Test : Devil May Cry 4 : Special Edition sur Xbox 360
L’aDante a été longue, mais le voilà
Dans l’univers des jeux vidéo, il existe deux types de jeux : ceux qui ont le style et ceux qui ne l’ont pas. Devil May Cry fait indéniablement partie de la première catégorie. Depuis ses débuts, en 2001, Dante est une icône, un héros au côté cool totalement exagéré qui lui donne une personnalité unique. Avec son look de cow boy, sa gouaille permanente, même face à des monstres dix fois plus grands que lui, et ses attitudes de poseur, il ne fait sans doute pas l’unanimité mais possède une flamme que peu de protagonistes virtuels ont.
Et pourtant. Pourtant, Capcom a décidé de se la jouer Kojima et de prendre le risque d’introduire un nouveau héros dans Devil May Cry 4. Il s’agit de Nero, jeune effronté aux répliques tout aussi cinglantes que celles de son aîné et dont la ressemblance avec Dante prête presque à confusion. L’ensemble du jeu est construit sur la dualité entre les deux bonshommes, plongés dans une intrigue religieuse pas forcément fantastique, mais qui est rendue passionnante par l’exceptionnelle maîtrise de la mise en scène made in Capcom. Les cut-scenes de DMC4 sont en effet particulièrement bien réalisées, bénéficiant du savoir-faire de l’éditeur japonais qui se renforce de production en production. L’intrigue, très fin fil rouge, est prétexte à une quantité incroyable de moments forts, de scènes cultes, que ce soit en gameplay ou en vidéos. Les combats transpirent la classe, les animations sont juste incroyables, et tout reste parfaitement fluide. Le MT Framework de Capcom, déjà utilisé sur Dead Rising et Lost Planet, montre, certes, quelques faiblesses (les ombrages par exemple), mais le jeu reste esthétique, quelles que soient les circonstances, et plonge le joueur dans un monde qui dégage un réel charme, mêlant immenses bâtiments gothiques et espaces naturels variés.
Tout est au diapason, y compris les performances des doubleurs (anglais) et les musiques. Il est bon, d’ailleurs, de souligner la grande qualité de la bande originale, dont certains morceaux, comme l’intro et le générique de fin, devraient rester dans les mémoires. Non, vraiment, à part être allergique aux extravagances de messire Dante, rien à redire sur le côté exagéré de Devil May Cry 4, parvenant, tout en contrôle, à être sans arrêt too much, mais sans jamais manquer de goût. Un tel équilibre n’est jamais facile à atteindre.
To quoque, Nero !
L’essentiel d’un titre comme Devil May Cry repose, sans surprise, sur la gestion des combats. La philosophie du jeu n’est pas à chercher bien loin : comme dans les précédents, il s’agit de défourailler avec un maximum de classe à l’aide d’un panel très large de techniques différentes. D’abord avec Nero, puis Dante, on refait connaissance avec un gameplay exigeant, qui demande un certain doigté pour être pleinement exploité. L’absence presque complète de possibilités de défense donne à la jouabilité de DMC un côté très exaltant, puisqu’il faut sans arrêt multiplier les attaques pour se débarrasser des importuns. Et dualité Nero/Dante oblige, on a droit à deux gameplays différents pour les deux héros du soft. Nero, d’abord, introduit des mécaniques inédites dans la série, dont la principale est le Devil Bringer, son bras-démon qui permet tout simplement d’effectuer des chopes. Puissant et spectaculaire, ce membre permet au jeune chien fou d’attraper n’importe quoi, y compris les plus gros adversaires, ce qui déclenche généralement une pluie de coups scriptée complètement jouissive, rappelant légèrement ce que propose, dans la même catégorie, God of War, mais avec les QTE en moins. A côté de ça, Nero possède également une épée particulière, la Red Queen, qui peut être chauffée afin d’accéder à des techniques plus efficaces. Son emploi devrait ravir les plus avides de coups avancés aux timings chirurgicaux.
Dante, pour sa part, ne devrait pas déstabiliser les aficionados de la série, puisque son éventail de coups reste peu ou prou le même que dans Devil May Cry 3, à la nuance près qu’il est enfin possible d’alterner quand on veut entre l’intégralité des différents styles de combat et des nombreuses armes qu’il collecte durant les niveaux. Beaucoup plus large que celui de Nero, lequel garde toujours le même arsenal et les mêmes coups, le répertoire de Dante paraît presque trop étendu pour être exploré sur les quelques stages qu’on parcourt en sa compagnie, mais on ne va pas s’en plaindre.
Opposés à des ennemis variés et demandant des approches particulières, nos deux gaillards s’en sortent souvent au terme d’affrontements intenses, ni trop faciles, ni trop durs. Plus accessible que son prédécesseur, Devil May Cry 4 parvient à trouver un assez bon équilibre, tout en conservant des challenges à débloquer pour les spécialistes, comme l’arène ou les modes Fils de Sparda et Dante Must Die. Un jeu moderne doit savoir être polyvalent, c’est ce que fait DMC 4. L’acquisition de nouveaux pouvoirs suit le même chemin, puisqu’on peut à présent « revendre » des capacités achetées pour en avoir d’autres à la place, et ainsi plus librement varier les plaisirs. C’est, mine de rien, une belle ouverture vers une catégorie de joueurs moins chevronnés.
Le diable peutfaire des erreurs
Mais du calme. En effet, tout n’est pas rose au pays des démons. Comme on l’indiquait, le jeu repose sur l’opposition stylée entre le vétéran, Dante, et le jeune loup, Nero. On le sait, on est amené à diriger les deux personnages au cours de l’aventure, cependant, Capcom a fait un choix qui, à plus d’un titre, est contestable : la partie durant laquelle on contrôle Dante consiste, en majeure partie, à refaire en sens inverse les niveaux déjà parcourus avec Nero. Ce procédé peut être abordé de deux façons. Côtés positifs : grâce à ce tour de passe-passe, le jeu est long pour un beat’em all (plus de dix heures en Chasseur de Démons), les niveaux qu’on refait avec Dante s’abordent différemment car les ennemis changent (à l’exeption notable des boss) et, surtout, le gameplay change lui aussi, du fait de l’absence du Devil Bringer et de l’ajout de multiples techniques. Côtés négatifs : cette redite, relativement brutale, ne fait pas très bon effet dans une production du standing de Devil May Cry 4, en développement depuis suffisamment d’années pour qu’on ait pu espérer mieux.
Au chapitre des égarements de game design, on peut aussi citer les quelques phases de plateformes utilisées pour faire le lien entre les combats. A base de prises à attraper avec le Devil Bringer et de sauts, elles souffrent d’une maniabilité très délicate, beaucoup plus adaptée aux combats qu’au franchissement d’obstacles. Ce n’est bien heureusement pas ça qui gâche le plaisir. Après tout, on est dans un beat’em all qui fait bien ce qu’il sait faire, c’est l’aspect le plus important à retenir. Même si les héros peuvent éprouver plus de difficultés à sauter au-dessus d’un trou qu’à couper un monstre en tranches.
+
- Contenu, modes de jeux et scores en ligne
- Doublages et BO
- Dualité Nero/Dante bien exploitée
- Mise en scène culte
- Qualité de conception générale
- Gameplay technique et gratifiant
- La classe personnifiée
-
- Redite des niveaux avec Dante, grosse erreur de design ?
- Maniabilité mal adaptée aux phases de plateformes
- Caméra parfois capricieuse