Test : FIFA 19 sur Xbox One
Tête d’Umtiti dans ton FUT
C’est sans doute le clap de fin pour Alex et Kim Hunter et le bro Danny Williams. Si les deux garçons vont s’affronter pour repartir avec la coupe aux grandes oreilles, la sœur d’Alex tentera quant à elle de se faire une place dans le Team USA, en quête de la Coupe du Monde féminine. Côté scénario, pas de surprises : le jeu reprend les choix que vous aviez fait depuis FIFA 17 – si vous aviez fait une entorse PlayStation entre temps, pas de bol – et calque son intrigue sur les références du 7ème art que peuvent être Goal, Goal 2 ou encore Goal 3. Entre jalousies, melonnite aiguë et dramas familiaux, ça ne vole pas haut mais l’affaire reste divertissante. Le déroulement reste basique, avec des séances d’entrainement et des matchs qui s’enchaînent, le jeu vous suggérant de passer d’un personnage à l’autre lorsqu’un évènement majeur est susceptible d’intervenir. S’il est évidemment difficile de reprocher à cette troisième partie des choix faits il y a déjà bien longtemps, on aurait aimé que cette histoire soit plus didactique, mais aussi plus souple. Quoi de plus saoulant que de ne pas arriver à accomplir ses objectifs lors d’un match quand le coach vous les assigne à la 50ème, vous demandant de marquer 2 fois et ne faisant pas grand cas de votre quadruplé en première mi-temps. Rien de méchant mais si EA compte poursuivre sur cette lancée, on aimerait que cette partie s’intéresse autant (voire davantage) au jeu qu’à un scénario qui aura quoi qu’il en soit du mal à s’extirper de la série B.
Très accessoire dans le fond, ce mode s’efface bien vite des tablettes, laissant la place à des offres solo, multi et online toujours extrêmement robustes. Si la carrière en fera toujours rager quelques-uns à cause de bugs ou d’errances d’ergonomie – un souci moins prégnant qu’autrefois sur l’interface dans son ensemble, plus facile à manipuler – l’expérience reste très satisfaisante pour les individualistes, qui peuvent profiter d’une belle intégration de la Ligue des Champions. Et ce sans surfacturation foireuse ni stream dégueulasse, n’est-ce-pas SFR ? Les patates de divan seront quant à elles ravies de l’enrichissement du match classique, qui récupère des options de BO (3 ou 5) et des variantes plus ou moins rigolotes qui ont le mérite de pimenter encore plus les oppositions entre futur-ex potes. En ligne, les propositions habituelles de la série sont au rendez-vous, avec les accentuations que l’on ne valide pas forcément, mais auxquelles on s’attendait. Le mode Club Pro est en retrait, la promesse d’un 11v11 n’ayant jamais réellement décollé. Et si les divisions sont encore là pour tenter d’offrir un challenge grandissant aux petits malins qui trouveront vite les effectifs les plus pétés, c’est l’Ultimate Team qui conserve la part du lion avec une fluidité améliorée en termes de navigation. S’il se veut plus précis et plus juste en termes de matchmaking, FUT reste malheureusement un Pay to Win brutal, le ratio skill / valeur de l’effectif penchant de plus en plus vers le second paramètre. Et pas de miracle : s’il est évidemment possible de faire quelques bonnes affaires sans débourser le moindre euro, les meilleurs joueurs coûtent une véritable fortune et restent donc inaccessible aux forçats du pad. La solution la plus évidente ? Le passage à la caisse bien sûr, avec des packs de cartes à l’ouverture on ne peut plus ludique et aux taux de drop scandaleusement bas. Conçu pour forcer les mains les plus faibles à dépenser toujours plus dans l’espoir de packer un joueur fumé, FUT continue d’avantager les plus riches, qui feront main basse sur les plus hautes divisions – au grand dam de certains pros, contraints d’exploser leur budget pour subsister au top niveau. On aimerait voir FIFA se séparer de cette immonde excroissance pour en faire la chasseuse de baleines F2P qu’elle est réellement. En attendant, on se contentera de dire que c’est de l’arnaque et qu’il ne faut pas y toucher, pour l’amour de vos nerfs et de votre banquier.
Côté terrain, FIFA 19 souffle un chaud et froid continuel, comme une clim’ déréglée. Pour chaque réussite héritée d’une époque révolue, il faut composer avec un nouveau parti pris vérolé, une amélioration attendue mais oubliée par des développeurs qui tendent à retomber dans le piège de la première moitié 2000. Alors qu’il avait consenti une refonte impressionnante pour contrer PES en 2008, FIFA est de retour avec sa manie des systèmes et pièces rapportées. Ce qui se gérait au ressenti, dans un feeling qui laissait la place à la vista et au flair, est de plus en plus soumis à des jauges, icones et statistiques aux fonctionnements cryptiques. L’ajout d’un nouveau système de tir (abusé par tous pour des frappes de mule téléguidées) était-elle nécessaire ? Pas plus, à nos yeux, que celle l’an passé de ces corners immondes qui font encore loi. D’un jeu de foot relativement posé et instinctif, FIFA est devenu une sorte de jeu d’échecs survolté dans lequel les apparences sont systématiquement trompeuses, et auquel on ne peut finalement que trop rarement se fier. Retravaillées d’année en année et d’un patch à l’autre parce que finalement jamais satisfaisantes, les composantes du jeu de balle au pied laissent une fois de plus la place aux exploits et aux abus de ceux qui, les premiers, vont décoder la faiblesse du nouvel équilibrage.
Pour apprécier ce nouveau FIFA, il faut donc en tolérer les paradoxes. Taillé pour un toujours plus grand public, le jeu prône une contre-attaque permanente facilitée par des placements indigents de la part des joueurs qui ne sont pas directement concernés par l’action. C’est ainsi que quels que soient ses choix tactiques – intéressants et fonctionnels en matière de circulation de balle offensive – les joueurs continuent quoi qu’il arrive à s’agglutiner au niveau des défenseurs adverses, laissant de moins en moins d’option au porteur de balle qui tarderait à déclencher un mouvement final. Les défenseurs restant très sagement éloignés de leur attaquant dans ces situations, le moindre dégagement tombe sur une cible isolée qui peut facilement donner à ses compères de contre l’occasion de planter une banderille dont on se serait bien passée. Ping pong plus que tiki taka, FIFA 19 tente tout de même de rééquilibrer ce phénomène, notamment en donnant un peu plus de peps aux défenses. Si l’on assiste toujours à beaucoup trop d’hésitations coupables et de courses coupées sans raison, les tourelles défensives parviennent bien souvent à mettre le pied là où il faut – voire, en dépit de votre passivité, à improviser un tacle glissé en pleine surface pour éteindre un départ de feu. C’est d’ailleurs toujours la fête du slip au niveau du pressing automatique, qui fait l’essentiel du boulot pendant que le joueur se concentre sur l’interception décisive et/ou la contre-attaque.
Légèrement revue, la physique de balle reste globalement irrégulière. Très convaincante sur certaines frappes sèches, douteuse sur pas mal de rebonds, de moins en moins naturelle lorsqu’elle accommode une passe pourtant risquée en passant à travers un pied adverse. C’est dans l’ensemble très correct, mais l’impression que réussir ou échouer une action tient d’avantage au contexte et à ce que permet le moteur plutôt qu’à la qualité du mouvement reste présente quoi qu’il arrive. Il suffit de voir les fusées que sont Mbappé, Cuadrado ou d’autres être rattrapés en deux secondes par certaines charrues, ou de voir les meilleurs manieurs de gonfle bégayer leur contrôle sur des transmissions parfaites pour s’en apercevoir : que vous sentiez le football en tant que jeu ou pas importe peu par rapport à la manière dont le jeu est conçu. Le récent patch limitant le nombre invraisemblable de retournés acrobatiques en est témoin. Avec ses élans inexplicablement perdus, ses cafouillages dignes d’une D4 sur les plus grandes pelouses d’Europe, ses remontadas horripilantes aux moments les plus décisifs et bien d’autres phénomènes lissant les écarts de skill et limitant de facto les grosses branlées, FIFA 19 reste dans la droite lignée de ses prédécesseurs.
On conclura cette critique avec un mot sur la technique, inattaquable lorsqu’il s’agit de mettre en valeur les joueurs les plus connus des cinq continents. S’il ne parvient évidemment pas à suivre les fantaisies capillaires de certaines stars du foot, FIFA 19 leur offre une représentation parfois bluffante. Les stades sont logés à la même enseigne, avec un surplus d’ambiance pour des enceintes anglaises que l’on imagine parfois plus bruyantes et enjouées qu’elles ne le sont en vérité. Comme toujours, FIFA s’en tire un peu moins bien avec les joueurs moins connus (et ceux qui ont raté le shooting photo), qui doivent se contenter de modélisations un peu médiocres. En revanche, les commentaires signés Hervé Mathoux et Pierre Ménès n’ont que peu évolué et restent donc absolument affreux, le premier montant dans les tours sans motifs quand le second s’oublie en anecdotes de comptoir et autres hot takes convenues dont on se passerait bien.
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- Des licences partout…
- Très joli, dans l'ensemble
- Accessible, globalement
- Une tonne de contenu
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- Quelques équipes manquent
- Ce n'est plus vraiment du football
- FUT, l'enfer du Pay to Win
- Pierre Ménès