Jeux

Earthion

Shoot'em up | Edité par Limited Run Games | Développé par Bitwave Games

9/10
08.10.2025 à 10h23 par - Rédacteur

Test : Earthion sur Xbox Series X|S

Mega c’est plus fort que super

Voir des jeux continuer de sortir sur des consoles depuis longtemps retirées des rayons est un plaisir dont on ne se lasse pas. Si elles n’en n’ont pas l’apanage, les consoles SEGA sont régulièrement privilégiées pour accueillir de nouvelles productions, en particulier la Dreamcast et la Mega Drive. C’est cette dernière qui a choisie par Yūzō Koshiro, fondateur du studio Ancient Corp et surtout immense compositeur, pour produire un tout nouveau shoot’em up : Earthion. S’il aura bel et bien droit à sa cartouche Mega Drive, Earthion ne manque pas l’occasion de s’incruster sur les consoles actuelles pour nous offrir une expérience shoot’em up touchée par la grâce.

Que l’on connaisse son nom depuis plus de trente ans ou qu’on le découvre aujourd’hui, Yūzō Koshiro est intimement lié aux merveilleuses expériences vécues par tout joueur qui a approché une console dans les années 90. Celles de SEGA en particulier. Car avant qu’il ne s’emploie avec d’autres à mettre en musique le poétique Shenmue, Yūzō Koshiro a imprimé dans nos mémoires les rythmes endiablés de Streets of Rage, The Revenge of Shinobi ou encore ActRaiser. Il se passe ainsi quelque chose de spécial au lancement d’Earthion sur Xbox Series X|S, quand la validation du choix dans le menu utilise exactement le même bruitage que dans les Streets of Rage. C’est un détail au degré d’immersion très fort, alors que l’on sait que le shoot’em up que l’on s’apprête à découvrir a été développé donc sur Mega Drive, bien après la fin de la période d’exploitation de celle-ci. Earthion est sur le papier la recette exacte d’une mixture élaborée dans un vieux pot en vue d’en tirer la meilleure soupe.

Earthion est un shoot’em up à défilement horizontal composé de huit niveaux. En marge du mode Arcade traditionnel, il est proposé de se frotter à des défis plus ou moins difficiles imposant l’usage d’une certaine combinaison d’armes et/ou la réalisation d’un score minimal. L’aventure principale a sa petite histoire, qui repose comme souvent sur le combat livré par l’humanité face à l’invasion extraterrestre. Pas de quoi sauter au plafond mais il va sans dire que l’on s’en fiche, autant que l’on apprécie cependant la qualité des cinématiques d’introduction et de fin à la sauce 16bits. On n’est pas face à du pixelart moderne, mais bel et bien devant un jeu qui tire partie de tout ce que la Mega Drive a à offrir et c’est extrêmement plaisant.

Une fois le vaisseau lancé, on se rend alors d’autant plus compte du formidable spectacle visuel offert par Earthion. Non seulement le jeu est beau pour un shoot’em up 16bits mais il excelle dans la mise en scène. C’est rythmé, explosif, on vibre au gré de toutes ces petites choses qui se passent en arrière-plan et face à nous. Là où le bât blesse en revanche, c’est que cette profusion d’effets à l’écran vient parfois contrarier la lisibilité de l’action. Quelques passages peuvent être bordéliques au début, le temps surtout que l’on apprenne quelles sont les choses qui représentent un danger et celles qui sont simplement là pour faire le show.

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Cela étant dit, les quelques soucis de lisibilité sont bien les seuls vrais griefs que l’on oppose à Earthion. Manette en main il propose un savant mélange d’action, de défi et d’accessibilité. Quatre modes de difficulté sont proposés et conviennent sans doute à un large panel de joueurs, le mode « facile » étant convenablement accessible, tandis que le « normal » pose déjà les bases d’une expérience qui demande une bonne dose de maitrise. Au-delà, ça chauffe sérieusement. Earthion permet toutefois à tout le monde de pouvoir se frotter aux niveaux de difficulté les plus élevés avec l’espoir d’y survivre : en terminant les huit niveaux, on débloque un bon vieux mot de passe, à utiliser dans le menu dédié, qui octroie divers bonus de départ pour la prochaine partie (plus de vie, des armes déjà rendues à un certain niveau). Sachant que plus le niveau de complétion de la précédente partie est élevé, plus gros sont le bonus offerts par le mot de passe, on peut donc se lancer, ainsi que le jeu nous y invite, à tester des modes de difficulté plus corsés.

Cette façon d’apporte une petite touche « roguelite » à l’expérience est parfaitement raccord avec l’aspect à la fois clair et addictif d’Earthion. Les commandes sont simples : tir normal d’un côté, tir spécial de l’autre ou les deux en même temps. La demi-douzaine d’armes spéciales (lance-flamme, tir à multidirectionnel, laser puissant, roquettes par exemple) s’obtient en ramassant des items dans les niveaux. On peut transporter deux armes par défaut, trois via une amélioration. Pour ce faire, aussi bien que pour augmenter le niveau de résistance du vaisseau et sa jauge de puissance maximale, il faut ramasser un item spécial, généralement placé en fin de niveau, en sacrifiant pour cela l’une des deux armes spéciales.

Une fois le boss occis, on peut alors améliorer le vaisseau avant de partir en chasse dans le niveau suivant. On a alors le plaisir d’affronter des hordes d’ennemis diversifiées, dans des environnements qui le sont tout autant. On apprécie aussi le système de défense, basé sur un bouclier qui se régénère au fil du temps lorsque l’on n’est pas touché, à la manière d’un FPS. C’est assez peu courant pour le genre du shoot’em up et étonnamment efficace. Côté puissance de feu, on dispose d’une jauge qui se remplit en ramassant les items émeraudes que lâchent les ennemis vaincus. L’accumulation progressive renforce la puissance des armes spéciales et le bonus de score. Mais attention, car prendre des dégâts vient grever aussi cette jauge ! L’imprudence a donc le parfum de la double peine.

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Vous l’avez compris, on a vraiment beaucoup aimé jouer à Earthion. Si l’on est surpris qu’il n’offre pas de système de sauvegarde à la volée ou encore de rewind, options désormais classiques dans ce genre de jeu, on a été agréablement surpris de pouvoir jouer à plusieurs démos qui ont précédé la sortie officielle et surtout au prototype du jeu. C’est un bonus peu courant et très appréciable. A l’inverse, il aurait été intéressant d’ajouter à tout cela quelques bonus visuels, comme des artworks ou des petites vidéos de making of… On se contente toutefois des options de personnalisation de l’affichage et on se plonge sans hésitation au cœur de l’action, porté par le travail audio formidable, une fois encore, de Yūzō Koshiro.

9/10
Au jeu de la création néo-rétro, les développeurs d’Earthion ont réalisé quelque chose qui va au-delà de ce qu’on imaginait. On jurerait que c’est un jeu Mega Drive que l’on a connu voilà trente ans tant Earthion met à profit cet héritage et affiche la volonté féroce de ses développeurs de sublimer sans singer. Amusant, addictif, superbement mis en scène et très beau pour un shoot’em up développé pour la Mega Drive, Earthion a tout d’un indispensable pour les amoureux du genre. On lui pardonne sans doute ses quelques soucis de lisibilité et sa partie bonus qui aurait mérité d’exister au-delà de la présence du prototype du jeu, ajout au demeurant très appréciable.

+

  • Un excellent shoot’em up
  • Mise en scène superbement conduite
  • Graphiquement soigné
  • Bande-son de grande qualité
  • Addictif, amusant, facile à prendre en main
  • Système de password à l’ancienne

-

    • Quelques soucis de lisibilité
    • On aurait aimé plus de bonus

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