Jeux

Far Cry New Dawn

FPS | Edité par Ubisoft | Développé par Ubisoft Montreal

6/10
One : 15 February 2019
22.02.2019 à 18h31 par - Rédacteur

Test : Far Cry New Dawn sur Xbox One

C’est une jolie paire que vous avez là !

Entre deux épisodes canoniques, Far Cry semble avoir pris pour habitude celle de s’offrir une petite virée vers « l’encore moins probable » que ce qu’il propose d’ordinaire. Blood Dragon, Primal et maintenant New Dawn : la chasse aux tyrans mégalos ne connait décidément aucune frontière et lorgne cette fois du côté du post-apocalyptique. Welcome again dans le Montana, là où même la colère du bon dieu ne saurait mettre à mal les bonnes vieilles traditions et les mauvaises habitudes.

Si vous avez jeté un œil aux diverses présentations de Far Cry New Dawn, vous avez certainement une idée assez précise de la façon dont s’est constitué le cadre post-apocalyptique de ce nouvel épisode. Néanmoins, si vous avez toujours à cœur de préserver la surprise quand viendra le jour où vous atteindrez la conclusion de Far Cry 5, vous êtes invités à sauter jusqu’au prochain paragraphe. Car c’est bel et bien dans ce même Montana qui fut le théâtre de la folie -pas si anodine- de John Seed que s’ouvre Far Cry New Dawn. Presque dix-huit ans ont passé depuis que les bombes se sont abattues sur les montagnes et les vertes vallées de Hope County. Alors, nombreux sont ceux qui se sont demandé, prostrés pendant six ans dans des abris, s’il pouvait y avoir encore de l’espoir. Jusqu’au jour où il a été possible d’ouvrir la trappe pour se rendre compte que, certes boitillante, la nature avait commencé à reprendre ses droits, qu’il était redevenu possible pour les survivants de sentir sur leur visage la chaleur du soleil. A la verdure des forêts se mêle désormais une profusion de fleurs roses dans les zone un peu plus arides (le genre de pousses que l’on trouve dans certaines zones désertiques, sablonneuses) ; les animaux sont là eux-aussi, même si certains semblent avoir été plus durement frappés par l’hiver atomique que d’autres.

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C’est un univers dont jaillit un certain aspect bucolique en dépit de la désolation qui fut son berceau. Les humains ont reconstruit de nouvelles petites poches de civilisation. Un homme est d’ailleurs connu pour sa capacité à orchestrer d’une main de maitre la reconstruction de villages à l’Ouest des Etats-Unis ; c’est justement en l’accompagnant vers Hope County que vous (homme ou femme, au choix) allez faire la rencontre du problème à tout cet espoir, du double grain de sable dans la chaussure qui commence par gêner et qui finit par blesser plus que de raison. A la tête des Ravageurs, un groupe de malfrats « madmaxiens » adeptes du complet Fox, une paire de jumelles nommées Mickey et Lou mène un assaut perpétuel contre les enclaves pacifiques du coin… Et envers tous ceux qui voudraient les aider. Mais en dépit d’une grande énergie dépensée pour stopper le convoi qui vous mène vous et votre équipe à Hope County, les jumelles ne parviennent pas à vous faire la peau. Sauvé in extremis de la mort et ramené dans la petite enclave de Prosperity, vous voilà fin prêt à nettoyer la région de la plus petite des racailles jusqu’au duo maléfique. Far Cry represent.

Oui, on commence à connaitre la formule mêlant peuplade en détresse, héros « one man army » mutique et psychopathe pas toujours très convaincant. Et même en multipliant ce dernier élément par deux, Ubisoft peine à provoquer autre chose qu’un vague sentiment de désintérêt pour Mickey et Lou. Si d’ordinaire les ficelles de la personnalité des antagonistes sont grosses, on a carrément droit cette fois à du câblage renforcé. Les punchlines tombent à l’eau les unes après les autres dans un océan de poncifs à la limite du manque de respect intellectuel. Difficile dans ces conditions de se passionner pour le scénario de Far Cry New Dawn, même si l’on peut porter à son crédit une poignée d’autres personnages un peu plus travaillés, notamment le principal revenant qui semble avoir trouvé ici l’étincelle qui lui faisait défaut dans Far Cry 5. Mais comme dans tout bon Far Cry qui se respecte, on se laisse tranquillement porter façon film pop-corn par le fil des événements, pourvu qu’il procure ce que l’on attend de lui : de la liberté, de l’action et encore de l’action.

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En faisant le choix d’un cadre post-apocalyptique, Far Cry New Dawn commence déjà – c’est une bonne chose- par se libérer du manque de cohérence, de crédibilité qui nous avait gêné dans le cinquième épisode. Véhicules de fortune aux moteurs rugissants, ennemis crasseux et dégoulinant de rose que l’on se plait à dégommer au lance-disques, à la baïonnette montée sur un AK-47 ou à l’arc, le tout dans un monde qui a gagné en dynamisme ce qu’il a concédé en surface : on se sent tout de suite beaucoup plus à l’aise avec ce grand n’importe quoi. La carte a donc considérablement revu à la baisse sa taille (de plus de moitié) mais offre un mix intelligent entre plaines et montagnes directement tirées de Far Cry 5. Vous reconnaitrez d’ailleurs plusieurs lieux emblématiques, même s’ils ont pris un sérieux coup dans l’aile. On traine alors beaucoup moins dans des zones sans intérêt, on tombe rapidement sur une cache de ressources à explorer, un campement ennemi à prendre, une mission annexe visant à recruter un coéquipier spécialisé (sur le même principe que Far Cry 5), voire carrément un objectif principal. Il est en effet question d’une part d’enrôler des « experts » et d’autre part, de faire main basse sur les réserves de carburant stockées dans la plupart du côté des campements ennemis. Tout cela dans le but d’améliorer Prosperity et de fait, la capacité du héros à venir à bout des deux vilaines. Avec ces objectifs multiples, on se retrouve alors la plupart du temps à faire quelque chose d’utile pour la suite.

Si bien des choses demeurent similaires aux précédents épisodes, pour le barbant mais parfois aussi pour le meilleur (un quelque chose de Far Cry Instinct Predator ressurgira à un moment), Far Cry New Dawn bouge là où on ne l’attendait pas forcément en étoffant son principe de progression. Le système de compétences à débloquer à coups de points est toujours de la partie ; il bénéficie d’ailleurs de l’augmentation générale du rythme au regard de Far Cry 5 et on ne sent pas vraiment contraint de grinder pour débloquer de nouvelles capacités. En revanche, il faudra plus que jamais ramasser, amasser des objets et autres plantes pour concevoir un équipement digne de ce nom. C’est primordial, parce que dans New Dawn, les ennemis se classent selon quatre niveaux de dangerosité, ce qui rend non seulement certaines sorties dangereuses mais conditionne surtout la probabilité de parvenir à réussir une mission principale, dont la difficulté est fixe, peu importe le niveau d’équipement du joueur. N’espérez même pas dégommer certains soldats de niveau 3 avec de l’équipement de niveau 1. Il faut donc des ressources, mais surtout des installations permettant de fabriquer du matériel de qualité adéquate. Et pour améliorer ces installations dédiées à l’armement, objets de soin, explosifs, cartographie ou encore au niveau général des équipiers, il faut du carburant, lequel est disponible en braquant des camions mais, comme déjà évoqué, accessible essentiellement en prenant le contrôle des campements ennemis.

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Vous voyez donc comment se construit la boucle qui fait le choix pas forcément vertueux de rendre le secondaire finalement indispensable. Pour peu que l’on soit passablement lassé du système de prise de campements ennemis qui dure depuis bien des années, il faut malgré tout trouver le courage de s’y adonner ou à défaut, s’y soustraire une bonne dizaine de fois. C’est qu’il est maintenant possible, dans un campement sous contrôle, d’en tirer un bonus de ressources supplémentaire en le pillant, provoquant de fait son abandon et le retour des ennemis aux commandes… Avec plus de moyens. Le prise de possession se joue ainsi sur trois strates, particulièrement corsées sur la fin avec des ennemis au niveau maximum, des alarmes qui se multiplient et finalement pas beaucoup plus d’aide qu’au début. Parce que si l’amélioration des armes se ressent fortement, celle des équipiers ne change pas grand-chose : ce sont de sombres bons à rien. A part pour la drôle de sniper, plutôt efficace tant que l’on opère à couvert, rien ne justifie vraiment le recours à un binôme géré par l’IA qui n’a d’intelligente que le nom. Il faut dire que les ennemis ne sont pas non plus des génies mais ils compensent leur bêtise par une dangerosité certaine dès qu’ils sont en groupe et par une incroyable capacité à ne jamais vous perdre de vue une fois qu’ils vous ont repéré.

Mais même si cette petite répétition agace, même si les combats ne sont pas les plus nerveux que l’on ait connu dans un FPS proposant cependant ce qu’il faut pour le choix des armes (le corps à corps vient en revanche carrément d’une autre époque), on ne boude pas forcément notre plaisir durant la douzaine d’heure que dure le périple, plus si l’on est du genre à tout fouiller, à jouer en coopération en ligne ou à tenter de mener à bien tous les objectifs de chasse, de pèche et les toutes nouvelles expéditions. Ces missions spéciales nous emmènent alors en dehors de la map principale, dans divers lieux des Etats-Unis tels d’un porte-avions échoué en Floride ou sur l’ile d’Alcatraz. Récupérer le paquet dans ces zones offre ainsi une opportunité bienvenue de changer d’air et de prendre une dose supplémentaire de challenge. Sans être foncièrement difficile, Far Cry New Dawn offre tout de même une certaine opposition, notamment dans son dernier rush pour un affrontement particulièrement tendu.

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A l’issue de l’aventure, l’appréciation dépendra finalement de votre degré de tolérance vis-à-vis d’une formule qui commence tout de même à tourner en rond, en dépit du cadre original proposé ici. Néanmoins, nous tomberons probablement tous d’accord pour dire que d’un point de vue technique, Ubisoft Montreal réalise une nouvelle fois une très belle performance. Testé ici avec une Xbox One X branchée sur un écran 1080p, New Dawn est un régal visuel malgré les quelques petites fautes de goût rosâtres et tourne comme un charme au plus fort de l’action. On note simplement quelques petits bugs sonores dans les véhicules (crissements impromptus, bruits de tôle alors que l’on roule sur un plat parfait), dans un ensemble musical discret et des doublages français à la hauteur.

6/10
A vouloir récupérer comme cela les bases de Far Cry 5 – lui-même piochant allégrement chez ses prédécesseurs- il y avait matière à se prendre les pieds dans le tapis pour Ubisoft Montreal et son Far Cry New Dawn. Si l’on ne peut décemment pas déclarer la mission totalement réussie, il y a du bon dans ce nouvel épisode, à commencer par une reformulation de l’aire de jeu et du système de progression qui confèrent à New Dawn une durée certes plus courte, mais un gain de rythme conséquent et appréciable. En dépit d’une IA apocalyptique et d’un scénario encore moins passionnant que par le passé, Far Cry New Dawn constitue un bon divertissement, très bien réalisé, à destination des amateurs de FPS qui peuvent encore résister à certaines mécaniques de jeu qui ont fait leur temps.

+

  • Réalisation maitrisée
  • Mieux rythmé que ses prédécesseurs
  • Missions « d’expédition » intéressantes
  • Difficulté calibrée juste comme il faut
  • Système de progression étoffé

-

    • IA bancale
    • Le retour des vieilles routines (campements)
    • Scénario peu passionnant
    • Duo de vilaines à côté de la plaque
    • Plus vite expédié que ses prédécesseurs