Test : Dynasty Warriors 9 sur Xbox One
Lu Bu et Lu Meng, Cao Cao na Zhang Fei
Si les joueurs lui prêtent vie, il est possible que la saga des Dynasty Warriors devienne plus longue que l’épopée des Trois Royaumes de Chine elle-même. Une cinquantaine d’années d’affrontements s’étalant dans le courant du troisième siècle de notre ère, la chute de la dynastie des Han et une farouche bataille pour le pouvoir jusqu’à la réunification : tout cela a inspiré bien des œuvres culturelles, univers au sein duquel la saga des Dynasty Warriors tient une place de haut rang. On ne change donc rien au cadre pour ce neuvième épisode canonique qui débute avec la Révolte des Turbans Jaunes pour finir avec l’avènement du Jin. D’un point à l’autre, ce sont des dizaines de batailles épiques, de moments de bravoure et tant de visages plus ou moins marquants qui se succèdent. Transformer ces femmes et hommes en superhéros de grande classe a toujours été la spécialité d’Omega Force et c’est donc sans surprise que l’on retrouve un casting XXL pour ce Dynasty Warriors 9. Pas moins de cent officiers se débloquent au fur et à mesure que l’on progresse dans la campagne et comme d’habitude, les différents types d’armes utilisables sont poussés à l’extrême. Difficile de faire plus éclectique qu’un Musô, sachant que cet épisode permet en plus à n’importe quel personnage d’utiliser n’importe quel type d’arme. Les puristes crieront peut-être au scandale, mais ce choix apparaît comme nécessaire si l’on vaut expérimenter un maximum de choses sans forcément y consacrer sa vie. Parce que oui, Dynasty Warriors embarque le joueur pour un long, un très long voyage.
Les conflits se vivent sur une dizaine de chapitres (en solo uniquement), qu’il faut multiplier par autant de Royaumes. A cela s’ajoutent la partie presque aussi imposante du « quatrième royaume », le Jin, ainsi que les conflits vécus par des personnages et factions moins importantes (les Turbans Jaunes, Dong Zhuo ou bien évidemment l’inévitable Lu Bu). Rien qu’en se concentrant sur les objectifs principaux, il faut déjà prévoir plusieurs dizaines d’heures de bataille acharnée. Mais ce n’est pas vraiment tout puisque Dynasty Warriors 9 change profondément de recette en imbriquant tout ce beau monde et batailles dans un monde ouvert particulièrement étendu. Immense. Le titre conserve certes un système de chapitrage afin d’adapter cette Chine ouverte au conflit en cours ; mais non seulement il est possible d’y revenir en mode « libre » mais également d’y expérimenter des missions secondaires, de la chasse et de la pèche. Dans les villes et villages, on trouve des marchands, des forgerons pour quelques emplettes ou fabrication d’objets à l’aide des ressources qui jonchent les terres. Chaque chapitre a son objectif principal et propose plusieurs missions facultatives mais néanmoins importantes : leur achèvement permet de se renforcer (en débloquant un nouvel allié par exemple) ou contraire d’affaiblir la cible primaire. Parallèlement, il convient de garder un œil sur la carte pour y voir la répartition des forces en présence et d’agir si besoin. Au plus on dispose de bases conquises, au plus bas sera le niveau de difficulté fixé pour l’objectif principal. On retrouve alors une petite dose de stratégie réservé d’ordinaire à la branche des Dynasty Warriors Empires et c’est appréciable. D’autant que cela laisse imaginer bien de possibilités pour cette variante qu’adoptera très certainement ce neuvième épisode dans les mois à venir.
Monde ouvert et grandes distances sont synonymes de rythme changeant et cela est très déroutant pour une saga qui nous a habitué à un rythme effréné le long d’une progression cloisonnée.
La progression est ainsi pas mal chamboulée pour les habitués de la franchise. Il faut désormais cavaler sur de grandes (très grandes) distances, combattre mais aussi ramasser des objets (végétaux, minéraux, peaux de bêtes chassées), acquérir des lieux de repos et tout bêtement explorer. L’ennui, c’est que tout cela ne fonctionne pas vraiment comme on aurait pu l’espérer. Monde ouvert et grandes distances sont synonymes de rythme changeant et cela est très déroutant pour une saga qui nous a habitué à un rythme effréné le long d’une progression cloisonnée. Les déplacements rapides sur la carte sont possibles mais encore faut-il les débloquer ; jusque-là, les chevauchées peuvent paraître bien longues. Dynasty Warriors 9 tombe comme bien d’autres avant lui dans le piège de liberté relative et surtout pas très utile. Le monde est vaste mais manque de vie, les interactions avec l’environnements presque inexistantes. Il manque quelque chose pour donner de la crédibilité à cet univers et l’essentiel de la vie dans cette Chine se résume finalement à une chose : la baston. On cavale, on se bat pour prendre une base, puis on cavale encore, on prend une base ou deux et puis on file vers l’objectif. Vous me direz peut-être que c’est plutôt bien qu’on en revienne finalement au combat pour un Dynasty Warriors ; oui mais le monde ouvert influence forcément cet aspect-là du jeu.
Les ennemis sont relativement nombreux et se plaisent toujours autant à mourir sous vos coups d’épée. Mais ils le sont tout de même moins que dans les derniers épisodes. Vaste monde oblige, les armées sont moins imposantes et par ailleurs souvent disposées en plusieurs petits groupes qui ne se rejoignent pas forcément. Oubliez les folles traversées d’un Warriors Orochi 3 : on sent ici qu’il a fallu faire quelques concessions sur le nombre. A l’inverse, les officiers et sous-officiers anonymes sont nettement plus nombreux et jouent des rôles plus importants. Pour prendre la plus petite des bases, il faut obligatoirement occire les trois, quatre, voire cinq gradés ; entre cela et la foule de soldats moins importante c’est la physionomie des combats qui a été modifiée. On a alors tendance à privilégier la chasse aux officiers pour aller au plus rapide (il y a tant de bases à conquérir !), quitte à délaisser ce qui a toujours fait le charme du jeu : les grands coups de latte dans les grands groupes de pantins. Certaines batailles apportent néanmoins leur lot de moments intenses, lorsqu’il s’agit notamment de prendre d’assaut une ville protégée par des remparts. On accompagne alors des unités équipées de béliers et autres armes de siège et on ratisse large dans les rangs ennemis pour leur permettre d’accomplir leur mission. Un bémol tout de même : notre personnage est équipé par défaut d’un grappin, utilisable presque partout et particulièrement utile et agréable ; tellement pratique qu’il permet de passer par dessus le remparts et d’aller tranquillement ouvrir les portes de la ville. Du coup, tout l’aspect stratégique de l’assaut d’envergure est renvoyé au rang de cosmétique.
Ce Dynasty Warriors 9 est assez déroutant pour l’habitué mais il se rattrape malgré tout sur l’essentiel du gameplay. Les combos sont plus larges, plus souples au point qu’on peut les enchainer sans aucune interruption ou presque ; ce nouvel épisode intègre un système de contre particulièrement simple et spectaculaire, de même qu’une batterie d’attaques basée sur le balayage, l’écrasement ou pour faire voltiger l’adversaire. A cela s’ajoute une compétence spéciale et comme dit précédemment des dizaines et des dizaines d’armes pour une prise en mains toujours plus jouissive. Peut-être même la meilleure à ce jour pour la franchise. En parallèle, on retrouve un système de progression «simple mais efficace» comme on a l’habitude de dire. Les points d’expérience sont à répartir entre l’attaque, le défense, la vitesse ou encore la capacité de la jauge Musô pour toujours plus d’attaques ultimes de grande classe. En ajoutant à tout cela le craft d’objets d’amélioration, de la nourriture attribuant des bonus temporaires et quelques options vestimentaires, on a avec Dynasty Warriors 9 un condensé intéressant et complet de ce que la franchise a pu proposer jusqu’ici.
Relégué au second plan, loin du traitement excellent opéré sur le septième épisode, le scénario jouit néanmoins d’un doublage intégral en chinois…
Sympathique mais pas aussi novateur qu’on aurait pu l’espérer, le jeu d’Omega Force souffre aussi et malheureusement d’un mal qui lui colle à la peau. Graphiquement, on est largement en dessous des standards actuels et le choix du monde ouvert ne laisse que peu de doutes quant à l’obligation pour les développeurs de faire des concessions. Sur Xbox One standard, le framerate sauve les meubles mais n’échappe pas à quelques belle chutes lors des combats dans des zones aux décors plus chargés que les plaines, montagnes et prairies, parfois enneigées, qui constituent l’essentiel du terrain de jeu. Cette fluidité toute relative se paye cher : c’est pauvre, ça bave, ça brille comme un miroir de bordel. A noter que Dynasty Warriors 9 fait partie des titres optimisés pour la Xbox One X, ce qui devrait permettre d’obtenir une expérience un peu plus satisfaisante mais que nous n’avons malheureusement pas pu tester. Les cinématiques traditionnellement soignées sont rares dans cet épisode et pas franchement marquantes, laissant transparaitre un character design moins précis, moins passionné que d’habitude. Même la mythique scène de l’entrée de Lu Bu lors de la bataille de la porte de Hu Lao manque clairement d’envergure. Relégué au second plan, loin du traitement excellent opéré sur le septième épisode, le scénario jouit néanmoins d’un doublage intégral en chinois qui apporte encore plus d’immersion que les traditionnelles voix en anglais ou en japonais. Les musiques envoient toujours du lourd et on clôturera sur une bonne note en précisant que cette fois, les textes et sous-titres sont disponibles en français.
+
- Durée de vie titanesque
- Gameplay amélioré, toujours plus jouissif
- Bande-son soignée et fournie
- Doublages disponibles aussi en chinois !
- Textes en français
- Terrain de jeu immense…
-
- … Mais bien peu vivant
- Graphiquement à la ramasse
- Monde ouvert finalement pas très utile
- Plus répétitif que par le passé
- Mise en scène minimaliste, cinématiques trop rares