Test : Dead or Alive 5 : Last Round sur Xbox 360
Born to be dead or alive
Sublimer la recette de base et surtout apporter suffisamment de nouveautés pour s’imposer, telle est la mission de Dead or Alive cette année, un exercice bien plus difficile qu’il n’y parait. Le quatrième épisode avait fait les beaux jours des premiers acquéreurs de la Xbox 360 au début de l’année 2006. Un changement dans la continuité après avoir véritablement marqué la ludothèque de la première console de Microsoft, offrant une expérience punchy, sexy, bourrée de petite choses qui font plaisir, au-delà même du simple plaisir de jeu. Oui mais voilà, presque sept ans plus tard et s’il n’a pas connu de bouleversement majeur comme celui de la 2D, le paysage vidéoludique de la baston 3D a tout de même évolué, offrant même des moments d’excellence avec Virtua Fighter 5, du très bon avec Soulcalibur et récemment Tekken Tag Tournament 2. Il faut donc se montrer audacieux. Cela dit, la Team Ninja peut compter sur la nature même de son soft pour l’aider dans cette mission. Pour qui n’a jamais approché un Dead or Alive auparavant, la série (apparue sur consoles au milieu des années 1990, sur Saturn et Playstation) s’appuie sur des affrontements très vivaces, un système de contres qui tient une place majeure et bien entendu un casting peuplé pour une bonne moitié de jeunes femmes aux formes – extrêmement – généreuses. C’est par le biais d’un mode Histoire entièrement revu que Dead or Alive 5 tente en premier lieu d’abattre ses atouts. Si par le passé on suivait le "scénario" par l’intermédiaire de petites cut-scenes rythmant un mode arcade relativement classique, il n’en est plus de même. De véritables cinématiques sont désormais à l’honneur et ponctuent les nombreuses étapes de l’histoire, justifiant ainsi la tenue d’un énième tournoi et la participation de chacun. Plutôt bien réalisées, ces cinématiques sont au moins aussi nombreuses que les combats qui animent le mode Histoire, l’addition des deux nous offrant une expérience d’environ trois heures. Ces affrontements relativement courts sont avant tout l’occasion de s’entrainer aux bases du combat et à quelques techniques avancées. Un gros tutoriel en somme. Et pas grand chose d’autre à vrai dire, car passé la première demi-heure à apprécier la qualité de la réalisation, on a vite fait de s’endormir face à un scénario aussi intéressant que celui d’un Street Fighter IV. On a bien quelques petits moments d’humour guignolesques avec Zack ou Brad Wong, mais une fois le mode terminé, on regrette l’ancienne formule. Le bon point, c’est que Dead or Alive 5 est un jeu de combat et que l’histoire dans ce genre de jeu, généralement, on s’en moque ! Place donc aux choses sérieuses et salutations aux nouveaux venus.
Ils sont deux à faire leur baptême du feu. Honneur aux dames bien entendu avec Mila, la million dollar baby qui manquait au casting féminin, dont le style inspiré de l’UFC apporte une bonne dose de percussion. Un peu garçon manqué, Mila partage l’affiche avec Rig, collègue de chantier du catcheur à la retraite, le papa poule Bass. Le canadien, pas vraiment doux comme du sirop d’érable quand il s’agit de combattre, affiche un style visuellement plus subtil, chorégraphié, que celui de Mila. Ces deux personnages, avec leurs atouts respectifs, s’intègrent parfaitement à la tradition Dead or Alive. Cette réussite paraissait quand même moins évidente pour les trois autres personnages qui viennent s’ajouter à la joyeuse bande, nouveaux pour la série mais biens connus des amateurs de baston : Akira, Pai et Sarah jouent les ambassadeurs Virtua Fighter. On connait la production made in Sega pour l’attention particulière qu’elle porte aux combats posés, où s’allient grâce et puissance. Une erreur que de les faire participer à des affrontements dopés aux amphets ? Clairement non. Quelques ajustements ont certes été nécessaires (au niveau de la vitesse essentiellement), mais on se surprend à faire évoluer Akira dans cet univers qui semble lui aller si bien. C’est du beau monde qui est réuni, puisque l’on enregistre seulement deux petites pertes, Leon et Ein, ce qui ne constitue pas vraiment un problème puisqu’ils étaient peu ou prou des clones de Bayman et Hitomi. Le plaisir de retrouver ces visages peut-être familiers n’a d’égal que le traitement opéré sur leur rendu à l’écran. On sent qu’un paquet d’années est passé par là, pour une fois dans le bon sens, avec des combattants aux visages moins jouets, plus naturels. Exit donc les cheveux par paquets et les gueules de Barbies, tous sont un véritable régal pour les yeux. Egalement, on voit que la Team Ninja a revu sa définition du sexy en stoppant la distribution d’hélium et la surenchère des ballotements, pour quelque chose de plus subtil, de moins vulgaire, sans pour autant mettre à mal la tradition. L’apparition sur les personnages de la sueur et de la crasse à mesure que les coups pleuvent, le tout accompagné de quelques poses suggestives sont là pour rappeler qu’ici c’est Dead or Alive.
Candidates en ballotage
Cette évolution graphique de grande classe opérée sur les personnages était aussi attendue sur tout ce qui enrobe les combats. Pas de déception mais pas de quoi sauter au plafond non plus, on reste dans la lignée de ce qui se faisait jusqu’à présent. Le petit souci c’est que les personnages superbement modélisés ont du coup un peu de mal à se superposer aux décors. On apprécie cependant un large choix d’arènes, nouvelles pour la grande majorité et plus ou moins animées. Il est toujours possible de voir le combat évoluer du toit d’une maison jusqu’au sol, d’une pièce à une autre en traversant les murs ; les zones de dangers sont toujours de la partie, pour des moments parfois surréalistes. Etre spectaculaire est plus que jamais le parti-pris de Dead or Alive et avec ce cinquième épisode, la série se dote de quelques éléments de mise en scène. On retrouve l’artifice utilisé par Street Fighter IV, qui avec sa caméra change d’angle à un moment critique pour donner plus d’impact à l’action. Surtout, le combat s’emballe au moment des "cliffhanger". En envoyant valdinguer l’adversaire à un endroit bien précis, on enclenche une séquence de poursuite de quelques secondes, et on en profite pour s’essuyer les pieds sur le bougre en difficulté. Participant également à une mise en scène plus dynamique des combats, la jauge critique permet de calmer l’autre avec un enchainement de coups et autorise même quelques secondes pour choisir le mur dans lequel l’adversaire va s’écraser. Il s’agit pour le coup d’un véritable élément de gameplay. Parlons-en d’ailleurs, de ces mécaniques de jeu. L’essence du soft est préservée. Ca va vite, très vite, et le contre demeure un élément central du gameplay mais connait une certaine évolution. Il est désormais bien moins meurtrier et du coup, les affrontements trouvent un meilleur équilibre entre attaque et défense, ce qui satisfera certainement les joueurs solo ; c’est qu’il n’était pas franchement marrant de se faire mettre au tapis en trois contres face à l’IA et ses dons de devins. Cependant, pour qui veut faire valoir ses réflexes surhumains, des contres plus complexes à exécuter – et bien violents quand ils passent – sont là pour compenser.
Avec un peu de recul, et sauf pour ceux qui iront puiser de la matière jusque dans les méandres des traditionnelles listes de coups, on se rend compte que les développeurs ont choisi la prudence. Une bonne chose que de conserver un système aimé pour ce qu’il est ; une moins intéressante pour ceux qui suivent la série depuis longtemps et qui espéraient peut-être un peu plus d’audace. Les modes de jeux, enrichis de la désormais incontournable requête de combat en ligne, demeurent identiques à ceux de Dead or Alive 4 : arcade, versus, entrainement côtoient survie, contre-la-montre, spectateur et replay de ses exploits. Il est cette fois nécessaire de s’atteler un certain nombre de fois à tous ces modes pour débloquer une honorable liste de tenues alternatives (pour le reste c’est sur la marketplace que ça se passe). Le Xbox Live est bien entendu de la partie pour offrir tous les types d’affrontements inhérents au genre, avec une petite fonctionnalité sympathique permettant d’enregistrer le nom de nos adversaires et pourquoi pas les défier plus tard. Une alternative à la requête d’ami. Le lag est acceptable, la course au niveau du F vers le SS toujours d’actualité mais on regrette sincèrement la disparition des lobbys tels que proposés dans Dead or Alive 4. Souvenez-vous de ces salles aux décors personnalisables, des avatars, des messages sur les écrans, du nombre de fois où vous aviez raillé quelqu’un sans le faire exprès à cause de ces fichus raccourcis… Mais c’était sympathique malgré la rouste prise ensuite et les rires moqueurs, l’ambiance conviviale lorsque bien entouré. Dead or Alive 5 ne se charge pas de toute cette fioriture en étant simple et concis. Toujours est-il qu’il a lui aussi succombé à l’appel des titres à débloquer et exhiber sur son profil en ligne. Ce sont plus de cinq-cent actions et autres choses qu’il faudra exécuter pour tous les débloquer ; bon courage pour certains défis/tutoriels du mode histoire demandant de répéter plusieurs fois une action sur l’IA… qui s’évertue à ne jamais donner l’opportunité d’y arriver. Au pire, on se calme les nerfs en prenant une petite photo des belles demoiselles.
+
- Modélisation des personnages superbe
- Encore plus vif et percutant
- Accessible autant que technique
-
- Mode histoire vite ennuyeux
- Un certain manque d'innovations