Test : F.3.A.R sur Xbox 360
"Blood !" comme dirait Barry
Le destin de la série F.E.A.R. est plutôt insolite. Le premier épisode sorti sur PC puis sur Xbox 360 en 2006 avait créé la sensation en offrant un FPS doté à la fois d’une ambiance surnaturelle pesante et d’un gameplay particulièrement nerveux, le tout au service d’une aventure réellement intense. Les apparitions d’Alma, la fillette à la robe rouge et aux cheveux sales étaient appréhendées tout au long du jeu. Ainsi naquit la réputation de F.E.A.R.. Des années et quelques sorties plus tard, c’est paradoxalement avec une certaine appréhension que le fan de la première heure pose ses mains sur ce troisième épisode. Des stand-alone très moyens et un deuxième épisode bon mais délaissant la peur pour lorgner vers l’action ont suffit à chambouler la série. Et c’est précisément le studio responsable des stand-alone Extraction Point et Perseus Mandate (regroupés sous le nom de F.E.A.R. Files sur Xbox 360), Day 1 studios, qui est aux commandes de ce F.3.A.R.. Le héros est toujours le même mais bénéficie cette fois d’une représentation à l’écran durant les cut-scenes. Après des années sans se montrer et sans prononcer un mot, Point Man révèle un look partageant quelques traits avec Sebastien Chabal mais n’a toujours pas retrouvé sa langue. Mais pourquoi lui donner un visage au bout de tant d’années ? Parce qu’il ne sera pas seul pour traquer Alma et un visage bien connu fera son retour : Paxton Fettel. Oui, c’est bien le méchant du premier épisode, et cette fois-ci il faudra s’associer avec lui pour parvenir au bout de l’aventure. D’où la nécessité de mettre un visage sur l’énigmatique Point Man.
Le but des deux hommes est de retrouver Alma, à laquelle tous deux sont intimement liés. La ville est encore et toujours en proie au chaos celle dont l’apparence est désormais celle d’une adulte en est une fois de plus la cause. La narration n’a jamais été le point fort de F.E.A.R. et ce troisième opus n’arrange rien ; au contraire, l’histoire est on ne peut plus décousue et on aura rapidement l’impression d’avancer sans savoir comment ni pourquoi. Pourtant, avec la participation du réalisateur John Carpenter (derrière New York 1997 entre autres), on imaginait que le scénario allait nous offrir quelque chose de solide. Encore plus que son prédécesseur, F.3.A.R. délaisse la volonté d’oppresser pour une ambiance gore, très gore. Le long de huit chapitres pour environ six heures de jeu seulement, la ville se transforme en un immense bain de sang où les cadavres décapités semblent faire partie des meubles. Dans le feu de l’action, les membres des ennemis volent en éclats au contact des balles, les corps explosent, le sol est rapidement recouvert de sang. Le gore est omniprésent, au point d’éclipser Alma qui n’apparaitra que très rarement et sans parvenir à nous arracher un petit sursaut. Mais cette violence exagérée, ces hectolitres de sang, se révèlent rapidement et étonnamment efficaces en collant parfaitement au gameplay. F.3.A.R. est un first person shooter d’action pure et dure et une fois cette orientation acceptée, le titre de Day 1 Studios prouve qu’il a des atouts à faire valoir.
"Say hello to my little friend !" comme dirait Tony
Même le héros de Scarface ne peut se montrer plus brutal que Point Man en plein nettoyage. Si le nombre d’armes est relativement faible et les mines malheureusement portées disparues, l’arsenal procure un sentiment grisant de puissance. Plus que par le passé, les nombreuses phases au contact de dizaines d’ennemis sont nerveuses et tranchent totalement avec ces quelques moments de solitude dans le noir. Une fois quelques cibles éliminées, on passe du statut de proie à celui de prédateur, sentiment s’accentuant durant les phases aux commandes d’armures de combat surpuissantes, poussant un peu plus F.3.A.R. dans le camp des FPS à l’action débridée. Du coup, on aura vite fait de ne pas utiliser la possibilité de se mettre à couvert, nouvelle option d’approche de cet épisode s’ajoutant au traditionnel ralenti. Cette fonctionnalité – en plus de baisser le rythme de l’action – se révèle rapidement inutile face à une intelligence artificielle agressive qui n’hésitera pas à venir déloger le joueur planqué. Même si elle accuse son âge et ne surprend plus, l’intelligence artificielle de F.3.A.R. n’en demeure pas moins efficace. Alors pour s’en débarrasser encore plus rapidement, cet épisode introduit une nouveauté majeure : la coopération. Le deuxième joueur incarne Paxton Fettel et peut prendre possession des corps ennemis et de leurs armes, les maintenir à distance et les faire éclater en morceaux (il pourra aussi être joué en solo une fois un niveau terminé avec Point Man). La coopération prend alors tout son sens, chacun utilisant ses propres capacités pour faciliter le travail de l’autre. Avec ce mode de jeu, on ressent la volonté des développeurs d’offrir de l’action au détriment de l’ambiance d’origine. Un choix contestable d’un point de vue traditionnel, mais finalement pas désagréable.
Jeu solo comme coopération intègrent d’autres changements, comme la disparition des medikits au profit d’une récupération à couvert. Egalement, pour bien booster l’action et l’aspect coopératif, F.3.A.R. introduit un système de scoring basé sur la précision des tirs, les morts au corps à corps, l’utilisation du ralenti et bien d’autres choses encore. Ce score a son importance car il influera directement sur la fin du jeu et permet de faire évoluer son personnage (chargeurs plus grands, ralenti plus long, etc…). Tout est donc propice à l’action et ce n’est pas le mode multijoueur qui attestera du contraire. Jouables à quatre, les modes de jeu proposent une épreuve de survie baptisée "Contractions" comparable au mode zombie de Call of Duty ainsi qu’un mode de course à la collecte d’âmes dans la peau d’un spectre (Roi des âmes). Deux autres modes sont disponibles en téléchargement (gratuit avec le code fourni) : un premier basé sur la rapidité à tuer pour fuir la mort à nos trousses et le suivant, baptisé "Ame rescapée", force les joueurs à combattre l’intelligence artificielle jusqu’à ce qu’un membre soit changé en spectre par Alma ; dès lors celui-ci devra s’attaquer à ses anciens camarades. Quel que soit le type de jeu, il sera parfois hanté par Alma qui infligera un malus au joueur qui osera la regarder. Sympathiques un petit moment (Contractions est très amusant avec les bonnes personnes), ces modes souffrent d’un manque flagrant de cartes disponibles. Pas plus de trois pour chaque type de jeu… Ils auront vite fait d’être mis de côté pour revenir encore vers l’aventure principale, histoire de scorer pour peu que l’on aime ça et se refaire des niveaux qui, visuellement parlant, font dans l’éclectisme.
On oscille entre passages de nuit ou en intérieur assez classiques à une ruée très surprenante dans un bidonville en plein jour ou a dos de mécha le long d’un pont. Certains passages et leurs ennemis rappelleront sans doute à de nombreux joueurs Condemned, lorsque des fous se ruent sur le héros avec des armes de fortune pour lui faire la peau. Techniquement F.3.A.R. est honnête avec des graphismes qui n’arrachent pas la rétine mais assurent tout de même l’essentiel (leur variété compense leur rendu), aidés par un framerate stable en toutes circonstances. Le titre se veut très linéaire et globalement très accessible au niveau de difficulté par défaut (en dépit de quelques passages parfois tendus). Les vétérans du genre devront lorgner sans retenue vers les modes difficiles pour trouver un peu de challenge. F.3.A.R. reste cependant dans la tradition de ses ainés d’un point de vue sonore. Bruitages comme dialogues retranscrivent bien l’ambiance glauque du titre en dépit de ce scénario qui n’en est pas vraiment un et on notera quand même un certain manque de finition. Il est toujours surprenant qu’un jeu en version française conserve des cinématiques en version originale sous-titrée, ce qui créé quelques cassures dans la progression des dialogues. Mais dans un jeu où les balles partent plus vite que les mots, l’essentiel est ailleurs.
+
- Gameplay brutal
- Ambiance sonore au poil
- La coopération étonnamment plaisante
-
- Un peu court
- Narration à la rue
- Où est F.E.A.R. ?