Test : D4 : Dark Dreams Don't Die sur Xbox One
David cage bien son jeu !
C’est dans une salle de bain portant encore les vestiges du meurtre de sa femme que David, enquêteur en proie au verre de trop ayant tout plaqué pour résoudre cet homicide sordide, reprend ses esprits. Aussi cynique qu’un Hank Moody maudit, l’ex-policier a cependant développé un pouvoir qu’il compte bien utiliser pour retrouver le meurtrier de sa protégée, Little Peggy, puisqu’il peut explorer le passé en se servant d’objets spéciaux -et très rares- baptisés mementos. Dans cette lutte pour la vérité, c’est bien évidemment au joueur qu’incombe la lourde tâche de mener le héros à ses fins, grâce à un Kinect v2 revenu d’entre les morts pour prouver son utilité dans un jeu dit « gamer ». Le titre d’Access Games utilise en effet l’accessoire à chaque niveau de son gameplay, sans pour autant obliger le joueur à trop se fatiguer les jambes puisque le titre s’apprécie assis. Tel un chef d’orchestre, ce sont ses bras qui vont morfler !
Bouger la main déplace en effet un curseur à l’écran. Pour se déplacer, il suffit de refermer la main sur des icônes de pas encerclés, envoyant alors le personnage ainsi que la caméra qui le suit à destination. En touchant les bords de l’écran (à gauche comme à droite) puis en balayant rapidement vers la direction opposée, David se tourne à 90° dans la direction choisie, une manipulation qui nécessite un léger apprentissage avant d’être pleinement maîtrisée. D4 est un jeu d’enquête : se déplacer pour inspecter chaque recoin d’un niveau est donc sans surprise un point important du gameplay du soft. En donnant au joueur la possibilité de pousser des éléments, d’en ramasser en refermant la main dessus, ou bien encore d’inspecter sous différentes angles en se penchant de gauche à droite sur sa chaise, le titre de Swery65 donne des outils pour tomber sur le détail qui tue et qui a échappé au commun des mortels, ou tout simplement pour mettre la main sur un bonus caché.
« Dans cette lutte pour la vérité, c’est bien évidemment au joueur qu’incombe la lourde tâche de mener le héros à ses fins, grâce à un Kinect v2 revenu d’entre les morts pour prouver son utilité dans un jeu dit gamer »
Des mouvements, il va falloir en exécuter plus que de raison devant son Kinect pour résoudre l’énigme de la disparition de Little Peggy. La plupart des actions demandent effectivement au joueur de les mimer pour les réussir, comme ouvrir un placard (mouvement vers la gauche), boire un verre (mouvement vers le haut), écraser un gâteau (mouvement rapide vers le bas). Les habitués de Heavy Rain ne devraient donc pas être dépaysés, surtout s’ils préfèrent le pad au capteur de Microsoft, les deux configurations étant possibles pour profiter de l’aventure. Dommage cependant que ces actions contextuelles n’aillent pas plus loin dans les mouvements demandés. Inutile ici de prendre une poignée virtuelle puis la presser pour ouvrir une porte par exemple. Un simple balayage dans la direction affichée déroule le mouvement. Malgré le fait de pouvoir fouiller un petit-peu partout et interroger des personnages avec parfois la possibilité de choisir entre différentes réponses (et questions), D4 est avant tout un titre linéaire, qui force le joueur à suivre une histoire toute tracée et dont aucun choix ne change, au final, quoi que ce soit dans le déroulement. À la manière des dernières productions de Quantic Dream, le soft d’Access Games demande de suivre un scénario que rien ne peut déboulonner. Seul le temps pour aller d’un point A à un point B peut varier en fonction des envies du joueur, qui peut alors s’amuser à résoudre des enquêtes annexes ou tout simplement fouiner partout afin de collecter des crédits qu’il peut dépenser auprès des personnages félins de l’aventure (nous en reparlerons plus tard).
Contrairement à un Walking Dead ou assimilé, les épisodes ne présentent aucun choix cornélien, ou élément variable pouvant changer à jamais un détail – comme un personnage – plus ou moins important de l’épopée. Afin de maintenir l’attention du joueur lors des longs dialogues qui servent à démêler le vrai du faux dans ce point & click déguisé, des petits points d’exclamation peuvent apparaître durant une conversation sur un élément particulier (comme un signe distinctif sur le corps d’un individu), qu’il faudra toucher avec le curseur afin de valider son explication. Une idée intéressante qui, malheureusement, rend certains dialogues brouillons pour les anglophobes obligés de maintenir leur attention sur le sous-titrage français plutôt que sur ces points d’intérêt éphémères.
« Malgré le fait de pouvoir fouiller un petit-peu partout et interroger des personnages avec parfois la possibilité de choisir entre différentes réponses (et questions), D4 est avant tout un titre linéaire, qui force le joueur à suivre une histoire toute tracée et dont aucun choix ne change au final quoi que ce soit dans le déroulement »
David Young a beau être un flic du passé, il n’en reste pas moins un homme dépassé qui a ses faiblesses, matérialisées par trois jauges distinctes signifiant ses réserves d’endurance, de vie et de concentration (sorte de vision d’aigle mettant en surbrillance ce avec quoi il est possible d’interagir). Car oui, contrairement à certains des jeux précédemment cités, il est possible de perdre dans D4, ou tout du moins de revenir de force dans l’appartement du héros pour continuer le périple. Si cela peut sembler normal après la perte de nombreux points de vie suite à un combat mal amorcé, il est, par contre, discutable de « perdre » lorsque la jauge d’endurance est totalement vidée. Cette dernière fond comme neige au soleil à quasiment chaque action entreprise (aborder un personnage, lui poser une question, observer un objet, etc). Du coup, le jeu nous oblige à trouver de la nourriture dans les divers décors afin de regagner de l’endurance, ou d’effectuer des allers-retours pour effectuer des achats auprès des marchands environnants. Un choix discutable qui rallonge un peu trop artificiellement les phases d’enquête. Les boutiques ambulantes octroient la possibilité d’échanger quelques crédits contre de quoi se requinquer, ou juste des vêtements et un peu de musique. Le jeu n’est heureusement pas avare en crédits qu’il distribue là aussi abondamment, par exemple en prenant le temps de laisser le curseur quelques secondes sur un objet avant de refermer son poing dessus, et ainsi afficher tous les détails contextuels à son sujet.
Avons-nous précisé que les marchands du titre d’Access Games étaient des chats ? S’il y a bien un point admirable sur lequel D4 est incontournable, c’est sur son univers déjanté peuplé de personnages intéressants aussi loufoques qu’inquiétants, pour des séquences oscillant entre le drôlissime et le grand n’importe quoi. Maîtrisé. Car au final, chaque détail compte dans cet univers acidulé au toon shading remarquable, malgré un aliasing omniprésent sur les contours des éléments affichés à une certaine distance de la caméra. Techniquement, une Xbox 360 aurait sûrement pu faire tourner le bestiau sans vraiment broncher, mais la patte graphique reste plaisante et surtout plutôt originale au milieu des habituels titres grisâtres.
« S’il y a bien un point admirable sur lequel D4 est incontournable, c’est sur son univers déjanté peuplé de personnages intéressants aussi loufoques qu’inquiétants »
Durant le prologue et les deux épisodes qui composent cette première saison, nous ne pouvons qu’avouer notre grand plaisir de jeu devant un Kinect plus en forme que jamais, trop ravis de pouvoir enfin montrer ce qu’il vaut pour autre chose que du fitness, du sport ou de la danse. Même si certaines longueurs sont notables lors de quelques dialogues stratosphériques ou si l’on se force à fouiller vraiment partout, ralentissant ainsi l’avancée dans la quête principale, D4 propose une enquête assez rythmée et livre au fil de son avancée plusieurs défis. Qu’il s’agisse de quizz, de mini-jeu façon Fruit Ninja, d’objets à nettoyer ou encore de curseur bougeant le long d’un trajet enregistré à toucher pendant qu’il se meuve, les situations se suivent et varient discrètement les plaisirs. De même, lors d’un événement marquant, il est demandé au joueur de trouver différents indices classés en plusieurs catégories afin d’aider David à comprendre ce qui se trame. Une fois tous les éléments dénichés, le héros explique alors toutes ses déductions à haute voix. Pratique pour faciliter la compréhension des affaires, ce procédé prévient malheureusement le joueur de tout effort intellectuel dans la résolution d’une mission, faisant de D4 un jeu d’enquête light. Seule l’histoire compte, au final, pour une durée de vie avoisinant les six heures de jeu au premier run si l’on ne rushe pas.
Prenant une place plus ou moins importante selon les épisodes, les séquences de combat via Kinect redéfinissent tout simplement la manière d’appréhender des QTE. Autant appuyer rapidement sur la bonne touche a depuis lassé tout le monde, autant mimer des actions pour engendrer une chorégraphie incroyable apporte un clairement à gros plus à ce mécanisme. En résumé, c’est fun ! Qu’il s’agisse de donner des claques, infliger un coup de batte de baseball, crier au micro de Kinect ou encore mimer une pose victorieuse, les mouvements demandés lors de ces joutes pimentées sont juste éclatants. Au sens propre si l’on n’a pas fait le vide autour de soi avant de se lancer dans l’affrontement. À noter d’ailleurs la présence de leaderboards permettant de comparer ses scores avec ceux de ses amis (ou non) sur à peu près n’importe quel point du titre, ce qui lui assure une rejouabilité pour les acharnés de scoring ou tout simplement pour les chasseurs de succès.
+
- Univers et personnages intéressants et déjantés
- Les scènes de combat « QTE » à Kinect, terribles !
- L'histoire monte en puissance au fil des épisodes
- Bonne reconnaissance des mouvements
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- Concept d'endurance abscons
- Peu de mécanismes d'enquête, au final
- Techniquement faiblard