Test : F1 2018 sur Xbox One
Fibre de (copie) carbone
Alors que la saison bat son plein et que les transferts des uns et les pépins financiers des autres rendent la prochaine plus excitante que jamais, Codemasters dégaine son F1 avec, c’est désormais une habitude, la régularité d’un moteur allemand. Mais si les instances sportives font des pieds et des mains pour donner du piment aux courses et éviter que la discipline ne finisse par ronronner comme ses monoplaces, l’éditeur anglais a tendance à tomber dans la routine et le prouve avec cette version 2018, qui fait peu d’efforts pour se démarquer de sa devancière. C’est du moins le sentiment de surface, traduit par un habillage et une réalisation qui jouent plus la carte de la retouche que du ravalement. Au vu du niveau de qualité atteint par F1 l’an dernier, cette stagnation n’étonne pas, au moins sur le plan purement technique : le titre officiel est toujours très soigné et le travail effectué sur les éclairages lui donne un côté plus naturel encore. Sans fantaisie aucune, chaque GP s’efforce de coller au plus proche au spectacle donné à voir en weekend de course. Les modélisations sont impeccables, les tracés inattaquables et les 60fps sont tenus quelles que soient les conditions de piste, nombre de voitures et météo compris. Testé sur Xbox One X, le jeu s’y affiche dans une résolution plus confortable et limite au mieux le tearing observé sur One.Difficilement critiquable de ce côté, F1 2018 se montre nettement moins robuste dans les paddocks, avec un habillage qui manque d’inspiration, mais aussi – et c’est surprenant – de soin. Les cinématiques d’avant et après-course, limitées à 30fps (instables) et pleines de tearing, peinent à mettre en valeur la compétition. Insérées sans grande réflexion, les interviews avec la presse proposent des choix qui permettent de mettre en valeur l’équipe, ou au contraire de jouer les solistes en tirant la couverture d’une manière peu crédible, et surtout inutile. Passer pour une ordure n’offre en effet aucun bonus et peut vous brouiller avec X ou Y, alors qu’un team félicité met les bouchées doubles pour pondre des nouveautés intéressantes pour votre monoplace. L’effet global est donc limité, tant sur la forme que sur le fond.Côté carrière, la marge de manœuvre est évidemment réduite pour les Codies, mais on dénote quelques efforts pour rendre l’aventure plus dynamique à court, moyen et long terme. Les évolutions commandées sont plus rapides par exemple, avec un contrepoint majeur : si une nouvelle règle fait son apparition entre deux saisons, le travail fait sur l’aéro ou la motorisation de votre bolide peut se retrouver caduc. Il faut alors décider entre tout donner pour la fin de saison, ou bosser sur l’adaptation aux futures contraintes. En outre, changer de baquet est facilité par l’augmentation en fréquence des fenêtres de transfert, qui plus est rendues plus lisibles via l’ajout de jauges d’intérêt qui permettent d’assurer ses arrières. Plutôt convaincant de ce côté, F1 2018 l’est un poil moins sitôt le weekend de course amorcé, avec une absence d’évolution qui commence à faire tâche. La recette inaugurée en 2016 n’a pas bougé : il est donc toujours possible de « découvrir » le circuit en effectuant des missions (économiser les pneus, le carburant, passer dans les portes) pour les mécanos. Les points récoltés en échange de ces informations débloquent des améliorations pour la tuture, et ainsi de suite. Impeccable pour un nouveau venu, cette formule n’offre au contraire aucune surprise pour le vétéran, dont l’expérience et l’ancienneté sont quelque part punies par de nombreux tours (et chargements) superflus.On le sait, on pinaille : s’il fait un léger surplace, F1 2018 reste une très belle proposition en termes de contenu, tant qualitatif que quantitatif. Carrière, championnat ou épreuves à thème, il y a largement de quoi faire, et ce même pour un titre se prévalant d’une licence officielle. La présence d’anciennes monoplaces et de leurs sonorités autrement emballantes en est la preuve étincelante. En ligne, l’arrivée d’un système de réputation permettant aux vrais gentlemen de rouler sans rejoindre Senna et ses potes au premier virage est un soulagement pour tout le monde – même s’il faudra sans doute attendre quelques semaines pour en vérifier l’efficacité en conditions réelles.Cela étant, c’est évidemment au volant que l’on attend le plus de raisons de rester rivé à sa manette. Et sur ce point, F1 2018 ne déçoit évidemment pas puisqu’il roule dans l’aspiration directe de son prédécesseur. Il n’est donc toujours pas question de simulation, mais d’un compromis permettant de s’offrir les sensations les plus crédibles tout en restant accessible, même avec un pad aux sticks limés entres les pognes. Avec dextérité et concentration, garder la trajectoire en désactivant toutes les aides n’est pas impossible tant le moteur fait preuve de largesses. Pour autant, triompher d’une IA réglée en difficile ou claquer des chronos en ligne sera sans aucun doute réservé aux possesseurs de volants. Avec une bonne roue signée Logitech ou Thrustmaster – voire Fanatec pour les fils à papa – F1 gagne en précision et permet d’attaquer sans retenue, ce qui met encore plus en lumière les limites du modèle de conduite de Codemasters. A mille lieues d’un Assetto ou même de Project Cars 2, le jeu officiel permet de (beaucoup) s’amuser et c’est déjà pas mal. Selon le degré d’exigence du moment, on lui pardonnera donc (ou pas) ses absences en termes de dégradation pneumatique et ses bugs occasionnels. Moins suicidaire que par le passé, l’IA fait ce qu’elle a à faire pour conserver ses acquis, même si cela signifie vous claquer la porte au nez dans une courbe que vous pensiez vôtre. Globalement, c’est assez bien vu et là encore, le niveau de difficulté totalement paramétrable offre de quoi tempérer les ardeurs des uns et des autres, ou au pire rembobiner l’action pour tenter une autre approche. Les nouveautés de cette année tiennent en tout cas à l’apparition du Halo, tellement gênant qu’une option pour en supprimer la barre verticale a été prévue, et surtout la gestion manuelle de l’ERS, qui offre un degré supplémentaire de contrôle à ceux qui le veulent.
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- Compromis arcade/simu au poil
- Gros contenu
- Licence online
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- Peu de nouveautés
- Cinématiques datées
- Enrobage visuel tristounet