant qu’un casque de moto intégral ou un débardeur avec une valeur d’armures plus forte qu’une veste pare-balle sont la dure réalité du futur de 2077. Si le système est identique pour les armes à feu, il est toutefois nettement plus plaisant de looter un revolver à la puissance d’impact plus forte qu’un canon scié. La variété de l’arsenal, additionnée à la très bonne tenue du gameplay, sera une carotte suffisante pour aller chercher ce katana qui vous fait tant envie ou prendre le temps d’améliorer ce pistolet à balle chercheuse inflammable.
Concernant l’exploration et les annexes, c’est bien simple, la ville déborde autant de points d’interrogation et d’exclamation qu’Assassins Creed Valhalla sur une superficie nettement plus petite. Au bout de quelques heures, chaque millimètre de la carte est envahi d’objets et d’objectifs et il se passe rarement moins de quelques minutes entre chaque coup de fil et emails reçus qui vous proposeront un contrat juteux ou une voiture à vendre. Si les complétistes s’en donneront à cœur joie pendant plusieurs dizaines d’heures supplémentaires, difficile pour la plupart des joueurs d’enchainer plusieurs fois de suite des missions de ce genre qui, même si elles essaient toutes d’être scénarisés, se contenteront la plupart du temps de vous envoyer voler un objet, une voiture ou attaquer quelqu’un. Reste que le contenu est bien présent et permet notamment de renflouer rapidement son compte en banque lorsque le scénario principal vous y obligera.
Du point de vue du gameplay, CD Projekt réussit probablement là où on les attendait le moins. Intégralement à la première personne, Cyberpunk 2077 propose à la fois des combats à l’arme à feu ou au corps à corps très jouables et pourvus d’agréables sensations. Très classique dans ses contrôles -pour peu que l’on ait déjà joué à au moins un FPS de ces 10 dernières années-, doté d’un système de mise à couvert efficace et d’un feeling des armes très réussi, le jeu se prête très bien aux scènes d’action musclées. Le corps à corps simple et efficace, à base de contres et de coups plus ou moins puissants, n’est certes pas à la hauteur d’un Dead Island mais s’en rapproche suffisamment pour vous encourager à varier les moyens létaux. Même chose pour l’infiltration, qui permet de limiter les pertes humaines et de progresser sans alerter tout l’immeuble de votre incursion. Malheureusement, l’intelligence artificielle des ennemis vient calmer rapidement la fête de ce qui aurait pu se vanter d’être un quasi sans faute. Encore plus stupide qu’un Polonais qui aurait vidé une bouteille de spirytus, il ne sera pas rare de voir un ennemi strictement immobile pendant que vous le pilonnez à coup de batte de baseball, tandis qu’à contrario, le simple fait de ramper dans une zone interdite pourra faire apparaître tel Houdini une demi-douzaine de gros bras juste devant vos yeux. En complément des fusillades et de l’infiltration, vous pouvez également profiter de nombreuses capacités de piratage informatique, vous permettant de rendre fous les ennemis, utiliser les tourelles à votre avantage ou encore débloquer des passages annexes.
Le tout est évidemment lié à des points d’attributs séparés en cinq capacités : réflexes, constitution, capacité technique, intelligence et sang-froid. Elles sont elles-mêmes divisées en une douzaine de sous-sections, vous permettant de débloquer des perks d’armes de poing, de piratage, d’infiltration ou encore de possibilités de craft. Très libre et doté de menus clairs, couplé à une prise de niveau assez généreuse, le système de progression vous permet de très facilement adapter votre personnage selon votre préférence, sachant que moyennant beaucoup de monnaie, vous pourrez également allez faire un tour chez un charcudoc pour améliorer vos prothèses synthétiques sur différentes parties de votre corps. Avec le niveau de réputation et l’oseille nécessaire, à vous les lames surpuissantes qui feront de vous une machine à tuer implacable au corps à corps. Vous pouvez aussi opter pour le double saut, très utile pour s’infiltrer discrètement. Enfin, un mot rapide sur la conduite qui n’est ni réussie, ni totalement ratée. Les voyages en voiture ou de préférence à moto vous serviront principalement à aller d’un point A à un point B et on le mérite de rarement s’éterniser grâce à la taille condensée de la ville. Les plus pressés pourront de toute façon profiter du système de voyage rapide avec de très nombreux raccourcis disséminés un peu partout.
Impossible évidemment de parler de Cyberpunk 2077 sans parler de la technique. Commençons déjà par dire que quel que soit le type de Xbox sur lequel vous jouerez, attendez-vous déjà à des bugs visibles et de façon récurrente. De l’arme qui refuse de tirer en utilisant le viseur, aux sous-titres qui apparaissent à chaque rechargement de sauvegarde, en passant par les objets qui apparaissent plusieurs dizaines de secondes en décalé : tout hormis les crashs a été expérimenté durant la trentaine d’heures de jeu passée sur Xbox Series X pour ce test. Ces travers sont la plupart du temps inoffensifs et même souvent très drôle, comme avec les PNJ qui traversent les murs d’un appartement au milieu d’une discussion ou ce mort qui revient subitement à la vie. Mais il faut tout de même reconnaître que la finition absolument bancale fait perdre beaucoup à l’immersion globale et peine souvent à faire prendre les enjeux du scénario au sérieux. Graphiquement le jeu ne semble également pas vraiment terminé en 2020. La résolution absolument pas aux standards de la norme actuelle, couplée aux textures baveuses qui mettent un temps fou à s’afficher et des ombres souvent buggés peinent à faire illusion malgré la direction artistique racée, qui ne plaira de toute façon pas à tout le monde. Sur Xbox Series X|S le jeu est cependant très correct dans ses intérieurs, fait illusion de nuit, mais est souvent très laid de jour. Sur Xbox One -et cela quel que soit le modèle- le jeu est juste une immondice de tous les instants, avec une population civile divisée parfois par quatre, des animations totalement absentes et surtout une définition tellement basse qu’elle vous permettra de simuler la vision d’un myope. Concernant le framerate, seule la version Xbox Series X profite d’un mode performance en 60 FPS, couplé toutefois à une résolution trop basse. Toutes les autres versions sont limitées à du 30 FPS, toutefois seule la Series S parviens à tenir ce palier. Sur Xbox One X le jeu subit de nombreuses chutes, tandis que les joueurs Xbox One classique devront se contenter d’un jeu régulièrement en mode diapositive image par image absolument injouable.
+
- Missions principales et quelques axes secondaires très réussis
- Excellent gameplay aussi fun en full action que full infiltration
- Night City et son ambiance unique
- Johnny Silverhand et les nombreux personnages rencontrés
- 60 FPS sur Xbox Series X malgré quelques ralentissements
- 30 FPS sur Xbox Series S globalement stable
-
- Finalement plus une immersive-sim en open-world qu’un RPG
- De longs tunnels de dialogues et une histoire globalement décevante
- Finition absolument honteuse, source de bugs constants
- Graphiquement juste acceptable sur Xbox Series
- L’intelligence artificielle niveau minitel
- Les versions Xbox One floues, couplées à un framerate minable